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    Pendant que la colle à bois prend, je m’arrête devant l’écran pour y relater mes aventures. Hier, c’était le produit à détapisser, demain la peinture, les journées sont archi pleines alors que le quotidien et son lot de tâches répétitives ne s’amenuisent guère. M’est- il possible de rester tranquille ? J’en doute. Il n’y a que la maladie pour m’ y contraindre… et encore !  J’ai de nombreux travaux en réserve à montrer, travaux exécutés malgré les handicaps moteurs et visuels ; j’ai toujours, omniprésentes la lutte et la résistance dans la récupération de capacités physiques. Au moins, les crises de fatigue qui me prennent subitement me poussent à m’asseoir et à vous écrire.

     

    Juillet et août ont été tranquilles, de mon point de vue bien qu’à y regarder de plus près, j’ai tenté au maximum d’occuper les journées notamment avec le loustic qui s’ennuie facilement hors de ses jeux électroniques refuges.

    Nous avons eu la visite de Mariev et Coq, quelques sorties dans des musées, des marches épiques, quelques belles victoires sur les impossibilités facilement mises en avant par quelque défaitiste.

     

    Par exemple, je suis particulièrement fière de raconter les longueurs faites à la piscine. Là-bas, les fuites de pipi sont invisibles, les troubles de l’équilibre oubliés dans l’eau, je vois comme avant sous l’eau et les regards portés sur l’horloge évoquent avec bonheur la récupération de la vue. Il y a quelques mois, je n’y voyais rien et devais demander l’aide de quelqu’un. Désormais, je regarde avec délectation les aiguilles, la trotteuse, les aiguilles de couleur pour se chronométrer et même la jaune sur fond blanc est à ma portée. C’est un cadeau inestimable car perdre la vue était certainement une de mes plus grandes craintes.


    Je suis fière également de dire qu’en fin juillet, j’ai marché 3h sur  10 km avec mon fiston à la recherche d’un camp romain introuvable dans la forêt (un fossé et quelques remblais de terre) ; nous avons tout de même pu marcher sur une ancienne voie romaine (là, à côté) en écho à celle parcourue en mai lors de notre escapade chez Mariev.  Portée par le ras- le-bol de voir mon garçon s’ennuyer à la maison et devenir désagréable, j’avais programmé cette sortie entre lui et moi en sachant pertinemment que la randonnée était de 10 km. Je me sentais capable de la faire et bien que laborieuse, j’ai persévéré pour gagner la partie, non mais ! Bon, j’avoue,  j’ai dû m’arrêter trois fois pour me reposer et soulager ma vessie capricieuse.

     

    Il y eut la fête nationale où j’ai dansé comme une folle au milieu de gens coincés. J’ai l’air bourrée quand je perds mes équilibres et je m’en fiche, c’est tellement jouissif pour moi, une transe respirant/aspirant la vie que la danse. !  Et ce feu d’artifice avec ces photos drôles et improbables faites au hasard :


     

    Le feu jaillissant d’un chapeau pointu, n’était-ce pas approprié sous le regard d‘une fée humaine ?


    D’ailleurs, à propos de feu, mes pensées me ramènent à ce blog où j’aime me torturer les méninges : Zeugma . J’y dépose quelques commentaires très humblement parce que je m’y sens toute petite dans mon ignorance. J’ai eu l’agréable surprise d’y trouver un réponse de Taneb qui m’a beaucoup touchée (après m’avoir remué les méninges, évidemment) ; il a trouvé un superbe anagramme de fée des agrumes et c’est une découverte magique : messager de feu. C’est beau n’est- ce pas ???

     

    Il y eut nos voyages dans le temps.

    Promenades vers les ruines d’un château perdu dans la forêt où l’envie de faire du Qi gong avec l’arbre me prit au grand dam du fiston et les étranges personnages mystérieux figés dans les arbres, entre sourire et tête de gardien.

         


    ils ont bougé quand ils ont vu l'appareil...  à moins qu'ils n'aient jeté quelque sort pour se voiler dans le flou...

     

    Sortie en fête médiévale et spectacle sons et lumières. Magique, magnifique moment avec mon garçon qui spontanément y retrouva un camarade de cp sans qu’ils se souvinssent l’un de l’autre. J’y ai rencontré des amateurs de fantasy aux costumes superbes et le projet de les rejoindre dans leurs regroupements de jeux de rôles en vrai (waouh). Pique-nique frites saucisses sur la pelouse loin des obsessions alimentaires ou sanitaires, la mise en scène d’une légende locale et un beau feu d’artifice surprenant. J’en retiendrai l’accoutrement de mon garçon qui d’emblé me fit penser à un hobbit prêt à partir à la guerre.

          

     

    Nous avons pédalé à travers bois et champs ensemble sur des chemins dont il me parlait depuis des années .Découverts lors d’une promenade scolaire, il avait tellement envie de partager ces lieux avec moi qu’il insistait et insistait pour que je l’y accompagnasse. Cet été, l’occasion se présenta et je savourai la beauté des sentiers, de la lumière à travers les feuillages, les fougères, les fleurs, les herbes folles, les arbres, les mousses.

