• Et encore, la vie s’offre en cadeau.

    La semaine dernière, j'évoquais ces quelques jours riches et généreux. Ils m'avaient rempli l'âme et le cœur pour la longue durée, je ne demandais rien de plus, satisfaite de ce cadeau.  Aujourd'hui, je me régale de ce que j'ai eu à nouveau ces derniers jours car oui, merveilleuse et généreuse, la vie me comble quand je ne lui demande rien, béate que je suis de la joie de vivre pleinement.


    Par le Gi gong, j'ai rencontré des personnes très intéressantes, ouvertes sur des ailleurs à la matérialité si répandue en ces contrées frontalières de la Suisse. Ainsi, Yol et Miche m'ont offert le covoiturage hebdomadaire et ces quelques minutes d'aller et venue nous ont  permis de discuter, de se connaître, étrangement.

    Yol a quitté son emploi depuis plusieurs mois pour se retrouver, renonçant à sa rentrée d'argent confortable. Avec son mari, ils font face à tout ce qu'ils n'ont pas voulu voir de leur vie et ensemble, ils cheminent. Méditation et Qi Gong sont pratiqués régulièrement dans cette vague d'intériorité.  J'avais été agréablement surprise d'entendre leurs paroles sur leur rapport au monde,  la quête hors de l'appât du gain et de la possession matérielle. Ils sont si discrets, sans recherche de paraître ou de la valorisation narcissique publique ; ils sont simples. Je me surpris ainsi à réaliser que je me réjouissais de les retrouver chaque semaine.

    Par un concours de circonstances, il me fut proposé de participer à un groupe de communication non violente (cnv). L'aubaine était trop belle et ce fut avec entrain et curiosité que je me rendis à la première réunion.

    C'était il y a environ un mois, chez Nad. Je croisai les participantes ; les hommes ont, semble t-il, plus de mal à se laisser porter par ce genre d'activités. Je reçus quelques papiers avec des notions de base et j'observai ce qui se jouait autour de moi, soufflée par la capacité de Yol à être dans le ressenti et l'empathie. Des jeux de rôle se mirent en place et je restai en retrait ne sachant absolument pas de quoi il retournait. Je notai le prochain rendez- vous et ne doutai pas de ma participation.

    Nous nous retrouvâmes ce samedi chez Sim, à trois. Certaines avaient des obligations, Nad était malade. Je la vis néanmoins quelques minutes avant de rejoindre le lieu de rendez- vous avec Yol et je fus emballée de découvrir qu'elle connaissait Pierre Rahbi, un grand monsieur dont je parlerai ultérieurement. Coïncidence de ces trouvailles aléatoires, je change à l'intérieur, mon rapport au monde change et ceux qui je ne pouvais rencontrer avant viennent à moi, naturellement ; l'autre n'est qu'un reflet de soi, oui, d'écho en résonance. Comité restreint donc ce samedi là.  A propos d'une situation vécue au travail par Sim, je m'exprimai, portée non par mes structures et constructions mentales mais bien par mon intuition, mon ressenti. Et là, à ma grande surprise, je m'entendis parler et exprimer un ressenti profond. Je ne pouvais dire « je »  en son nom mais j'étais connectée à ce que ressentait au creux de lui- même cet homme avec qui Sim était en conflit. Je fus pareillement surprise par le visage de Sim se relâchant quand je formulai une phrase au regard de sa situation dans cette relation pénible. Au creux de moi s'opérait une ouverture formidable.

    Pudique, je n'ai pu dire ce que je vis avec certains, cependant, ces quelques expériences déjà portent leur fruits, je prends conscience de mes capacités à dénouer les tensions, j'ouvre les yeux sur les échanges quotidiens. Des résultats évidents se propagent notamment avec mon garçon, nous libérant mutuellement de travers malsains dont nous étions prisonniers. Grâce à un simple petit film prêté par Yol qu'il ne voulait pourtant pas regarder, j'ai vu mon fiston se libérer et lâcher dans un éclat de rire ce qu'il n'arrivait pas à mettre en mot. La plénitude que je vis en ces instants n'a aucun prix.

