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Chronique alimentaire mensuelle.
J'avais remarqué que les fêtes et leurs rituels d'opulence alimentaire m'avaient quelque peu refroidie et mon aspiration à la simplicité se faisait plus forte. J'en suis au même point en ces périodes de gras; il n'y eut que quelques crêpes que mon fiston tint absolument à préparer lui- même «parce que c'est toujours toi qui fait tout ». Parler de naturalité avec mon amie Delphine, gastronome avertie, me ramena à ces chroniques. Je remets donc le nez dans mes archives de photos histoire de relier ces préparations avec mon état d'esprit.
Je n'ai pas changé de cap général, privilégiant les produits de saison et les préparations simples écolonomiques. Je ne me souviens plus quand j'ai participé aux derniers approvisionnements et je le ressens dans les possibilités de variation. Quand c'est Stéph qui fait les courses, il y a nettement moins de flexibilité puisqu'il n'a pas du tout le même rapport à la nourriture ; forcément, nous appréhendons les courses autrement.
Les salades mêlées de carottes, endives, mâche, scarole parsemées de graines de lin et arrosées d'huiles bio première pression à froid ont été plus rares, à mon grand dépit. Heureusement, un dimanche, une préparation mâche et carottes à l'huile de noisette a régalé mes papilles. La foutue sauce industrielle était encore sur la table ; j'ai beau expliquer qu'il est très simple et rapide de les préparer, rien n'y fait, les bouteilles se suivent invariablement.
Souvent, revient le riz. Je l'aime et quand je n'ai pas envie de travailler en cuisine, j'en cuis une belle casserole. Il existe mille et unes manières de le préparer à partir de toutes sortes, variées en goût : thaï, basmati, complet, rouge, méditerranée, Camargue, rond, allongé, gluant, risotto, pilaf, créole ou à l'asiatique. Je ne m'en lasse pas. Ainsi, il a accompagné moult préparations :
- Blanc avec des épinards en branche, des haricots verts à l'étouffé, de la viande blanche
- Rouge avec chou farci, carottes navets
- Végétarien avec petits pois et chou fleur vapeur douce encore si croquants
- Complet avec des épinards à la crème, un mélange hivernal de carottes, navets et champignons, mâche et dinde cuite tout doucement pour rester onctueuse ou des filets de grenadier aux amandes
- Complet et végétarien avec une délicieuse purée de lentilles corail et des tomates pelées (Miam miam, une découverte à renouveler !!)
- Thaï avec de la dinde émincée au curry et amandes entières ou une côte de porc grillée, de la mâche et du chou chinois sauté.
- Méditerranéen mélangé à des lentilles blondes et des courgettes, fourre- tout de restes en demi portions agrémenté d'ail, d'oignon et d'herbes fraiches.
Tiens, les fourre- tout de restes, je reste maître en la matière avec mes tamagouilles magiques qui bernent (souvent) les difficiles :
- Gratin de pommes terre avec les restes de légumes et de poissons émiettés
- Soupe chinoise avec les restes de la salade (carottes céleri râpés et chou chinois en lamelle) plus des champignons noirs, des oignons, de l'ail et de la coriandre.
- Des galettes où j'ai écrasé les restes de quinoa, de riz et de lentilles rouges, roulées dans la farine de riz et zou, dans la poêle. Mon garçon a fait les gros yeux quand tout avalé, il a su ce qu'il y avait dedans, hihi.
- Les vieilles pommes repoussées parce que fripées ou abîmées sur un coin coupées en petits cubes et revenues dans la poêle avec des amandes effilées, du sucre complet et une lamelle de beurre fondu.
- Les feuilles de brick à la feta et aux épinards accompagnant un rôti orloff, des choux de Bruxelles (une belle cure là aussi ) et le mélange carottes navets dans un seul plat au four. Le jus et les quelques rondelles qui restaient ont fini en bouillon le soir.
- Deux pavés de saumon pour trois coupés en cube et sautés dans la poêle avec des crevettes roses, des brocolis vapeur et du risotto simple.
