• Fin d’hiver, 2016.

    Un mois que l’alarme était donnée suite à de mauvais résultats à une prise de sang. Silence, attente. Plus de 20 ans de métastases contrôlés après deux cancers. Et ça repart.

    Chimio ou soins palliatifs?

    Ce sera Samu, urgences après 21h au sol, sans boire, dans le froid, la veille de la première chimio. Hypothermie, déshydratation, hématomes, ankyloses, choc, peur, un coeur qui se dérègle. Sans compter tout le reste. L’alerte. 10 personnes dans le petit appartement, rien que pour elle. La galère pour l’en sortir sur un brancard et descendre les quatre étages sans ascenseur.

    Le silence et le renfermement sur soi mettent en grave danger, peuvent tuer. L’indifférence et l’inertie en particulier des services sociaux encore plus.

    Des heures à attendre. Quatre vains appels pour prendre des nouvelles puis la demande du médecin de venir au plus vite, tard le soir.

    Deux heures d’attente derrière la porte. Échange avec un jeune Roumain, en anglais, histoire de coeur brisé. Une jeune fille accompagnant sa soeur ouvre finalement la porte alors que les soignants l’avaient oublié.

    Septice sévère. Reins bloqués.

    Soins intensifs ou réanimation?

    Réa parce que les soins intensifs sont complets puis après quelques jours,  transfert en néphrologie. Antibiotique costaud, dialyses répétées et l’oncologie en attente, toujours. Succession de mauvais résultats aux prises de sang, une rate alarmante.  La spirale n’en finit pas.

    Un psychologue est en marche, pourvu qu’il puisse l’aider à lâcher.

    Contacts avec l’aide sociale de l’hôpital, attente nécessaire vu les circonstances. Cela bougera t-il enfin? Des années que les aides sociales locales ne répondent que: “ On ne peut rien faire.”

    Vieux chien et chat malades, seuls à la maison. Qui en voudrait? Heureusement, des voisines s’en occupent. Après une semaine, filer chez le vétérinaire pour soigner le toutou, sénile, en fin de vie. Combien de temps encore? Où mourra t-il?

    En parallèle, angoisses, délires, abattements, inertie, agitations… Des années de souffrance, d’incertitude, de confusion commencent à prendre sens avec un diagnostic de maladie qui se précise, ailleurs. Là, aussi, prier le ciel pour que des professionnels s’en chargent. Ce poids est vraiment trop lourd, la limite est atteinte depuis des années.

    Autant de kilomètres en voiture ces dix derniers jours qu’habituellement en six semaines. Quasi entièrement au service d’autrui. Comment faire autrement face à de telles urgences et détresses?

     

    Et continue le quotidien, cahin- cahan.

    Informer tranquillement et clairement le fiston qui se révèle étonnant de maturité, de sagesse au milieu de ces événements chaotiques... pendant qu’il casse les pieds à hurler devant ses jeux en ligne jusque tard le soir, à tout faire au dernier moment, à laisser sa chambre en décharge  par flemme et désintérêt.

    Le travail en échappatoire salvateur, les amis, les bulles d’espérance et de partage. Surtout veiller à garder ce qui est bénéfique tant au corps qu’à l’esprit et l’âme. Il serait vraiment catastrophique que Devic se la ramène dans un tel contexte.

    Les restrictions permanentes par manque de moyens et de temps. Comme, par exemple, ces bottes aimées qui lâchent; vivement les beaux jours car il n’y a plus de chaussures de saison disponibles, ni les moyens d’en racheter.  Il s’agit de s’adapter avec les moyens du bord, en permanence.

    “Mais il y a tellement d’aides”... Et ben non.

    Quoi alors?

    Faire au fur et à mesure, à hauteur des capacités, au gré des circonstances, sans penser à demain, à ce qui pourrait arriver. Rester au présent, résoudre un problème après l’autre. Chaque jour suffit sa peine.

    Demander à l’univers que  chaque professionnel s’implique et fasse sa part afin que je ne sois pas écrasée par les responsabilités de toute part. Lui demander également d’avoir le temps de prendre le temps afin que les événements présents et à venir se passent au mieux.

    Ce qui nous tient? L’humour, persistant, jusque dans les situations d’urgence, jusque dans ces basculements aux limites de la mort.

    Ce qui me tient? L’ingéniosité, l’inventivité, le pragmatisme, l’intégrité et le respect autant que faire se peut de moi- même, la mesure du prix de la vie, de chaque être, de chaque instant.


    C’est qu’avant de mourir, il y a une vie à vivre, unique, éphémère, fragile, une vie à alimenter d’amour. Nous n’avons pas de temps à perdre.

    « Accessibilité. Passage fugace. »

  • Commentaires

    1
    kosok
    Mardi 15 Mars 2016 à 18:56

    C'est poignant! Tout sonne juste, pourtant c'est si injuste à vivre! Je t'embrasse affectueusement, si  seulement j'avais le pouvoir d'enlever un peu de peine qui transpire dans tous ces mots...

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