    Comme il trainait et posait le pied en soufflant, je le taquinai : « Et ben dis donc, c’est qui la vieille malade  handicapée ?? ». Nous avons ri ensemble, de bon cœur, la situation étant cocasse au regard des mois passés dans le désarroi des incapacités physiques. Exutoire salvateur.

     

    Quand les activités sont intéressantes, il n’est guère nécessaire de se réfugier dans le monde virtuel des jeux vidéo. Etre simplement ensemble à partager ces instants de rien comble nombre besoins. Oublier la peur et la colère, être ici et maintenant, hors du vaniteux contrôle chimérique qui ne conduit nulle part hormis aux impasses. Ces sorties ont parsemé cet été aux journées mollassonnes et enfermées. Je me préparais physiquement au chambardement de la rentrée.

     


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    Les jours se suivent en agitation folle ; dans la cohue, les doigts me chatouillent parce qu’ils ressentent le besoin de pianoter la symphonie frénétique du quotidien des dernières semaines.

     La vague est si énorme que je reprends lentement le clavier afin de laisser mûrir les sensations, les pensées, les fulgurances qui s’offrent à mes yeux intérieurs. Le sentiment de passer définitivement une frontière se concrétise, je suis dans une vie autre, une dimension autre. Sentir concrètement la vie s’échapper m’a sauvée d’un parcours de souffrance abominable avec la claque de la maladie. Pouvais-je imaginer pareille aubaine ?

    Ainsi donc, je reviens vers vous, amis lecteurs parce que, au fil du temps, je mesure le manque de nos échanges. Voyez- vous, vous aussi êtes partenaires de ces changements intérieurs devenus extérieurs.

     

    Le déménagement plonge ses racines dans l’aventure des dernières années, c’est une histoire ancienne. Depuis plus d’un an, dans l’agacement et les tremblements passagers du doute, je me rassurais en écoutant cette intuition : si je ne peux pas partir, c’est que ce n’est pas le moment, que j’ai quelque chose à faire, le départ se fera en son heure.

    Je conterai les chemins tortueux de la trouvaille d’un nouvel appartement dans des épisodes ou un article long ; ce ne fut pas une sinécure, loin s’en faut. Pareillement, le cheminement de cette idée de départ est un reflet des circonstances de la vie où j’errais éperdue, acculée, révoltée, impuissante, incrédule persévérante malgré tout avec l'énergie du désespoir.

    Enfin, ce mois de septembre s’amplifie des victoires des derniers mois dans l’âpre obstination face à la violence de la maladie et ses conséquences.

     

    J’ai tant à raconter d’autant que ces derniers mois sont dans la lignée de ceux  passés depuis 2006 particulièrement, eux-mêmes en suite des années d’existence précédentes, lointaines et profondes.

     Le récit de la maladie était en cours, je vous promène dans le temps allègrement, en divagations spontanées. Que ces écarts spacio- temporels n’embrouillent ni mon discours ni votre vue d’ensemble de ce que je vis véritablement comme une voie initiatique entre douleurs et libération, souffrance et paix, mortification et résurrection.

     Mystique laïque, mécréante agnostique, rationnelle sensible, entre autres. Sans religion ou élucubration dogmatique. Simplement humaine et sans prétention de détenir une quelconque vérité, seulement une expérience toute personnelle.

     

    A bientôt sur les voies aléatoires de mes chemins de traverse. 

     

     

    Ps : j’aime travailler mon style sur ces petits textes, en orfèvre curieuse.


     


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    Dans l’agitation de la vie des dernières semaines, je prends un petit temps pour donner quelques nouvelles. Autant le dire de suite, c’est le grand chambardement et le temps d’écriture est plus que restreint. Aujourd’hui, c’est entre deux : celui des premiers mouvements et celui du gros œuvre. J’en profite également pour m’asseoir, écouter de la musique, circuler sur le net et laisser cet article presque tranquillement dans le capharnaüm environnant.

     

    Août a été nonchalant avec des moments précieux et forts, hymnes à la vie et aux possibilités qui s’offrent à moi malgré la maladie et le douloureux parcours des dernières années.

    Septembre est particulièrement mouvementé parce qu’enfin, je me LIBERE de cette maison aux multiples possibilités, violente impasse pour moi. Je remplis d’un côté, vide de l’autre, je trie et organise, je déconstruis et reconstruis, je fais mon deuil de certains attachements coriaces, je nettoie ici et salis là, je marche vite (parce que je ne peux pas encore courir.. j’y travaille, je vous raconterai plus tard)  aux quatre coins, j’appelle à l’aide opiniâtrement, je connais des états d’abattements, de tristesse, de joie, de peur, surtout un soulagement profond, la certitude d’être dans les possibles aussi coûteux que cela puisse être et non plus dans cet enfermement aliénant. Je compense la petitesse des moyens financiers par mon énergie et ma capacité d’adaptation (photo du bureau sur lequel je vous écris aujourd’hui à venir, pour exemple, entre autres) même si mon corps me rappelle à l’ordre régulièrement entre perte d’équilibre, malaise, lâchage de la vessie et grosse fatigue soudaine qui m’abat sur place, immédiatement.