- Une soupe tomate courgette avec le jus des tomates pelées utilisées pour les pizza maison faites avec le garçon, tout fier de son œuvre. Ai- je besoin de vous expliquer comment nous avons garni notre pâte maison (farines sarrasin, épeautre, maïs) avec trois fois rien et les fond de placard ? je vous laisse imaginer.
- La cocotte d'oignon, haricots rouges, viande hachée, tomates pelées et haricots verts mijotée sur feu doux avalée avec de la polenta pour le plus grand bonheur du fiston qui a chanté son amour des haricots verts ce jour-là, à ma grande surprise.
- De cette cocotte rallongée d'eau, j'ai fait une belle soupe le lendemain. Slurp, j'aime quand les assiettes débordent de boire et de manger.
Il y eut également
- des crêpes garnies à la feta et aux épinards, les orties et l'oseille étant en sommeil pour l'instant,
- un merveilleux pot- au- feu qui me réjouit les papilles à chaque aventure,
- les spaghettis d'épeautre aux champignons façon carbonara.
Faire revenir les champignons de Paris en boite sans leur jus dans une poêle avec de l'ail et de l'oignon, ajoutés les spaghettis cuits à part, puis verser l'appareil jus de la boite, laits de chèvre et de soja, œufs battus. Cuire selon le goût ( humide ou sec) et finir avec du persil plat, du basilic ou une herbe à votre convenance.
- Des cuisses de canard mijotées dans une cocotte avec une boite de tomates pelées, des haricots verts et du piment de Cayenne. - Des cookies maison pour récupérer de vieilles bananes trop mûres pour être mangées à la main. Avec des noix de pécan, du sucre complet, de la farine d'épeautre, des fruits secs en poudre, ils ont pris de la saveur en séchant lentement dans la cuisine au fil des jours, devenant toujours plus croustillants.
La chaleur et la lumière commencent à manquer, les boites de tomates pelées ont eu leur période, nous rapprochant de l'été, ravivant les plats. Les graines germées compensent tant bien que mal mon impulsion vers les semences du printemps que je freine en raison de l'hiver persistant.
J'ai réussi à faire quelques courses de légumes et fruits grâce à ma mère et une escapade matinale, j'ai réussi à faire revenir des légumineuses dans la maison, quelques graines, du millet ou du quinoa, il me tarde de retourner à l'approvisionnement pour retrouver ma palette de produits. Palette ? Oui, finalement, je mets tant de peine à chercher des saveurs que des couleurs, en petites touches impressionnistes ou en traînées de couleur fauvistes. Loin de l'académiste, je danse avec des produits bruts et simples, riches en goût et nutriments afin de générer une alchimie chatouillant le nez et embaumant la bouche.
Croyez- moi, je désespère devant la fadeur et la misère des aliments ingurgités dans les fast- food, qu'ils soient extra ou intra familiaux. Je désespère devant la misère gustative parce qu'une table triste est une vie triste, un plat sans goût est comme une vie sans saveur. Je reste persuadée qu'une alimentation simple et écolonomique est possible, qu'elle peut enchanter le quotidien parce que finalement, comme toute chose, elle n'est que ce qu'on en fait.
Au bout de ma chronique, je m'étonne à nouveau de ma capacité à ensorceler la table, de l'excitation que me procurent ces expériences alimentaires et du bonheur que je ressens en nourrissant tant mon corps que mon esprit et mon âme de cet engagement dans la voie de la simplicité et de la vie.
Vivant, coloré, ouvert, créatif, instantané, curieux, jubilatoire, intense dans l'interne et l'externe, chant d'amour à la vie qui est offerte malgré le désespoir latent, les crises, l'incompréhension, les égoïsmes et les souffrances, malgré l'incommensurable terreur du temps qui passe trop vite ...
C'est mon ensorcellement du monde, unique, éphémère, irrationnel et partial. Rien d'exceptionnel, seulement fondamentalement humain.
Tags : , restes, tomate, carottes, complet
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Commentaires
Commentaires
Un jour, je me lancerai dans la préparation, c'est sûr!
ça m'fait tout plaisir.
il parait que je suis comme les musulmans méditéranéens.
Ca me donnerait presque envie de me mettre à la cuisine ;-)
En plus, c'est très simple de se préparer des petits plats délicieux écolonomiques.