    Évidemment, les conflits en soi ne sont pas malsains, ils permettent d'évacuer, de ne pas refouler salement conduisant ainsi à une frustration malsaine et destructrice. Ce qui importe est ce que nous faisons des conflits. Les petits poisons du quotidien provoquent des drames où un prétexte anodin vient remettre sur le tapis un vieux débat non résolu. En éclatant, nous humains ne cherchons- nous pas simplement à le résoudre ? Ne voulons- nous pas trouver du sens ? Ne voulons - nous pas simplement être reconnus dans nos émotions, nos ressentis, nos êtres, trouver notre place parmi les autres ? J'entre sur une voie passionnante inhérente à mon cheminement interne que la maladie a complètement bouleversé. Je suis en métamorphose, je m'envole, je suis ENFIN vivante pleinement.


    Là-dessus, samedi soir, je retrouvai Marina au restaurant où elle invitait pour son anniversaire. Grande tablée multilingue où volaient du russe, de l'anglais, du suisse allemand, du français entre des plats savoureux et des vins précieux dont je me régalai. J'ai même pris une gorgée d'eau- de- vie à la grande surprise de ma mère qui n'en  crut pas ses oreilles quand je le lui dis le lendemain. Pourtant, assise à côté de Marina, j'ai passé une merveilleuse soirée, baignée de sa générosité et de son grand cœur. En bonne russe, elle a la descente facile entre lever de verre à tout prétexte et joie d'être entourée. Nous avons beaucoup discuté et malgré la barrière de nos langues respectives hésitantes, jonglant entre trois ou quatre, il y eut surtout des embrassades chaleureuses et sincères. Je vis avec elle une véritable communion d'âmes, Marina est une personne rare et extraordinaire, je suis reconnaissante de l'avoir rencontrée, merci la vie.


    Le lendemain, j'avais pensé visiter ma mère et ma sœur pour fêter l'anniversaire de cette dernière ; comme elle était malade, le projet tomba à l'eau. Toutefois, ce fut avec une grande joie que j'accueillis mon amie Magali et ses enfants. La veille, elle avait laissé un message me proposant de venir ce dimanche et j'acceptai avec enchantement. Les enfants ont joué avec Etienne qui se révèle attentionné et prévenant avec les plus petits que lui, chaleureux et enjoué pour leur plus grand bonheur. Je bus du thé avec elle en grignotant quelques petits biscuits, nous nous promenâmes également avec les petits, excités et nous parlâmes, nous parlâmes.

     Elle chemine, je chemine, nous cheminons et depuis dix- huit ans, nos voies se croisent, s'entrecroisent. Nous nous accompagnons, nous nous regardons de près et de loin, jamais lointaines dans nos pensées. Nos vies sont complètement différentes et pourtant, je nous sens en parallèle, dans la même quête de soi et de sa richesse intérieure. Elle est une amie sincère, véritable, fidèle et bien que parfois nos travers inconscients nous heurtent et nous percutent, la constance reste vierge de toute rancœur ou ressentiments amers. Je sais qu'elle comprend parce qu'elle aussi chemine ardemment et vaillamment malgré  les égarements et les doutes.


    Lorsque je m'engage dans un changement interne profond, qu'en mon cœur j'évolue, je regarde le monde autrement et tout est transformé. L'attente disparaît et l'inatteignable d'autrefois vient tranquillement sans être demandé. Je me réjouis de la beauté de ceux qui sont là depuis longtemps et je me régale de ce que de nouveaux m'apportent. Rien pourtant n'a changé. 

    Je me souviens de ces jours passés dans les méandres de mon être à courir après des chimères, comme si c'était tellement loin de ce que je suis désormais. En cela aussi, la maladie est un cadeau car le corps inlassablement me ramène à l'essentiel. Sans cette initiation par la proximité de la mort, avec mes anciens fonctionnements, je 'ne pourrais vivre ces moments je ne serais pas tant dans la joie d'être là, au milieu de tant de bienfaits. Je me penche à l'intérieur et je vois la foule qui m'y accompagne ; j'y vois surtout moi sans qui cette foule n'aurait aucun sens.

    Je chemine, je chemine et quand je n'attends rien, ce qui est bon pour moi me parvient non par un coup du destin mais parce que désormais, je suis capable de l'accueillir.



