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Au hasard des musiques,
Petit hommage à trois muses de la musique actuelle qui ont pour lien le goût que je leur porte : Björk, Emilie Simon et Camille, par ordre d’apparition dans ma vie.
Voilà trois femmes à la créativité, à l’inventivité et au courage sans borne dans la morosité et la platitude de la chanson actuelle aux pseudo œuvres formatées et stéréotypées larguées sans cesse sur les ondes et le marché commercial. Elles sont bien différentes les unes des autres, je les place dans la même catégorie parce que justement, elles vont au bout d’elles-mêmes portant leurs projets musicaux malgré leur caractère particulier et peu commun. Björk, éclaireuse et exploratrice fougueuse, mêlant émotion et puissance, modeste timidité et pouvoir manipulateur, Emilie Simon, véritable orfèvre de sons et de textes, d’images et histoires magiques, Camille, jongleuse du verbe, des voix, des sons en incessante transformatrice du banal en inattendu plein de surprises.
La première fut une rencontre pleine de hasard, il y a presque vingt ans, au début de sa carrière solo, véritable coup de foudre, avec son clip Human behaviour. Dans l’émission de Marc Toesca, le « cultissime » Top 50, il y avait en fin de programme, après les soupes, une rubrique sur des artistes différents. Ce soir- là, j’ai vu un clip extraordinaire avec une jeune fille aux yeux brillants dans la forêt et un ours en peluche géant qui la ligotait et l’avalait. La musique virevoltait dans tous les sens en gardant toujours une mélodie et une unité d’ensemble. J’ai eu un véritable coup de foudre et malheureusement pas de quoi noter le titre et l’artiste dans les temps. J’en avais fait mon deuil (Internet n’existait pas pour retrouver des informations) quand plusieurs jours après, lors d’une entrevue avec des amis, je vis sur la couverture des Inrockuptibles le visages de cette jeune fille et j’ai poussé un cri de joie. Mes amis, élitistes en musique ne croyaient pas un mot de ce que je disais : « Je la connais, je l’ai vue au Top 50, le clip avec l’ours en peluche …» Impossible pour eux ! Je me suis hâtée de noter les références et dans les jours qui ont suivis, j’ai acheté Debut pour mon plus grand plaisir. Depuis, tous les albums ont suivis, deux concerts, une cassette de ses clips. Je ne suis pas folle au point de collectionner les différentes versions d’albums, les remix, les journaux, les articles, les livres sur elle comme un certain Stéphane qui lui voue une forme de culte ( encore que je profite pleinement de ses raretés pour avoir les meilleures versions des remix)…C’est elle et son album Vespertime qui sont à l’origine d’un épisode important de ma vie. J’ai aussi une belle anecdote : mon fils qui l’aime depuis sa plus tendre enfance, par la force des choses peut être, dans sa volonté de partager ce qui lui tient à cœur, a voulu emmener Post, deuxième album à l’école maternelle (2e année) ; quand je l’ai cherché, il est revenu outré son cd à la main parce que la maîtresse a osé dire que ce n’était pas de la musique pour les enfants.
La deuxième passait de temps en temps sur les ondes avec sa chanson Flowers. Je détestais cette petite voix fluette et cette naïveté. Son premier album était dans la maison mais dès qu’il passait, je le fuyais pour ces mêmes raisons. Par un concours, j’ai gagné des entrées pour les Eurockéennes de Belfort et m’y suis rendue seule. Parmi les artistes, il y avait Emilie Simon et j’ai eu envie d’aller la voir parce que le film La marche de l’empereur vu auparavant m’avait laissé un souvenir positif et là, je me suis prise une bouffée de rêves et de magie avec un spectacle magnifique empli de poésie et de préciosités tant sur le plan visuel qu’auditif. Je suis rentrée tard dans la nuit encore dans cet univers onirique et ai écouté le premier album tant honnis, puis acheté la musique du film. Quand Végétal, le troisième album est sorti, je me le suis commandé. Il m’a accompagnée quand la mort rôdait, dans le fracas de l’annonce de la maladie, « Le mois de mai s’est joué de moi/ Cette année, j’ai laissé couler trop d’émois/ Cette fois, le mois de mai s’est moqué de moi/ Cette année, j’ai laissé couler trop d’émois, cette fois »(Le vieil amant) , « Je suis enterrée vivante, contente de moi, Au dessus des eaux stagnantes, regarde- moi »( Dame de lotus) résonnaient encore plus profondément en moi. J’en reparlerai sûrement en d’autres circonstances. Son dernier concert aperçu à travers mes yeux abîmés a été frustrant par ce que je ratais, nous étions aussi mal placés pour l’accoustique et de la savoir si près et si loin, j’en ai été blessée. Heureusement, j’ai une bonne vidéo d’un concert intégral pour me réconforter... Dommage quand même et terriblement frustrant.