    Forcément, je fais tout de travers, rien comme il faut, c’est très lent et incompréhensible pour certains… et pourtant, j’ai la foi que j’y arrive, autrement, simplement.  Je me redécouvre aussi.

     

    Les événements se succèdent, s’accélèrent, les circonstances valsent allègrement et je tourne les voiles selon les vents, je navigue à vue, je louvoie. Quand le quotidien sera apaisé, je vous raconterai mes péripéties toujours hautes en couleurs, comme d’habitude.

     

    Au plaisir de vous retrouver.  

     

    Ps : merci la wifi découverte par hasard ! Sans elle,  je ne pourrais pas être sur le net !


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  • Il y a quelques semaines, j’ai pensé avec agacement que je ne lisais pas suffisamment à mon goût.

    Je me couchais aux heures habituelles et la fatigue de la journée me coupait les moyens de continuer la lecture du livre de chevet. Je n’avais pas l’impression d’avancer alors que la liste des livres qui m’attiraient ne cessait d’augmenter. Les insomnies sporadiques ne sont guère propices à la lecture d’autant que chaque plage de sommeil m’est hautement précieuse ; rester ne serait- ce que couchée sans rien faire est un instant de repos appréciable. Les levers répétés dans la nuit pour filer aux toilettes quand mon système urinaire manifeste son mal être m’ont amenée à en mesurer la préciosité.

     Cependant, à côté de l’ordinateur, une pile de livres et de disques s’élève, ils attendent leurs comptes- rendus de lecture , les listes des œuvres empruntées à la médiathèque sont interminables, bourrées au maximum, entre les kilos ramenés à la maison et la liste des réservations inlassablement pleine au point que je suis allée grossir celle du fiston.

    Que se passe t-il alors ?

     Et bien, je lis sans cesse, dans chaque pièce, à l’intérieur et à l’extérieur des murs de la maison en bourrant mon sac à la moindre sortie à attente, j’écoute avec délectation les livres lus du bibliobus… Je suis curieuse par nature, boulimique de toute connaissance depuis fort fort longtemps, j’ai des souvenirs même de lecture dans la rue, en marchant, c’est dire. Là, j’ai des mois d’aveuglement à rattraper, des mois de renoncement !!!

     Il y a également du recentrage dans mes préjugés d’autrefois. Désormais, j’ai pris conscience que lire est une activité infinie et liée aux circonstances, à notre moi ici et maintenant. Nul n’est tenu de lire par obligation en dehors d’une voie scolaire… La lecture de cet essai  Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?  m’a éclairée. Je ne mets plus d’échelle de valeur.

    Les études des livres de techniques en travaux manuels, de jardinage ou de cuisine nourrissent ma culture au même titre que les livres de linguistique, de philosophie, d’histoire ou de psychologie. C’est également mon moi intérieur qui s’exprime inconsciemment dans les choix spontanés des livres lus pris à la va- vite au bibliobus.

     Je vis mes amis, j’existe et je nourris mon être parce que je suis en pleine renaissance depuis ces jours de janvier 2007 où le traitement a eu ses premiers effets. S’il m’est parfois difficile de garder la ligne générale du blog, submergée que je suis par les événements du présent, je tâche de rester cohérente.

     Au quotidien, je savoure avec joie l’écriture au passé des récits des heures sombres de la  maladie.  Certes, nul médecin ne peut me garantir que j’en ai fini avec elle, elle est tapie au creux de mon corps comme l’évoquait un rêve dont je parlerai en son temps, je vis quotidiennement avec ses conséquences physiques, elle a néanmoins donné la mesure de mon existence, chacune des petites choses que je peux faire relève du miracle ; je lui en serais quasiment reconnaissante. Maladie de Devic, maladie de vie… slurps, au risque de choquer.

     Avec mon fiston, nous évoquons nos peurs,  nous parlons du passé, du présent, et du futur. Des pages se tournent et les bouleversements intérieurs des derniers mois portent ma vue vers d’autres horizons. Chaque jour est un cadeau, il est temps den finir avec le gâchis.

    Inévitablement, mes orientations me conduisent vers d’autres optiques, je rencontre des personnes différentes, mes relations changent et je me sens vivante comme jamais.

     Ainsi, je lis, j’écoute, je dévore ! Et ces œuvres lues, écoutées ou vues qui jalonnent mon quotidien, inévitablement, parlent de ce que je suis et de mon cheminement.

    Un seul livre lu il y a longtemps dont le compte- rendu est prêt depuis des mois attend son heure. Rien qu’à son titre, il criait pour moi. Pour vous aussi, fidèles lecteurs, il prendra son sens.

