•  Musique d'accompagnement

     Attention aux paroles! ;)

    Dans Engagement et réflexions, j’aborde des sujets vastes, politiques, économiques, sociaux. J’y réfléchis sur l’humanité et ses travers d’espèce, j’y évoque des réflexions de penseurs, de chercheurs et ce que j’en fais dans ma petite tête d’ahurie ; il y est question de la communauté.  Ici, c’est d’un autre registre : dévidoir de tout ce qui m’énerve, me met en colère au quotidien, mise à mal de notre capacité à vivre avec nos mythes sur soi et les autres (règlement de contes) .

    Lâcheté, fuites ,mauvaise foi, détours inconscients et fonctionnements stériles, improductifs, bêtises volontaires ou non, c’est l’emmerdeland dont nous sommes tous prisonniers, victimes, citoyens, acteurs et bourreaux car nous sommes tous le con de quelqu’un qui ne nous/se supporte pas, effet de miroir et contre miroir, transfert et contre- transfert. J’en connais d’ailleurs un rayon sur cette insupportabilité de l’autre puisqu’avec mon propre mode de fonctionnement, je suis une empêcheuse de tourner en rond.

    Royaume, dictature, démocratie, son régime n’est jamais définitif, se recréant systématiquement à chaque interaction entre deux. Seul l’inconscient y est le maître absolu. Les pulsions, les réactions irréfléchies, les lapsus, les paroles abominables dites sans y penser, le plus innocemment du monde  sont monnaie courante et la « raison » en est bannie à moins qu’elle ne soit un outil de domination de soi ou de l’autre. La seule loi qui régit l’ensemble est la loi de Murphy, loi de l’emmerdement maximum (et oui, Béranger ;) ). Ma schizophrénie latente s’y déversera avec joie parce que je ne peux m’empêcher d’essayer de voir un même événement sous l’angle d’autres, de ce que je crois qu’il est.

    Entre agacement, exaspération, cynisme, amusement, ironie, provocation  et colère, je déverserai mes propres travers car je ne suis pas en reste, c’est évident.  La fée des agrumes dans toute sa splendeur.


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    Il évoque la question du changement climatique avec son humour caractéristique.( pour voir l'article en préambule) J’ai laissé ce commentaire :

    Finalement, est- ce vraiment un  problème (le changement climatique) ? Le monde change, l'environnement, les espèces aussi. Ce n'est pas le changement qui est dangereux, il est naturel. Il fait peur parce qu'il laisse entrevoir un autre monde qui nous échappe et qui nous échappera de toute façon, nous ne serons plus là. Nos descendants s'adapteront ou notre espèce disparaitra et d'autres apparaitront. Ces changements portent en eux les angoisses de l'humain qui a conscience de sa fin, de sa disparition personnelle. Nous sommes si ridiculement insignifiants à l'échelle de l'univers... Au lieu de se plaindre, de se laisser manipuler par les menaces que certains brandissent à coup de culpabilisation, ne serait-il pas plus judicieux de rendre notre instant présent meilleur pour soi, pour les autres? Combien de philosophies ont ce mot d'ordre? Etrange de se dire qu'il est nécessaire de tant penser pour arriver à des évidences toutes " bêtes".

    A vouloir se prémunir de la mort, certains tellement angoissés lui consacrent toute leur vie et ne sont PAS vivants.

    Quoi que nous fassions, nous disparaitrons et le monde continuera sans nous. Alors, vivons simplement en paix avec soi- même.

     

    ( que de grandes pensées :p)

     

    Le sujet reviendra sûrement sur le tapis.

     

    Et merci pour toutes les contributions  en commentaires et lectures. le schmilblick avance !


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    Petites victoires dérisoires qui peuvent avoir leur sens dans une vue plus vaste.

    Deux jours à repas végétariens supportés par toute la maisonnée sans que cela ne fasse sortir le paquet de jambon, youpi !