    « Qui ne tente rien n’a rien.Possibilités des papiers peints »

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  • Commentaires

    1
    Je transfère
    Dimanche 11 Août 2013 à 20:46

    Commentaires

    :-)
    J'ai lu un bouquin sur la communication non violente, ça m'a beaucoup apporté...
    Comme tu dis dans ta dernière phrase, l'essentiel est d'être capable d'accueillir, car tout est déjà là... Il n'y a que nous qui nous freinons, et il n'y a donc que nous qui pouvons parcourir le chemin...
    Commentaire n°1 posté par Coq le 09/03/2009 à 17h58
    Et quel parcours!
    Je n'arrête pas de penser à ton penchant dépressiif ou angoissé.. et ce matin, je me suis permise de penser qu'au regard de tes choix de vie, je te mettrais plutôt dans la catégorie dépressif parce que tu fais des trucs qui remuent et sont "instables" dans la mesure où ils remettent en question et font sortir de soi ( je pense au théatre notamment).
    Un angoissé aurait un travail avec train train, refuserait de se remuer les tripes avec du travail  sur soi et aurait épousé un bon "fonctionnaire" au mode de vie confortable et sécurisant, bien du même milieu que lui.
    Qu'est- ce que tu en pênses?
    Réponse de fée des agrumes le 10/03/2009 à 08h43
    Oui peut-être... ou alors j'ai un côté angoissé mais je le combats ;-) En fait j'ai des peurs, des doutes, et une envie de sécurité. Mais la vie est plus forte que tout ça, alors je laisse pas ces peurs prendre le dessus.
    Mais effectivement si j'étais tant angoissée que ça je choisirais un boulot "planplan" et un mari riche et bien français :-P
    Commentaire n°2 posté par coq le 10/03/2009 à 13h08
    Bonjour,
    Vois- tu, il n'est pas question de sensation dans l'instant, il s'agit d'une structure de la personnalité profonde qui nous suit toute la vie; même le travail psychanalytique ne  la change pas, il permet au mieux de vivre avec en conscience pour nous éviter les travers malheureux.
    Par ailleurs, quand on ne sait pas d'où et pourquoi, c'est une angoisse.
    Quand on sait pourquoi ou de quoi, c'est une peur. La première est bloquante et empêche de faire et d'avancer parce que non dite, elle emprisonne. La peur est dite et peut être utilisée comme moteur dans nos luttes quotidiennes.
    Le psychisme et son vocabulaire se sont beaucoup démocratisés; finalement, nous n'en savons pas grand chose surtout entre véritable connaissance psychiatrique et connaissance populaire...
     Ce que je dis est à prendre avec recul parce que je ne suis pas psychiatre
    Réponse de fée des agrumes le 12/03/2009 à 11h05
     
    Une de mes amies est une fan de la CNV et elle va d'ailleurs régulièrement à des stages sur ce thème. Elle m'en parle beaucoup ;-)
    Commentaire n°3 posté par pandora le 10/03/2009 à 20h45
    C'est vrai qu'il y a de quoi se passionner, c'est tellement riche de découvrir par cette technique là, soi, les autres, ...
    Nous vivons tous trop éloignés de nos ressentis véritables et le poison de nos vies ne vient que de nous mêmes.
    Réponse de fée des agrumes le 12/03/2009 à 11h07
     
    Je remarque que souvent les gens partent dans une dispute pour trois fois rien, quand il serait si facile de dire la même chose en exposant calmement son point de vue.
    Ici c'est doux, tendre, calme et détendu...
    Commentaire n°4 posté par Annie le 12/03/2009 à 13h04
    Je travaille sur moi en profondeur.
    Avec certains, ill y a une coopération qui nous fait avancer ensemle.
    D'autres se ferment et réagissent violemment parce qu'ils n'acceptent pas le changement.
    Les contrats inconscients se désagrègent et ils ne peuvent/veulent pas ré inventer une autre realtion.
    Tant pis, désormais, je pense à moi et à ce qui est bon pour moi.
    Leur négativité ne me convient  plus.
    Réponse de fée des agrumes le 13/03/2009 à 13h32
     
    Je fais la girouette en m'abonnant/désabonnant pour la simple raison que lorsque je m'absente, je ne veux pas encombrer ma messagerie et tout trier au retour (je fais pareil pour les autres blogs). Donc là abonnement!
    Commentaire n°5 posté par Annie le 12/03/2009 à 13h08
    A ta guise!
    Merci en tout cas pour ta fidélité et ton blog qui continue
    Réponse de fée des agrumes le 13/03/2009 à 13h33
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