    Dans des mélanges spatio-temporels, je parle de mon cheminement. Les articles en récit de la maladie n’arrivent pas par hasard non plus.  Si cohérence il y a dans mes divagations épistolières vers vous, elle ne se trouve qu’en moi. N’est- ce pas un merveilleux soulagement que de s’accepter dans son humanité imparfaite, partiale, aléatoire et faillible ?


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  • ... et autres détours ...

     

    La reprise du travail se fait laborieusement entre les aménagements qui n'arrivent pas pour cause de réduction des budgets à l'Education nationale et des stagiaires appelés désirés malgré les multiples demandes répétées depuis mon arrêt de travail en juin 2006.  Il est heureux que mon état s'améliore parce qu'en cas contraire, il m'aurait été impossible de persévérer dans cette reprise. Il est heureux que je sois opiniâtre et si chanceusement entourée tant au travail qu'avec l'équipe d'insertion professionnelle de l'hôpital. A moins que ce ne soit ma personne qui incite à tant de mobilisation ? Toujours est-il que nous avançons en mêlée comme au rugby ! Combien d'autres baissent les bras et/ ou sont remerciés, renvoyés à la maison avec souvent trois fois rien pour vivre. (A ce propos, allez faire un tour sur ce blog d'insoumis à la misère ici).


    Ces contrariétés ne m'empêchent nullement de retrouver avec enchantement les joies et les trésors de mon métier. Sans stagiaires, je m'occupais à ranger et aménager les lieux pour compenser mes handicaps, à mettre en place des supports informatiques appris pendant mes trois longues années d'arrêt où l'Internet a été la seule fenêtre sur le monde quand mes yeux me l'ont permis, à savourer la présence de mes adorables collègues. Peu à peu, j'ai repris mes marques et essuyé les plâtres du métier avec le handicap, la fatigue et les pipis urgents à gérer. Certains stagiaires connus avant la maladie sont enchantés de me retrouver - amaigrie mais debout - et les nouveaux s'illuminent après la surprise de ma rencontre. La générosité, la spontanéité et le naturel ne sont-ils donc pas si répandus ? Allez, je charrie là, je sais pertinemment que je déroute, trop habitués que nous sommes à jouer des rôles formatés par des lois sociales non dites.


    Je n'ai pas fini de vous parler de mon métier en sacerdoce, vocation et convictions, c'est un sujet récurrent généré par mon enthousiasme. Aujourd'hui, j'ai envie d'évoquer la joie profonde qui m'habite à l'exercer. J'ai entendu sur France Inter parler de deux tomes Les intellos précaires au sujet de ces diplômés, surdiplômés exerçant des métiers peu payants sur le plan financier, matériel et social avec pourtant l'adhésion et la foi en ce qu'ils font... J'aime assez me classer dans cette catégorie depuis.

    Ainsi, je croise des femmes qui changent totalement de vie à des âges variés pour devenir aides-soignantes ou infirmières, stressées et tendues par les écrits, les oraux qui les attendent. J'aime les taquiner, les tourmenter sur les aléas de leurs travaux et exposés, ne me piquant aucunement de quelques informations contredisant parfois mon approche. La confiance s'installe rapidement et je suis heureuse de leurs visages  qui se décrispent et sourient de leurs réussites et erreurs.

    Je croise des personnes venues d'autres pays : Russie, Ukraine, Thaïlande, Turquie, République Dominicaine rien qu'en quelques mois d'exercice. J'avais comptabilisé 22 nationalités la première année et puis, j'ai arrêté ; les chiffres me dépassaient. J'aime me plonger dans d'autres univers, regarder le monde à travers d'autres yeux, apprendre d'eux ce que nous ne pouvons voir ici. Je baragouine en russe, en turc, en allemand, en anglais, mêlant les langues dans ma petite cervelle qui ne s'en sort pas. Comment organiser une telle pagaille ?


    Dans la foulée, logiquement, j'ai retrouvé l'excitation des invitations. Ainsi, j'ai fêté Pâques à l'ukrainienne avec un repas pantagruélique mitonné par l'adorable Irina et dansé sans cesse à un mariage turc. J'y ai rencontré de nombreuses anciennes stagiaires ; trois enfants et une nouvelle maison pour celle-ci, le permis de voiture pour celle-là, les enfants qui grandissent, le français en berne ou en progrès, la surprise d'apprendre qu'une rumeur avait couru que j'étais morte. J'ai dansé et appris de nouveaux pas de leur danse traditionnelle des mariages   exécutée en ligne: yalay.

    J'étais bras nus et décolletée parmi des femmes voilées.

     Et oui, la Turquie est loin d'être ce que certains peuvent en dire : au sein d'une même famille, telle fille portera minijupe et chemisier ouvert, sa sœur sera voilée et couverte entièrement, Turquie et France sont les seuls pays laïcs du monde ; là- bas aussi, le voile est interdit à l'école et l'université publiques.


    Il y a beaucoup à apprendre au contact de ces populations.