    Potée de lentilles vertes avec des carottes et des navets du jardin, du romarin, ail et oignons et des crozets au sarrazin.

    Pas de blé, ni de protéines animales, une seule casserole à nettoyer, un seul sachet souple en plastique côté déchet et de quoi manger complet et équilibré deux fois.

    Le lendemain, je réattaque avec une autre potée : haricots coco roses, épeautre et sauce tomate maison, un peu de piment de Cayenne.

    Bilan proche de celui de la veille.

    Le plus drôle est que les mangeurs n’ont pas protesté. A la longue, j’y arriverai !

    Il n’est pas question de devenir des végétariens absolus, je ne veux pas devenir dictateur alimentaire ni pour moi, ni pour autrui. Juste faire l’effort hebdomadaire comme d’autres font leur prière avant de manger.

    Ôde à la vie et aux trésors qu’elle recèle,  surtout ne pas  oublier qu’ils ne nous sont pas dus.

    Pour nos lointains ancêtres et nos contemporains qui lutt(ai)ent pour simplement manger, vivons simplement.  


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  • Il est étrange de constater ce que la mémoire retient à travers le temps. J’ai des souvenirs très précis de quelques événements quand  la succession des heures passées  à la maison me parait être un  trou noir, noyé d’ennuis, de souffrances et en quête d’ailleurs, confrontée à mon impuissance à faire quoi que ce soit, coincée dans mon propre corps, à la merci de tous, coupée de tout ce qui fait le quotidien. Peut être est-ce bien l’absence, ma propre absence qui me faisait le plus souffrir, moi, qui ai toujours été pleinement dans la vie. Il ne me restait que mes pensées, ma parole, mon ouïe malgré des périodes d’assourdissement et des mains plus ou moins contrôlables surtout en cette fin d’année 2006.

     L’agitation du monde me semblait tellement lointaine et dérisoire ; les thèmes tels que la métaphysiques de l’âme sur France culture résonnaient en profondeur et la variété de consommation, si secouée/ante m’insupportait. Seules des musiques profondes  avaient leur place. Imaginez que je ne pouvais plus bouger, je ne voyais presque rien et ’il m’était impossible même de  trouver les  touches sur la télécommande.

     Etre là sans l’être, garder tous ses esprits, penser le monde sans y participer, le regard perdu sur l’incompréhensible brouillard qui entoure sans cesse. C’était, au propre comme au figuré  être dans la nuit que la lumière allumée par  quelqu’un ne change en rien.

     

    Pas très original je pense au regard des expériences d’autres perdant la vue ou victimes d’accident, de maladies terribles.. Le scaphandre et le papillon récemment et ce magnifique film primé à Cannes, Johnny s’en va t’en guerre (de Dalton Trumbol, 1971) vu une seule fois par hasard au Cinéma de minuit il y a plus de 20 ans et qui m’a marquée à jamais. 

    J’étais souvent seule, coupée du monde, sans vue ni mouvement chacun travaillant, s’occupant à sa vie. Une première mort, sociale  creusant ma tombe. Attendre, se recentrer sur soi parce qu’il n’y a rien à faire. Mon pauvre garçon pour qui je ne pouvais rien faire.

    Oui, il ne restait plus que moi et l’immensité de l’univers qui m’habite. Mon parcours, mes questions, mes quêtes, mes lectures, mes rencontres me donnaient quelques maigres moyens pour surmonter avec plus ou moins de sérénité les événements. Je savais qu’il me fallait entrevoir l’avenir pour donner du sens, me réapproprier cette histoire, mon histoire. Tant que je ne voyais pas d’issue, qu’elle soit de rétablissement ou de fin définitive, je ne pouvais pas l’écrire de ma propre main, simplement la subir et perdre ainsi mon humanité, en rester à l’état d’animal.   

    La maladie n’est pas une aventure extraordinaire quand rien ne vous aide à vous approprier votre propre histoire, à lui donner du sens. (Cher Boris).



