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Cafard.
Il y a des tonnes de trucs à raconter sur mes péripéties des derniers mois mais franchement, je n'en ai aucune envie. Je passe par ma phase cafard.
Chaque journée est un cadeau, chacune de mes péripéties un émerveillement parce que je me suis sentie mourir en 2006 et que j'ai la volonté de vivre pleinement le temps qui m'est donné, j'y vais à fond bravant les événements sans crainte avec force, conviction et une énergie qui m'étonnent moi- même... et, de temps en temps, il y a le cafard. NOIR.
Si je l'écoutais, je resterais au lit sous la couette comme un légume, sans manger, boire, ouvrir les volets et je pleurerais sans interruption jusqu'à ce que les glandes lacrymales n'en puissent plus. Je n'en ai plus rien à faire de qui que ce soit et je mesure l'insondable vide des sentiments de solitude, d'abandon, d'injustice, de fatalisme qui m'habitent. Parfois, j'ai envie de prendre une cuite si forte que je ne me souviendrais plus de rien, quitte à en vomir les tripes pendant deux jours. C'est con, je sais et rien de très original. Alors, je me force à sortir du lit, à manger, à m'habiller, à m'occuper, tel un zombie, m'obligeant à penser à ce que je fais sur l'instant. Dans cette envie de néant, je jalonne ces heures d'activités pour rester connectée au vivant: couper une planche, tricoter, broder, ranger, faire à manger, écouter et discuter avec ceux qui se présentent... encore que comme par hasard, dans ces moments- là, je croise peu de gens qui de toute façon ne se rendent compte de rien. Après tout, je n'ai pas besoin de parler, d'expliquer, j'ai seulement besoin de pleurer éventuellement d'être cajolée en silence ce qui n'est pas demandable à n'importe qui. Je ne le demande pas à mon fils déjà, c'est dire. Ce dernier ne remarque d'ailleurs ces états que quand je m'affale dans le canapé à jouer des heures aux jeux vidéos ou à regarder des films et que je ne dis rien de la journée hormis le minimum poli.
L'enfance fracassée, les tourments d'années de souffrance, l'incompréhension face à la loterie de la vie, cette saleté de maladie, les rencontres dévastatrices, les fuites, les lâchetés, l'hypocrisie, les souffrances de l'entourage reviennent de plein fouet. Des milliers de pourquoi parfaitement inutiles et stériles puisque tout cela n'a aucun sens. Par écho, mes pensées sont envahies par les épreuves de ceux que j'aime et je suis écrasée pendant des heures. Épuisée. Anéantie.
Il n'y a rien à faire si ce n'est laisser passer. Je donne de la place à cette profonde tristesse, ce désarroi, ce désespoir, je vis ce que j'ai à vivre.
Lui succédera la phase de la colère et de la révolte où tout le monde en prend pour son grade. Puis je retournerai à ces jours bénis où je savoure le moment présent avec gratitude dans la joie et la bienveillance.
Le temps nous est compté sur une durée que nous ignorons totalement. Ces phases rythment mon existence et parlent de la vie qui est en moi, du combat incessant de l’Éros et du Thanatos, de l'angoisse de mort qui nous habitent tous. Il n'y a rien là d'original ou de particulier, c'est un universel. Je l'accueille avec plus ou moins de réussite pour ce que c'est, une expérience de VIE... car il n'y a que dans la mort que nous ne ressentons plus rien.
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Commentaires
tiens bon
parfois tout d un coup il y a un rayon de soleil....
parfois nous devons etre ce soleil
c est dur mais c est comme ça
vas y
stella
Merci Stella... étoile de toile.
Dans la mort...tu découvrirais que tu es éternelle.
Dans mes moments difficiles, je répète et j'affirme: "la solution (guérison, résolution de la question, etc) a déjà commencé, elle est en route vers moi."
Affectueuses pensées
N'est- elle pas en nous? N'avons- nous pas à ouvrir les yeux tant extérieurs qu'intérieurs?
Tes dernières phrases ... c'est pourquoi j'ai brutalement arrêté le seul anti-dépresseur que j'ai jamais pris, il y a quelques années, car je préférais sentir ma souffrance, plutôt que ne rien sentir du tout.
Tu le sais, je crois, ces périodes sont créatrices de la suite. Mais c'est très difficile de se faire comprendre dans ces moments-là, d'où le sentiment de solitude qui n'aide pas, évidemment.
Courage :)
Mutation, transformation, création.