     Ces vies croisées venues d'ici ou d'ailleurs, de plus ou moins loin, dans des circonstances dramatiques, hasardeuses ou énergiques me font parcourir le monde (sans polluer sivouplè) . Je me souviens notamment d'une conversation avec des voyageurs revenus de Turquie. Je n'y étais jamais allée à cette époque et je réalisai que j'en savais plus qu'eux sur les habitudes quotidiennes, les spécialités, le mode de vie. D'abord décontenancée, j'en fus finalement très fière. Quand j'arrive dans des pays partagés en France, je suis dans une position toute autre qu'un touriste débarqué là sur catalogue, mes vacances n'en sont que plus belles. (Vous pouvez regardez ou par exemple). Il me reste à récupérer physiquement et à économiser pour accepter enfin, les invitations en Ukraine, en Russie, au Maroc, en Turquie, en Chine, en Thaïlande ou au Brésil. Il y a aussi la Hongrie d'Ester ou la Géorgie et peut être à nouveau la Norvège. Qui sait ?

    A la rentrée, je repartirai sur les chapeaux de roue avec des projets en pagaille car la maladie m'a coupée de certains apprentissages en bonne voie. Certains ont cheminé de leurs propres ailes pour mon plus grand bonheur, d'autres n'attendent que moi pour reprendre la route. Je suis là, prête à continuer ma tâche le cœur vaillant et enrichie de l'expérience des  trois dernières années.


     « Vous êtes dans le don »  me dit si justement cette jeune ukrainienne à qui je donne des cours depuis des mois dans le village. Je suis d'accord pour ce qui est du don de soi et de l'énergie, par contre, j'aime mieux dire que je suis dans le partage. Parce que d'eux, j'apprends chaque jour sur le monde, l'humain, ses représentations ; j'écoute leurs difficultés et leurs tourments, ils me nourrissent et m'enrichissent de leurs visions du monde. Je suis pleinement humaine en leur compagnie et en soi, c'est inestimable. Dans le respect et l'estime mutuels, dans le partage et la recherche, c'est notre humanité tout entière que nous rendons plus belle, non ?


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  • Ces quelques jours ont été riches en émotions et découvertes, encore et encore. En symbiose totale avec le dehors, en paix en interne, je m'émerveille décidément de ces expériences fortes et  riches.


    Ma vie s'active, je m'occupe pleinement portée par des vents surprenants  et  aléatoires ; les activités remplissent mon quotidien dans une course miraculeuse rebondissante. Chaque matin, je suis sereine devant la page vierge offerte et je vis ainsi au jour le jour, en pleine conscience. Chaque jour est réellement un cadeau précieux.

    Mon ciel est éclatant et si quelques  coups de tonnerre tonitruants se font entendre, je les laisse gronder, les renvoyant à leurs propres égarements, peu m'importe. Bana ne ! Comme le disent si consciemment les Turcs, sorte de « peu m'importe », (littéralement : à moi, quoi ?) dont je me régale. Il y a dans cette expression tout le centrage nécessaire à soi et le détachement des travers des autres, les renvoyant à leur responsabilité.


    Inévitablement, le temps me manque pour coucher ces phrases et tournures qui passent et repassent à mon esprit, de ci, de là, fugaces ou lancinantes.


    Permettez- moi d'en faire le tour par les mots, j'ai besoin de temps.


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  • En écho aux chroniques de Mariev, je me chargeai de quelques dérivés en la matière pendant notre retour au bercail relaté hier.


    Pour cause de vessie capricieuse et rancunière, j'avais emmené, prévoyante, un pantalon et une robe. Je ne pensais pas mettre cette dernière ne partant que trois jours, elle n'allait pas me faire des histoires en si peu de temps cette chipie de vessie... Je me trompai et chaque jour, j'eus mon lot d'incidents. Ne me restait donc plus que cette petite robe noire à la jupe mini mini.

    Montrer les jambes  n'est pas un problème, elles sont plutôt jolies et j'avais en prime entrepris une opération déyétisation (expression de ma sœur évoquant la perte des poils d'hiver, hihi) avec l'idée de barboter dans la mer, c'était bien parti, à priori. Si les robes sont irremplaçables dans le combat quotidien contre les caprices de vessie, elles ne sont guère pratiques en voyage avec sac à dos. En m'asseyant, en remettant le sac à dos, j'ai montré allégrement mes rondeurs fessières à tout le wagon.  Non que je sois si persuadée que tous n'ont d'autre occupation que de me regarder, la situation cocasse nous fit rire fiston et moi. Après tout, personnellement, je m'en fiche de passer pour une gourde à voyager en tenue si mal appropriée, je suis heureuse de constater combien la relation au corps a changé chez moi en grand bénéfice, combien désormais je me soucie si peu du jugement d'autres qui ne peuvent accepter leurs propres incohérences.