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  • Je crois que j’attendais la mort, libératrice de la souffrance tout en vivant affreusement  l’atroce idée de ne pouvoir dire au revoir à ceux qui étaient loin,  l’insupportable idée de quitter ceux que j’aime.

    Pourtant, la vie résistait instinctivement  avec ces petits objectifs ; encore un jour, encore une nuit, Noël, un jour, une nuit,…, Nouvel  An, un jour, une nuit… tenir tenir jusqu’à janvier, tenir jusqu’au rendez- vous avec Solange, tenir, tenir…

     

    Pour le repas de la veille de Noël, ma mère et ma sœur nous préparèrent un festin dont je profitai pleinement, doublement, le plaisir de manger ne n’ayant jamais quittée. (Pauvre SeN! Il a fait bien des progrès dans sa cuisine par la force des événements mais qu’est- ce que c’était rébarbatif, sans caractère)  Ses parents étaient là, doucement en raison de la convalescence d’El. Fiston, tout seul avait absolument tenu à faire le sapin et il brillait dans le salon entouré de multiples cadeaux. Je n’oublierai jamais la joie de mon garçon portant à bout de bras son labyrinthe en bois. SeN, peu accoutumé aux grandes déclarations m’offrit ce soir- là une très belle bague en or blanc et incrustation de minuscules diamants sortie discrètement de sa poche parce qu’il m’aimait. Il eut son premier avion télécommandé ce dont il rêvait depuis sa plus tendre enfance cherché pour moi par ma mère, en douce. Personne ne fut oublié. La soirée ne s’éternisa pas ni pour El., ni pour moi ; je fus bien vite  contrainte de retrouver ma position couchée, sur le canapé puis au lit mais nous avions eu une veille de Noël digne de ce nom.

    Le lendemain, nous étions invités chez la sœur de SeN. A nouveau, il fallut me transporter dans les escaliers tournants, gymnastique acrobatique. Je sentis la gêne des invités non par ma présence, mais par l’incompréhension face à mon état ; quand je repartis, je reçus des marques touchantes. Je ne me souviens malheureusement que de la peine que représentait ce genre de déplacement en des lieux inadaptés avec une vue déficiente. Quoi de plus terrible que de voir la vie s’ébattre quand j’en suis écartée, depuis ma prison, mon scaphandre ? 

    Une visite entre les deux fêtes fut plus un calvaire qu’autre chose ; j’avais  de la joie à revoir mes amis tout en restant anéantie par mon  état pitoyable, par mon incapacité à faire le lien entre leur vie et la mienne. Rien de pire que de parler de banalités et de supporter les silences gênés, de les voir faire « comme si de rien n’était ». Même si je comprends bien qu’ils étaient démunis de me voir si éloignée de ce qu’ils connaissent de moi.

     