La troisième a été introduite par le fiston qui a demandé sa chanson, Je veux prendre ta douleur. J’ai acheté l’album pour lui et il ne cessait de l’écouter en boucle.
Inversement, c’est lui qui par la force des choses m’a baignée dedans. En 2006, nous la voyons aux Eurockéennes avec un groupe d’artistes japonais dans un spectacle époustouflant d’ingéniosité, de virtuosité et d’originalité, dépassant les standards habituels où trop de pseudos artistes s’enferment. Le troisième album sorti il y a quelques jours est déjà là et nous en profitons avec grand plaisir écoutant et découvrant à chaque fois des originalités phoniques réjouissantes. Je pense que bientôt son premier album rejoindra les deux autres.
Il y a encore d’autres artistes dont j’ai envie de parler ici ou là mais je ne les mets pas dans la même catégorie que ces trois « fofolles ». J’y retrouve certainement une part de moi-même avec ces quelques notes particulières qui constituent les humains "navigateurs "
http://www.bjork.com/ toutes les infos la concernant, un aperçu de son univers cocasse
http://www.camille-lefil.com/ voyageur et faussement désarticulé
http://emiliesimon.artistes.universalmusic.fr/ et son blog http://emiliesimon.skyrock.com/ à l’image de sa musique et de sa personnalité ( je pense) : orfèvrerie poétique, beauté profonde et onirique
Tags : j’ai, album, moi, musique, artistes
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Commentaires
Enigmatique Björk. Moi, c'est surtout son talent d'actrice qui m'a conquise. Le film "Dancer in the Dark" de Lars von Trier, avec aussi Catherine Deneuve, est un film qui marque. Elle y joue une ouvrière qui perd la vue. Emouvant, à voir avec une boîte de mouchoirs à portée de main..!!!
3JulienMercredi 18 Juillet 2012 à 12:13A mariev:
Combien sont capables de sortir des sentiers battus? Dans nos sociétés où le consensus règne en maître, originalité et audace ont peu de place. Les éclaireurs dérangent parce qu'ils ouvrent des voies inconnues souvent jugées dangereuses; la frilosité ambiante, le registre de la peur, de l'angoisse font les beaux jours des meneurs ambitieux gonflés de leur orgueil à diriger les masses... dans leurs idées, leurs goûts, leurs représentations, leurs porte monnaie, ... Ouvrir les yeux pour soi et les enfants, voilà la solution. Mais comment en vouloir à ceux qui ne peuvent ou ne veulent sortir des sentiers battus?
A Cassandre:
Je l'ai vu à sa sortie, j'en suis restée tétanisée! Je n'ai jamais eu envie de le revoir, c'est terrible, déchirant et affreusement fataliste. Par contre, je réécoute souvent les chansons.
Au plaisir Cassandre.
A Julien:
Bonjour celui dont le nom dans l'adresse courriel me parle grandement!
Les commentaires sur les anciens articles sont plus que bienvenus parce que j'ai une ligne dans la tête concernant le déroulement de l'ensemble bien que régulièrement, les événements présents dérangent mes plans, lot du support blog. Les lecteurs courageux qui partent en chronologie ont donc toute ma reconnaissance.
A propos d'Emilie Simon, je l'ai vue en concert pour ses deux précédents albums. C'était épatant de décourvrir cet homme tapant dans l'eau ou sur des tubes improbables. Elle a une créativité folle! Pour le dernier par contre, elle revendique une musique plus frontale ce qui m'a un peu déçue quand je l'ai vue aux Eurockéennes de Belfort. Il est évident qu'elle ne s'enferme pas et recèle des trésors à nous faire connaître.
Bon courage pour la lecture, je me sais loin de l'immédiateté habituelle que nous ressert le monde actuel.
Au plaisir de vous relire.
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ouh la, ça me met colère!
bon sinon, ça fait des années que je me dis qu'il va falloir que je m'intéresse à Björk de plus près... Emilie Simon, très variable pour moi, mais univers très attirant aussi ... Camille, j'ai son "Fil" à la maison, étonnant
;)