     Le plus drôle est arrivé dans les toilettes du train. Avant l'arrivée, je voulus préparer le long retour en voiture et éviter les toilettes payantes de la gare. Dans le bruit du train, j'entendis s'écouler un flot ininterrompu de liquide et je m'extasiai sur cette vidange inespérée et peu coutumière. Toute à mon extase, je réalisai soudain que mon pied était posé sur la chasse d'eau. Punaise !!!! C'était trop beau ! Scroumpf... Quelque peu déçue, j'entrepris de me laver les mains. Je pompai l'eau du pied, appuyant désespérément sur le distributeur de savon. Ça coinçait, forcément.  Enfin l'eau jaillit et je me précipitai vers le filet d'eau quand, à l'instant où j'enlevai les mains, le savon tomba lamentablement dans le petit lavabo. Stoppée avant d'atteindre l'eau, je revins vers le savon et l'eau s'arrêta. Croyez-le ou non, il me fallut plusieurs minutes avant d'avoir le savon+ l'eau et enfin pouvoir me laver les mains, perpétuellement entre l'un et l'autre à tenter d'en obtenir quelque bénéfice.


    Non non Mariev, je ne vaux pas tes épisodes Bridget Jones ! J'étais seulement en totale communion avec toi en ces cocasses minutes et cela m'a beaucoup amusée ! 


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  • Ce dernier jour se déroula au même rythme espagnol. La nuit de certaines avait été courte et le matin s'étira nonchalamment entre petit déjeuner et déjeuner parsemé de conversations toutes plus intéressantes les unes que les autres.  Nous avions prévu une promenade en quelque endroit, changeant de projet au regard de l'heure passant négligemment et au bout du temps passé à se laisser vivre, nous nous retrouvâmes à penser au retour vers la gare. Chacun s'attela à ranger ses petites affaires étalées à travers la maison comme si elle avait été partagée depuis longtemps ; Ursule le chien, contrarié par un traitement était particulièrement nerveux et s'agitait en parallèle de l'agitation de la maison.

    Je ne peux courir comme Coq, quoi qu'elle en pense, il fallait donc prévoir un retour plus large et le départ sonna vite. Le sentiment que je reviendrai commença à pointer plus précisément son petit nez quand je réalisai que la porte se fermait sur nous. Dernier regard béat sur le jardin sauvage de l'avant de la maison, ses fleurs et ses pousses anarchiques, toute la poésie de Mariev entre sauvagerie et sensibilité.

    Le trajet en voiture se fit quasiment dans le silence, entre amorçage de la prise de conscience de ce qui s'était passé ces derniers jours et pensée vers le retour à nos vies  quotidiennes ; «  Vous n'allez pas nous faire un coup de déprime tous les deux ! » lançai-je à Mariev évoquant les sentiments perceptibles en elle et chez Ursule d'autant qu'une migraine commençait à la déranger. Là, en cet instant, que pouvait-elle exprimer ?   Nous avions encore tant à nous raconter, la séparation ne pouvait être définitive ; ce n'était pas la fin d'une escapade mais certainement le début d'une grande aventure.

    A la gare, les au revoir pincèrent quelques cœurs, nous, voyageurs songions à attraper le train et composter les billets, trouver le quai dans une légère fébrilité ; j'étais quelque peu préoccupée par le repas du soir complètement occulté dans les préparatifs de retour ; pendant ces trois jours d'ailleurs, seuls les manifestations physiques de la faim m'avaient ramenée à la nourriture terrestre. Mon garçon, lui, de ses 12 ans, vorace ne saurait se restreindre ; ma foi, je me laissai porter par les événements et ... Pandora, grande voyageuse devant l'éternel qui s'occupait de la direction de l'opération- retour (j'aime bien désormais me laisser prendre en charge, c'est reposant héhé).

      Fiston et moi fîmes notre premier voyage en TGV jusqu'à Lyon, au premier étage. Les paysages évoluaient au fur et à mesure de notre remontée vers le nord et je pensais à ces contrées visitées autrefois dans des circonstances rébarbatives en compagnie de négativistes.  Ah, mon ami Boris, l'ensorcèlement est si variable ! Prenez la même personne dans le même décor avec d'autres compagnons et tout est transformé. N'avais-je pas mis plusieurs jours à réaliser que je me rendais sur ces terres où un être qui m'a blessée profondément parce que lui- même blessé était enterré ?

    Lorsque nous arrivâmes à Lyon, Pandora m'indiqua qu'elle avait aperçu Coq. Incrédule, je lui fis répéter, « qu'est- ce qu'elle ferait là ? »  Bah, je me dis que Pandora avait confondu avec quelqu'un dans la foule agglutinée sur le quai ... A la sortie du wagon, voilà qu'elle se mit à la chercher et la trouva effectivement. Dans l'enchantement continuel de cette rencontre, elle était venue exprès pour nous revoir, s'excusant de l'absence de Panda trop fatigué... Quelle surprise enchanteresse, jolie Coq !  Généreuse et spontanée, surprenante et attachante Coq ! En même temps, je ne suis pas surprise, je te reconnais parfaitement dans ces élans. Les friandises qu'elle offrit à mon garçon  furent plus qu'appréciées, il rayonnait de la revoir... et puis, nous aussi.