    Nouvel an. Quelle déchirure ! Nous étions seuls, personne n’avait pris la peine de se soucier de nous ou tous avaient jugé plus opportun de ne pas nous déranger. Nous n’avions  qu’une soirée comme les autres, abominablement coutumière. Fiston se prit d’une colère noire quand il réalisa que c’était Nouvel An, que nous étions seuls à la maison, sans musique, sans nourriture spéciale, sans feux d’artifice. SeN ne comprit pas et la querelle se fit plus noire. Obligée de me recoucher, ne supportant ni les cris, ni la scène, j’essayai depuis le lit de persuader SeN de trouver quelques pétards dans la cave pour aller les faire éclater dans le jardin avec le zozo.  Il partit quelques minutes pour je ne sais quelle raison et je me retrouvai seule avec mon garçon, en larmes, hurlant après cette situation détestable. J’essayai de le calmer, il ne voulait rien entendre. En creusant un peu ce que pouvait cacher une telle obstination sur ces simples pétards, il finit par cracher ce qu’il avait sur le cœur. Tout ce qu’il avait supporté depuis des mois avec force et courage se déversa ce soir-là. Il savait parfaitement ce qu’il se passait, il connaissait la maladie, ce qu’elle était et ce qu’elle faisait, je lui avais expliqué depuis le début, montré les irm,  évoqué l’éventualité de ma mort ou de handicaps permanents. Des livres, intermédiaires, m’avaient aidée dans cette lourde tâche (merci mon cher Boris). Cela n’empêche pas l’angoisse et la révolte, il cria son incompréhension. D’abord en évoquant le vide de cette soirée, sans joie, sans fête, avec pour seuls compagnons la solitude, le chagrin, la souffrance. Puis le sentiment d’injustice face à la loterie de la vie : «  Pourquoi toi Maman ? Il y a tellement de gens méchants, égoïstes et racistes, pourquoi pas eux ? Tu es si gentille, généreuse, tu aides et aimes tout le monde, tu écoutes et comprends ceux qui te parlent… Pourquoi Maman ? C’est pas juste ! ». Que lui répondre ? Que lui dire ? Mon cœur se déchirait parce que je ne pouvais pas lui promettre que la situation allait s’arranger. J’avais compris que nous ne maîtrisions rien, que notre corps, la nature fait sa loi malgré toute la volonté du monde, que la justice est une idée de la conscience et non une réalité concrète. Ne croyant ni en dieu, ni en la religion, que pouvais-je lui offrir ? Je pleurai avec lui n’ayant que mes bras et mon amour à lui donner.

     


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    Après Alien versus Predator, (navet pour rester dans le culinaire), j’ose évoquer encore une fois la lutte quotidienne contre la pizza surgelée.

    Premier jour de travail post vacances pour l’un des mangeurs de la maison. A une heure tardive de la matinée, il visite ses parents quittés la veille. Au retour, midi,  il s’exclame que rien à manger  n’est prêt, j’ai oublié. A midi trente, il part et en réflexe, il allume le four pour avaler sa sempiternelle pizza surgelée de dépannage. Indifférente, je sors les restes du réfrigérateur : abominable salade en sachet qu’il avait achetée pendant mon absence, radis roses, saumon et riz aux courgettes (son bon effort de dimanche), coquelet fumé, quelques pâtes, délicieuses tomates cœur de bœuf du jardin. Il avale au lance pierre sa pizza sans plus, en silence. Quant aux autres mangeurs, nous nous régalons de la salade tomates du jardin, d’un gratin express oseille du jardin, battu d’œufs et lait de soja agrémenté de feta, poulet fumé.

    Peine et cause perdues ?  

    Ces épisodes n’ont pas de grande importance en eux, néanmoins, je n’en reviens pas de tout ce qui se joue avec la nourriture en terme de relation à soi, aux autres et au monde. Les contenus des chariots au supermarché sont tellement éloquents ! Montre –moi ce que tu achètes, je te dirai ce que tu manges et ce que tu es.


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  •  C’était la fête de l’école du fiston pour Noël. Il était impensable pour moi de ne pas y aller et ce fut envers et contre tous les avis que j’imposai d’y aller. SeN et son père me portèrent dans ces maudits escaliers à l’entrée de la maison, je fus roulée jusqu’à la salle, un voisin, (un de ces sales turcs comme on entend trop souvent dans ces contrées) l’aida à me monter en haut des quelques marches de l’entrée et je pus être faufilée dans la foule des parents.

    Je ne vis rien du spectacle, mes yeux ne me le permettaient pas. J’écoutais le son pourri de la sono, les chants et les dialogues des saynètes pas assez travaillés, l’agitation des enfants et des adultes ; c’était insupportable. Une espèce de fouillis criard et mal préparé pas très agréable. J’essayais de faire de mon mieux pour ne pas paraitre trop mal en point, par respect pour mon fils, ceux que j’estime. Quasiment personne ne vint vers moi mis à part ce sale turc (encore lui) et sa petite fille. Les aléas de la vie venaient de les frapper d’un drame terrible, nous avons communié dans nos douleurs avec retenue, respect et pudeur ; il n’y a pas lieu de s’emmerder avec les hypocrisies habituelles trop courantes. C’est en leur compagnie que je partageai le meilleur de la fête.

