• De la voiture. 1.

    Ma voiture a près de dix- sept ans, plus de 200 000 km au compteur, ce n'est pas une diesel et elle perd des morceaux de temps en temps. Pourtant, cette vieille guimbarde déglinguée fait son office et j'apprécie son confort. Comme elle est déjà cabossée, sale et rouillée, je me fiche royalement des rayures, taches et bosses. Ma sœur la dit poubelle, j'avoue qu'avec tout ce que je trimbale, elle y ressemble souvent. Je l'entretiens au petit bonheur la chance grâce à l'aide de nombreux contributeurs sans qui ce me serait beaucoup trop coûteux et elle passe les contrôles techniques. Quand elle lâche, je suis dans la merd... euh… l'embarras.  Si panne et casse me sont aisément envisageables, je n'imaginais pas le vol vu son état et les berlines alentour. C'est cependant ce qui arriva en septembre alors que j'avais repris le travail depuis quelques semaines.

    Je descendais chargée de plats préparés la veille pour une réunion de travail suivie d'un repas à 40 km de chez moi. J'ouvris la porte du garage normalement, du moins avec le jeu observé depuis une vague de cambriolages quelques mois auparavant et atteignis acrobatiquement la porte côté conducteur. Je remarquai que le toit ouvrant était entre- ouvert... «Tiens, je ne me souviens pas de l'avoir ouvert.». Je posai mon bardas sur le siège passager et découvris les dégâts: le vide- poche arraché cassé en deux, le plastique côté conducteur pareillement, les câbles pendouillant déconnectés. La voiture ne démarrait plus. Sortie annulée.

    D'un calme olympien, je repris mes affaires et remontai pour prévenir collègues et supérieure puis appelai la police. Ils arrivèrent quelques minutes plus tard avec un appareil photo et le carnet de notes. Je portai plainte, pour le principe car l'assurance ne prit rien en charge: aucune trace d'effraction et ma voiture trop vieille ne valait pas assez pour être couverte contre le vol et la tentative de vol. Youpi. Toutes les démarches se firent par téléphone. Voulant prendre le vélo pour un déplacement le lendemain, je constatai aussi le vol du VTT de mon fiston dans le garage à vélo. En plus d'avoir une clé ou un passe pour aller et venir à leur guise, ils se servaient allègrement sur des objets préalablement repérés. Ma voiture en était, certainement pour des pièces et si elle est restée, c'est parce qu'elle a un anti- démarrage codé, inattendu pour le-s voleur-s. Je perdis en outre plusieurs heures salariées le temps de m'organiser.

    Une chaîne de solidarité se mit en place: ma mère me prêta sa voiture pour le temps d’immobilité, une copine me mit en contact avec un réparateur qui vint rapidement remettre les câbles et quelques jours plus tard bricoler un truc pour le toit ouvrant forcé. Il enleva le système d'ouverture puis le condamna en le collant avec du joint de pare- brise. J'en plaisantai: dorénavant, j'ai un panoramique ( accessoirement, il ne pleuvra peut- être plus à l'intérieur). Il travailla avec soin, aussi, je lui donnai ce qu'il demandait bien que la somme pesât sur le maigre budget, bien plus que ce à quoi je m'attendais. Les plastiques restent difficiles à trouver car la voiture est vieille, série spéciale fin de modèle, je roule donc sans. J'ai à retourner de temps en temps à la casse histoire de voir si par hasard, ils sont trouvables; j'avoue que je ne suis pas très motivée du moment que je peux circuler.

    Entre les deux réparations, je me rendis au garage de la marque pour un contrôle- sécurité gratuit. A l'accueil, je racontai l'aventure. A l'âge de la voiture, l'interlocuteur eut une légère réaction, quand je lui dis qu'elle venait de subir une tentative de vol, il écarquilla les yeux. J'attendis sur place en sillonnant les allées entre voitures neuves et d'occasion, m'étonnant de ces grosses machines de métal et plastique, de leur prix ( « Comment peut- on mettre autant d'argent là- dedans?»), riant des arguments publicitaires et visant une station de chargement pour voiture électrique dont les affichages vantaient les mérites ( « Quelle fumisterie ces voiture nucléaires! » ). L'examen terminé, je fus hilare: le contrôleur expliqua interloqué que tout allait bien, que je pouvais rouler en toute sécurité. « Sans plastique et quand il ne pleut pas! » répondis- je. Il approuva quand j'ajoutai plus sérieusement, « C'est que je l'entretiens. ». Toutes ces circonstances étaient véritablement cocasses.

    ( à suivre)

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