    Elle nous accompagna jusqu'au train sur un autre quai bombé, j'étais ravie d'être en de si bonnes mains dans cette gare que je ne connais pas, sans repère quand je ne vois pas très bien. J'avais néanmoins remarqué au départ que contrairement au voyage de l'été 2008, je pouvais lire les panneaux animés annonçant les trains et leur quai. (Très drôle cette remarque « à l'heure », est- ce donc si spécial ? A moins que ce ne soit pour tenter de conjurer la mauvaise réputation de la Sncf ? Hihi.) Nous embarquâmes en bousculade par la première porte, nos places étant plus en avant mais il nous était difficile de courir à l'autre bout du train. Pandora et mon garçon me décrivirent Coq qui accélérait le pas jusqu'à la course pour nous saluer le plus longtemps possible; je ne voyais rien, ma tête visualisa la situation en dessin : Coq écartant les ailes pour voler sur le quai. Pourvu que sa maladresse légendaire ne l'ait pas précipitée dans un quelconque vol plané final en bout de course !  

    Sur le dernier parcours du retour, nous discutâmes tranquillement, Pandora étant très fatiguée de sa courte nuit. Nous grignotâmes dans le paquet offert par Mariev et gloutonnâmes les barres chocolatées de Coq avec délectation ; ces petites attentions avaient le goût de la générosité de leurs cœurs.

      Fiston embrassa Pandora de ses bras et de ses lèvres à plusieurs reprises quand d'habitude, il est farouche et sauvage, grossier parfois aussi, il m'étonnait vraiment. Des étoiles scintillaient dans les yeux de Pandora et je fus touchée, j'avais l'impression d'avoir accès à son âme. Aucun mot ne me venait pour comprendre ce qui s'était passé depuis notre départ jeudi. Sont-ils seulement nécessaires ?  Une aventure unique et incroyable ? Des rencontres comme on en fait peu dans une vie ? Une communion d'âmes peut être ?

     

    En un instant oublié, Pandora reçut un message de Mariev, « Il pleut ». Me vint en mémoire la douce chanson d'Emilie Simon et je songeai : « Il ne pleut pas en mon cœur, je suis si heureuse de ce voyage. »


     Le retour dans la maison fut marqué par quelques manifestations physiques disparues pendant le voyage, cela nous étonna tant que fiston et moi nous regardâmes ahuris, question de foie et de digestion aux jeux de mots faciles à la lettre près.

    Malgré le retour tardif et la fatigue, je suis restée  plusieurs jours dans un état étrange, avec l'incapacité à mettre des mots, ne restaient que des sensations fugaces, des échos résonnant de loin en loin, tant dans l'interne que dans l'externe. Nous avons vécu une expérience  unique, je baigne dans un exceptionnel sentiment de plénitude et une ouverture formidable à soi et aux autres à l'évocation de ce périple. J'avais déjà pressenti cette mystérieuse familiarité avec Valérie rencontrée aussi par le blog. Oui, je le dis, ce fut une communion des âmes avec le sentiment d'avoir trouvé un part de moi et d'être complète. Quand l'autre en miroir merveilleux me renvoie à ma propre beauté de par  sa propre merveille, je rayonne de ce bonheur de vivre, d'être, d'exister et de rencontrer.

     

    Puis-je être pareillement un miroir reflétant votre beauté les filles, parce que croyez- moi sur parole,

    VOUS ETES MAGNIFIQUES !

     



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  • Le lendemain, petit déjeuner au soleil, dans le jardin. Les levers variables selon les besoins de chacun n’empêchèrent nullement la tablée de se réunir, nous y  trainions de longues heures, prenant naturellement un rythme espagnol, conversations sans fin entrecoupées de ci de là par des soupirs d’aise, des contemplations sereines du monde externe et interne.

     

    Dans l’après midi, fiston fit une crise à table qui me fâcha, il partit en pleurant après une scène de violence sourde. La conversation rebondit de plus belle vers la communication non violente et l’acceptation de soi ; je réalisai combien j’appréciai d’être au sein d’un groupe connecté à ses ressentis, en compagnie de personnes intelligentes de cœur. A aucun moment, il n’y a eu de jugement ou de leçons données.  La surprise de se prendre la réalité de la vie quotidienne dans ses enjeux profonds éclatait concrètement et non plus à travers des mots- tampon, le remue- ménage suivait le remue- méninge.

    Dès le départ, j’avais été étonnée  par la facilité avec laquelle mon garçon parlait avec ces « inconnues », lui aussi se sentait donc en confiance. Forcément il chercha les limites, rejoua des schémas relationnels de crainte d’abandon et de rejet. Il se prit quelques traits de Pandora, de Mariev très percutants, Coq fut douce. J’appréciai grandement et ne m’en offusquai pas, au contraire. Force est de constater qu’il leur en est reconnaissant puisqu’il embrassa tout le monde à plusieurs reprises, lui, le grand sauvageon. Parce que dans son agressivité, la première personne qu’il blesse, c’est lui- même. Les limites posées le protègent tout autant que les autres. Ah, la joie de la communication non violente qui éclaire nos travers et illumine la beauté de ceux qui ne jugent pas ! Un régal en ces circonstances !