    Je n’étais pas bien, le bruit et l’agitation nerveuse me pesaient,  je résistais aux douleurs, aux malaises, aux contraintes. J’ai vu/ écouté mon fils sur scène, le spectacle, j’ai bu le chocolat chaud, j’ai mangé du gâteau. En plus de la richesse de l’échange avec ce voisin et sa petite, je n’oublierai pas la fierté avec laquelle mon fils s’est tenu près de moi,  heureux, se souciant sans cesse de mon bien-être ; son visage rayonnait. Le pauvre SeN était constamment sous le poids des responsabilités à mon égard, je ne sais pas comment il a vécu cet instant.

    Finalement, ce fut encore ce voisin qui nous aida à me ramener en haut de l’escalier de la maison quand je n’ai plus pu supporter cette ambiance lourde. Je dus retourner vite m’allonger, l’aventure avait été éprouvante.

    J’étais soulagée. Comme pour le voyage en Norvège, ce que je vivais malgré la déchéance était en moi, pour moi. Sans avoir à regretter de ne pas y avoir été.

    Ici, les gens sont bourrus et fermés, ne vous parlent pas ; dans mon état, encore moins. J’ai su que des inconnus ne s’étaient pas gênés pour satisfaire leur curiosité avec ces ambulances constamment devant la maison. Je ne me permettrai pas de juger de leur bonté ou de leur hypocrisie, je ne les connais pas, je ne sais pas ce qui les amènent à se comporter de la sorte. Ma réaction a été de m’exclamer : «  Mais pourquoi ne m’ont- ils pas parlé quand j’allais bien ? «  C’est à  peine si on répondait  à mes  bonjours dans les rues. Ma voisine, d’origine turque vit ici depuis trente ans et il y en a toujours pour leur faire comprendre qu’ils ne sont pas bienvenus. Je ne vous étonnerai donc pas si je vous dis qu’au retour des vacances de Noël, à l’école, mon fils a entendu que quelqu’un avait critiqué ma présence en fauteuil roulant à la fête : «  Elle a fait exprès pour avoir des sous ! ». C’était en période de Téléthon, ah oui, je l’avais fait exprès idiot. J’ai expliqué à mon garçon qu’il valait mieux le laisser là d’où ça venait, c’était trop bête.

    Heureusement, il y eut quelques personnes plus tard pour venir relever le niveau communal.


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    Au passage des repas quotidiens, au fil des jours, sans grand tralala, voici un petit panel de  ce qui se joue à table.

     

    Lapin au citron, très simplement revenu dans la cocotte avec des échalotes, une gousse d’ail écrasée et un citron non traité coupé en rondelles. Un mangeur s’installe à table et soulève le couvercle, humant les odeurs qui s’en échappent. Il se sert et dit : 

    -       ça sent le citron, ce n’est pas pour me déplaire.

    -       Pourquoi tu ne dis pas : ça me plait ? ( moi)

    -       Parce que ça n’a pas le même sens.

    Et bien oui, la négativité encore et toujours… Pourquoi dire qu’il est content ? parce qu’il ne sait pas ce que c’est ? ( Ouh que je suis vilaine !)

     

    Poulet à la mexicaine avec poivron et oignon émincés sautés accompagnés de polenta, 10 minutes

    Repas pris tard, reflexe « pizza surgelée ». Je n’en veux pas et réchauffe dans la poêle de la polenta, un reste de sauce tomate à la viande avec des tomates du jardin en salade.. Résultat : quand il commence à manger, j’ai déjà fini.

    Fast food la pizza surgelée?

     

    Un délicieux gratin d’aubergines a été le seul travail des derniers jours  dans la cuisine.

