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Prologue à la fin 2013. 1. La vessie au Botox
Après une semaine au médicament bloquant l'hypersensible- hyperactive selon les consignes de l'urologue, j'observai l'expérience car c'était une découverte, j'avais tout à en apprendre.
- Étrange sensation que de ne plus la sentir chatouiller, se manifester au moindre mouvement, poids, agitation interne ou externe, silence total quant à ses besoins. Obligatoires auto- sondages cinq fois par jour minimum. Je suis devenue experte dans le pipi debout avec le petit robinet technique dans le verre mesureur spécifique indispensable à la salle de bains puisque les toilettes sont à part et sans lave- mains. Une hygiène irréprochable est nécessaire pour éviter les infections surtout que l'épisode pyélonéphrite m'a amplement suffit. N'ayant plus aucune sensation, je connus quelques accidents de vidange quand mes boissons explosaient le volume du verre mesureur et quelques débordements me contraignirent à nettoyer, changer si je n'avais pu me précipiter vers l'évacuation la plus proche. Évidemment, c'est une autre affaire à l'extérieur et si au début, je trimbalais ma bouteille de désinfectant partout, je laissai vite tomber, lassée de ces transports volumineux. Il ne fallait pas rêver dans ce cas échapper à ces foutus germes omniprésents. En mars, ma vessie s'agita avec quelques fuites intempestives. Comme le neurologue répondit que c'était trop tôt pour un épuisement du traitement Botox, j'eus la puce à l'oreille et retournai vite fait vers l'homéopathie, la canneberge afin de contrer ce qui manifestement était une infection; heureusement, elle passa mais les fréquences sensibles se manifestent plus souvent depuis.- Les premières semaines me surprirent par l'effet bénéfique sur le sommeil. Comme vessie ne se manifestait plus, j'alignais des nuits complètes avec régulièrement huit heures d'affilées, de temps en temps plus. Forcément, avec le calme retrouvé et la non- impériosité, la tension induite par ces pressions, j'avais une énergie du tonnerre. Au réveillon de Nouvel An, je fus celle qui dansait le plus jusqu'aux dernières heures de la nuit, sautillant et gesticulant joyeusement tout du long. Et il y eut les sorties avec les copines de la danse presque chaque semaine, les marches au moindre prétexte, le cumul emploi- maison- fiston mené aisément. Mon garçon d'ailleurs s'étonnait quand il me découvrait tranquille à la maison, assise; mes compagnes de virée se souciaient de mon accès aux toilettes alors que je n'y pensais pas.
- Évidemment, c'est temporaire et peu à peu; la vessie redevient sensible, les levers nocturnes pour évacuer des quantités moyennes se répètent et les pressions réapparaissent tout en restant pour l'instant facilement gérables. Je ne sais pas ce que j'attends à ce jour. Je m'interroge grandement sur une éventuelle nouvelle intervention, l'hôpital me gonfle, l'anesthésie aussi; j'espère, malgré le long et pénible vécu des dernières années, que, comme pour la marche et la vue, mon système d'évacuation récupère et se rétablisse afin de ne plus avoir à subir ce handicap et ses traitements.
Et je constate à nouveau combien je suis fatiguée depuis quelques semaines. Un signe étonnant chez moi ne trompe pas: je n'avais pas envie d'aller travailler, seulement rester chez moi à traînasser, vaquer à quelque occupation de ci de là selon les ressentis et les envies. Dans un premier temps, je me l'expliquai par l'absence de congés en février, j'attendis donc les vacances de printemps pour me vautrer. Mes activités furent ralenties pendant ces quelques jours, je traînais la patte pour aller marcher, pour prendre la voiture, les escaliers plutôt que l'ascenseur, négligeai les tâches domestiques, je me vautrai effectivement ne réagissant que parce que quelqu'un me contactait, m'invitait ou réclamait; je renonçai même à quelques sorties et expéditions. L'esprit détaché de la routine mouvementée habituelle j'en arrivai à avouer que tout de même, j'avais exagéré le mois précédent, que je ne m'étais pas du tout écoutée, que je m'étais laissée embarquer dans un truc à la noix de nouveau au détriment de mes besoins. Ben oui, encore, j'avais pris soin d'autrui.
( à suivre)
« En guise de conclusion, avant le prologue. Prologue à la fin 2013. 2, l'art et la manière de s'éreinter. »
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