• Le mystère grandit.

     Dimanche dernier, j'avais une grande exposition à quelques kilomètres de chez moi. Dans ma petite vieille voiture, j'ai bourré au maximum les marchandises à l'arrache parce que j'étais seule à le faire, en retard pour cause de courte nuit post repas de mariage et altercation en pointillé sur mes mini heures de sommeil avec un grand ado de fiston geek limite no life rageux et couche- très- tard... ou très tôt. En conduisant, je n'y voyais rien que devant, toutes les autres fenêtres étant obstruées, « Il ne manquerait plus que je me fasse arrêter par les flics. » pensai- je vaguement. La fée n'en reste pas moins déterminée.

    Après une longue journée sur place ( dont je parlerai ultérieurement... ou pas selon mes opportunités et envies), j'avais décidé de laisser plusieurs paquets là- bas afin de les utiliser lors d'un prochain atelier ( même phrase que dans les parenthèses précédentes). Ils étaient lourds et volumineux. Soulagée d'eux, je pris le temps tranquillement, avec de l'aide, de charger ma voiture méthodiquement et là, le mystère du congélateur se rappela à moi: les marchandises allégées ne rentraient plus dans la voiture. J'eus besoin de plusieurs essais pour enfin fermer le coffre ( Bon c'est vrai qu'en plus, j'ai perdu une des vis qui tiennent le système de fermeture sur la porte et que la restante est à revisser à chaque usage, cela n'arrange pas le micmac).

    J'en suis arrivée à me demander si je n’étais pas la clef du mystère finalement. Après tout, ces aventures sont à l'image de ma mini cave débordante, de mon garage croulant sous les planches et cartons, de mon appartement RUTETE ( mot norvégien prononcé routètè désignant le désordre). De là à dire que je suis bordélique, NON! Parce qu'en réalité, je fais de mon mieux avec l'espace dont je dispose, réduit en raison de ma condition sociale et économique de mère célibataire à petits revenus.

    Au delà de ces considérations purement matérialistes, il y a surtout le fait que je refuse de me limiter pour des raisons extérieures à ce que je sens et veux. Je tiens à vivre ma vie comme je l'entends, en pleine conscience, expérimentant, créant, partageant, apprenant et me fichant allègrement de ce que pensent les autres en particulier ceux qui ont besoin de se plier à des normes pour se sentir exister, accepter.

    Quand mon copain Leif en visite chez nous, du haut de ses trois ans parla de RUTETE en se baladant entre mes tas de bazar, j'en fus enchantée et pensai spontanément que j'allais être sa tata RUTETE. J'en ris de bon cœur, me dis à chaque évocation que vraiment, ce nom me va bien. Je me pencherai sur la sémantique norvégienne du champ lexical du désordre avec attention et curiosité, c'est certain, il n'empêche que j'aime être RUTETE.

    Petit congélateur débordant de victuailles pour notre bon plaisir et qui vient partager un repas chez nous, petite voiture utilisée avec parcimonie, en multi covoiturage et partance vers des aventures collaboratives, riches et passionnantes, appartement et dépendances débordant de livres, matières premières pour création en suspens, gestation, cours d'élaboration, … où je trouve toujours de la place pour ceux qui demandent à y dormir.

    Dans une autre vie, une femme adepte du vide façon magazine de décoration me répétait souvent: « Mais enfin, il faut jeter, se débarrasser! Impossible de s'en sortir avec toutes ces choses! ». Déjà, avec il faut, je n'entends plus rien, c'est mort, ensuite, je ne me reconnaissais pas du tout dans ce besoin qui n'était absolument pas le mien ( j'ai besoin de place aménagée, adaptée à mes activités, pas de jeter). Au bout d'un moment, lassée et agacée, j'ai lancé: « C'est sûr, si je me débarrasse de tous mes livres, de tout mon matériel de création, qu'à la place, je m'achète un canapé et une télévision, j'aurai de la place et de l'ordre.» Je ne suis pas certaine qu'elle ait compris, aveuglée qu'elle est de son souci obsessionnel du qu'en dira t-on et de ce qu'il FAUT faire. Basta! J'en ai fini avec ces gens- là et je m'éclate dans mon bazar entre un congélateur, une vieille voiture branlante, une cave, un garage, un appartement qui débordent... DE VIE!... d'une vie unique qui me ressemble … ce qui est loin d'être le cas de beaucoup ( oui, je suis vilaine).

    De toute façon, la vie est pleine de surprises: c'est ainsi aujourd'hui ( depuis de nombreuses années aussi) puis un jour, qui sait, j'aurai ces espaces aménagés, adaptés à mes activités et l'ordre rigoureux régnant dans mes tiroirs et armoires se généralisera à l'habitation toute entière!! Ce sera vraiment bien.

    « Le mystère du congélateur. Canicule. »

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