    Et mon grand garçon s’est mis à la tâche : tomates mozzarella, jambon blanc, crozets au sarrazin. Il nous a joué avec beaucoup d’auto dérision le numéro du cuisinier appelant ses convives retardataires avec menaces de sanction pour cause de retard. C’est qu’il sait très bien ce qu’il se passe quand lui- même ne vient pas de suite. Enjeu de pouvoir, évidemment.

     

    Cookies choco noix de pécan et cake marbré faits maison avalés en une demie journée par les enfants. Trop naturels pour les intoxiqués de l’industriel. Entre sucre complet, farine d’épeautre en produits bio, les ingrédients seraient trop prononcés et tueraient le goût de l’ensemble… Ah bon ? et pourquoi quand je me hasarde à manger des gâteaux tout en produits raffinés, je trouve ça affreusement fade ? Pas le même univers gustatif sûrement.

     

    La vie à table est bien représentative de ce qui se joue ailleurs.


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    Je ne sais ce qui me permit de tenir, tenais-je seulement ? La question serait plutôt de savoir comment j’ai tenu. Est- ce la richesse des rencontres ? Le cheminement intérieur qui s’opère ?

    Chaque jour était un combat, une course de fond, une acceptation fatale de mes incapacités, de mes pertes, l ‘idée peut être de la mort ? l’inconscience de l’être assommé par une vie qui s’échappe ? ou ces petits riens auxquels je me suis accrochée de bout en bout ? Tenir jusqu’au soir, tenir jusqu’à l’aube, revoir encore ceux que j’aime, sentir leur peau, leur odeur, entendre leur voix….

     SeN  était en vacances pour deux semaines, il préféra s’occuper de tout pour ne pas avoir d’ « étrangers » à la maison. Sa mère fut opérée en catastrophe le même mois, elle ne pouvait plus nous aider. Ma mère fit ce qu’elle pouvait, elle habite à près de 30 km.

    Les ergo nous avaient prêté un siège pivotant pour la baignoire, nous avions  une chaise percée, c’est tout. Les démarches prennent du temps et le matériel tel qu’un lit médicalisé avec matelas adapté était en commande sans pour autant arriver. Je précise que mon état se dégradait si vite qu’aucune organisation  ne pouvait se faire. Nous agissions dans l’urgence, surtout SeN, débordé.

    Mon quotidien se résumait dans les actes de soins élémentaires : manger, boire, se vider, s’habiller, se laver, se coucher, dormir. Toute la journée allongée parce qu’incapable de me tenir assise plus de quelques minutes. Le calvaire de la toilette, le corps qui se contracte et se raidit au contact de l’eau ; la crainte de glisser sur le siège, de tomber au fond, l’incapacité de dire si c’est chaud ou froid. . Le calvaire d’aller aux toilettes et d’éliminer quand les sphincters refusent de s’ouvrir.  L’impossibilité de me tourner dans le lit, il me fallait réveiller SeN pour me bouger. Les courants d’air qui transpercent le corps et le contractent de douleur

    Je résistai à ma façon, essayant d’être habillée en journée et non en vêtements de nuit constamment, je tenais absolument à être propre et sentir bon.

    .J’avais tellement mal : des tiraillements qui semblent déchirer les chairs de l’intérieur, l’incapacité de dire où et comment étaient mes jambes, mes pieds souvent coincés et tordus sans que je le vis,  les sensations d’avoir le visage chatouillé par les cheveux constamment, de l’eau coulant entre les jambes, de la brûlure permanente de la peau, la tête battante, congestionnée comme après un coup de massue, l’arrière des yeux donnant l’impression que quelque main invisible enfonce ses doigts pour sortir le globe de son orbite. Autant de fantômes harceleurs, omniprésents, omnipotents.

      Ce qui me semble le plus évocateur est cette réalité vécue dans toute son absurdité intellectuelle : je ne ressentais plus rien de mes jambes au point de ne pouvoir les situer sans les voir et je ne supportais pas le poids des draps, tels un éléphant dormant sur elles, sensation d’écrasement.

    Le corps s’emmure, s’enferme, pris dans son propre étau et l’esprit si naïf de se croire libre quand il va bien ne comprend pas cette existence cloitrée dans cette forme qui ne lui répond plus, noyée qu’elle est  par les cris de son auto mutilation.

    Mes mains perdaient de leur dextérité, j’avalais souvent de travers, m’étouffant sous les regards inquiets de mes gaillards, je ne pouvais plus tousser, mon torse ne répondait plus. Si je restai assise trop longtemps, j’avais un malaise. Pour ne pas tanguer sans cesse à chercher un équilibre perdu, j’étais casée entre des coussins sur mon fauteuil. Pour manger, il fallait me couper les aliments, m’expliquer ce qu’il y avait et où ils étaient ; il m’arrivait de tomber sur le gras, l’os, le pourri, l’intrus parce que je ne pouvais voir.

    Couchée des heures la tête dans le vide, à réfléchir à la condition humaine, au sens de la vie et de la souffrance, le souvenir de ma vie perdue, le drame des projets et des rêves passés à la trappe. Une vie  à l’avenir invisible, une vie à tenir d’une minute à l’autre, d’un acte à l’autre, tenir, tenir...

    Les coups de fil de ma chère Sandrine des Vosges qui me comprend et sait trouver les mots, se taire si nécessaire étaient mes plaisirs du jour . Elle avait pris un abonnement spécial uniquement pour m’appeler tous les jours et nous partagions ces moments difficiles.

    L’agitation du monde me gênait et je passai des heures à écouter France Culture sur des sujets divers et improbables.

    Je voulais participer aux fêtes au mieux. Je m’arrangeai pour trouver les cadeaux avec l’aide de complices. Quand elles arrivèrent, je tins absolument à ce qu’elles se fussent AVEC moi.


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  • Ma chère amie Lili en est une fan depuis plus d’un an et lors d’une visite chez elle, elle nous montra ce  monde virtuel avec un réel enthousiasme. N’ayant que de trop rares occasions de la rencontrer, j’y vis une possibilité. Je téléchargeai le jeu et créai mon avatar quelques jours plus tard. Puis ce fut la grande découverte, sans apriori.

    Lili est mon guide et me conseille, m’assiste, me présente du monde. Je la suis et prends mes marques dans cet univers si particulier. Les premières rencontres m’apportèrent des rudiments  afin d’affiner mes repères et après quelques égarements, j’y pris goût. Entre blog, apprentissage de la dactylo et Second live, finalement, je me retrouve à ne plus vraiment décoller de l’écran de mon ardi, chaque jour est nouveau et porteur de découvertes.

    J’évacue par l’écriture et me défoule en virtuel.


    Quel plaisir de se lâcher sans craindre de choquer qui que ce soit tout simplement parce que tout le monde se lâche. SL est un monde virtuel qui peut faire craindre le pire en termes de faux semblants, je pense que, néanmoins, chaque participant a accès à ses propres  profondeurs et à celles des autres. Qui veut tenter de berner est vite rattrapé par son naturel et les personnalités réelles se révèlent. Les avatars en soi sont déjà très parlants sur les fantasmes de son propriétaire, sa représentation de ce qu’il est, de ce qu’il voudrait être. Certes, je suis peut être protégée par ma guide qui m’évite quelques travers et m’informe de certaines  pratiques équivoques.

    Isolés pour de multiples raisons très diverses dans la vraie vie, les rassemblements de sensibilités et les groupes par centre d’intérêts se forment dans Sl, les affinités se font et se défont. Réelle porte ouverte, Sl permet à ceux qui s’y piquent d’avoir accès à des secteurs inexistants dans leur environnement réel ou est une sorte de pied dans la porte pour entrer ensuite dans ce monde en vrai.

    En dehors du fait que je peux être en contact quotidien avec mon amie, je m’éclate à modeler mon avatar, à l’habiller, à le faire voler, à le faire danser, à tenter des expériences que je ne recherche pas  (ou ne peux pas ) dans la réalité : fumer des joints, picoler, et autres gâteries en solo ou à plusieurs, danser sur des musiques improbables, croiser des personnes que je ne rencontrerais pas en réalité, porter des vêtements incroyables, visiter le monde tel qu’il est perçu par d’autres, partager, échanger.

    Souvenirs mémorables de méditation dans l’espace, de taï chi , de vol assise sur un deltaplane dans une cité maya, de fêtes nocturnes, de jeux de mots et corps, très drôles et véritable défouloir. Bien sûr, c’est virtuel, cien sûr, ce n’est que du vent. Et pourtant, il y a un réel plaisir. Isolée dans cette maison mal habitée, dans ce village enclavé, je souffre de l’enferment de cet environnement pauvre. Avant la maladie, je me lâchais dans mon travail, en attendant d’y retourner, je me défoule sur SL.

    La frontière entre réel et virtuel est si ténue. Abstraction faite de la toile, il y a les jeux vidéo, il y a la télévision, il y a la radio, il y a le cinéma,  il y a la lecture, les arts, la musique, la religion, les rêves, les psychotropes, … L’esprit humain a besoin d’imaginaire pour exister ( cerveau pré frontal de l’abstraction, sauf erreur) ; de tout temps, il a su trouver et ouvrir les portes sur l’autre monde qu’il imagine aussi réel que ce qu’il vit quotidiennement. Les dictatures elles seules tuent l’imaginaire des hommes en formatant les représentations de l’idéal tout simplement parce que l’imaginaire est le monde de la liberté absolue.

    Tenue aussi cette frontière quand je vois mon amie s’ouvrir à ce qu’elle est, s’épanouir, doucement parce que sur Sl , elle ose être elle- même. Au bout du compte, cela se voit dans sa vie réelle. Des personnes finissent par se rencontrer et qui sait ce qu’il se passe ensuite ?  Sl est un support actuel, comme d’autres ont pu  être ou le sont.

    Second Live pose les questions :

    Qui suis-je  ? Quelle est ma place ? A quoi aspire-je ?

     

    « Comment vas- tu faire sans ton ordi et Sl pendant ces jours ? »   m’a demandé mon fiston quand nous décidâmes de partir qq jours dans les Vosges. Je lui ai répondu simplement que là-bas, je discuterai, je me promènerai, je ne serai pas seule, SL ne manquerait pas tant que ça. Et oui, ce fut le cas. Ce n’est qu’à l’idée de revenir à la maison que Sl commença à me manquer.

     

    J’en étais à ces  réflexions quand j’en discutai avec la thérapeute. Notre échange m’a amené à corriger quelques mots dans le texte et à porter des nuances sur mes représentations. Ecrire pour le blog et se défouler sur sl sont des portes pour m’échapper de ma prison. Cela m’est bénéfique, cela me fait du bien comme une bouffée d’air prise par-dessus les eaux où je nage. J’évacue, oui, mais je ne me soigne pas, vomir ne soigne pas forcément du poison. Je ne me libère pas, je me soulage temporairement. Parce qu’il y a une donnée primordiale qui ne joue pas dans le monde virtuel de l’internet : je ne donne pas de ma personne. Mon corps en est loin, à l’abri derrière son écran ; ni ma voix, ni mes mouvements, ni mes réactions émotionnelles ne sont visibles.

     C’est une forme de délire partagé, entre fantasmes, angoisses, manipulations tromperies et sincérité, rencontres, , découvertes, ouverture.

    Finalement, il n’ y a rien de mieux que la prise de conscience de soi dans la réalité de notre vie concrète, celle que nous portons en nous de notre naissance à notre mort . Internet  est UN moyen, un seul. La liberté qu’il donne est la même que celle que nous avons tous, dans notre vie, à portée de main bien que cela soit moins sécurisant car il n’est pas possible de couper la machine quand il y a une perturbation, ce truc qui dérange, déstabilise.


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