     

    Nous avions envisagé une sortie à Nîmes que notre petit déjeuner/ déjeuner à rallonge grignota allègrement. Coq avait son train à 17h et nous quittâmes rapidement la table pour la conduire à la gare au grand dam de mon garçon qui avait pris goût à sa présence.  L’ambiance dans la voiture était particulière, nous n’avions pas envie finalement de nous séparer. La crainte d’arriver trop tard canalisait les attentions plus ou moins bien et c’est à grand fracas que Coq quitta la voiture sans que nous puissions nous dire au revoir. Je lui avais heureusement glissé un bisou en coin pour nous tous et nous nous demandions si finalement, ce départ précipité n’arrangeait pas la sensible Coq détestant les au revoir. Mon garçon avait lâché une remarque judicieuse qui exprime bien l’ambiance de ce premier retour à la gare comme je remarquai notre silence : «  Nous sommes peut être calmes à l’extérieur mais à l’intérieur, notre cerveau lui, il est tout remué ». Soupirs de nous quatre, n’avait-il pas dit l’essentiel ?

    Coq attrapa son train de justesse et nous allâmes déambuler dans Nîmes pour visiter les arènes.  Au grand drame du fiston, nous nous fîmes mettre dehors alors que la visité audioguide n’était pas terminée, non mais alors !! Apparemment, nous avions vraiment traîné d’un point à l’autre… enfin, parait-il parce qu’en ce qui nous concernait, nous étions au rythme habituel, c’est dire.

    Promenade dans les ruelles étroites de la ville où je vis des angles de perspective formidables à peindre et dessiner, petit verre de muscat sur une terrasse près de la Maison carrée. ( Incroyable les changements de la ville que j’avais connue noire et à forte présence automobile il y a une vingtaine d’années ! Le progrès a du bon quand les hommes le veulent bien)  Mon verre fut pollué d’un insecte à mi descente, pauvre bête sauvée et soutenue par une Mariev fidèle à elle- même. Ma foi, je picolai assez depuis deux jours.

     

    Repas tranquille au soir avec les appels et messages de Coq nous annonçant qu’elle était arrivée de justesse au wagon et sa ferme décision de se remettre au sport. Quand nous mîmes la table, fiston remarqua à voix haute ce que nous pensions tous  « Il manque quelqu’un », et oui, Coq, tu nous as manqué, il y avait un vide. D’ailleurs inconsciemment, une part resta sur le plat, c’était la tienne.

     

    Vers minuit, je laissai Mariev et Pandora à leurs conversations sportives, les marches de la journée m’avaient fatiguée et les histoires de treck m’achevaient !  Que nous la fassions, que nous la regardions faite par d’autres ou que nous y pensions, ce sont les mêmes zones du cerveau qui travaillent à l’activité alors autant dire que là, je n’aurai pas suivi le rythme plus longtemps. Dodo rapide au murmure de leurs voix en contrebas dans un bien-  être généralisé. Jusqu’à 3h30 du matin qu’elles ont bavardé ! Arg, je ne pouvais vraiment pas. 

     

    Cette nuit- là, je ne me levai pas jusqu’au matin ce qui est exceptionnel. Le corps a ses raisons et son langage, c’est une évidence qui se confirme inévitablement. Pas de mal de tête malgré fatigue et picole, pas de coup de soleil ni pour fiston ni pour moi et ce dans une illogique totale à nos peaux blanches lait et nos tendance à rougir à la moindre exposition rallongée. Par contre, la vessie, elle ne me lâcha, grrr  peut être à cause du coup dans les eaux froides, quelle rancunière celle-là… bon, d'accord, j'avoue, je suis peut être parfois trop tête brûlée... et je m'en fiche. 

     

     

     


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  • Voyage en train couchette confortable avec une facilité à dormir et me chauffer le corps, moi, si frileuse habituellement. Mon fiston surexcité (il n'a pas eu assez de gouttes homéopathiques celui-là) sautillait d'un point à l'autre, ne cessait de parler et gesticuler, potentiellement énervant ; mon calme intérieur ne faiblissait pas. Premières conversations avec la multitude des pensées se bousculant dans la bouche ravie de se poser en vibrant les cordes vocales et non du bout des doigts. Arrivée très matinale après une courte bonne nuit au ronron du train et une heure de retard que nous aurions pu passer à dormir, TOUS ! J'avais bien entendu et remarqué une agitation anormale dans la nuit, comment savoir sans communiqué officiel ? Nous regardions le lever de soleil en attendant la gare, l'impression de revenir vers de vieilles connaissances me remplissait l'âme. Mon garçon anxieux et surexcité, dans le contrôle, n'entravait pas ma sérénité.  


    Nos trouvailles se firent naturellement et j'embrassai Coq, Mariev comme j'avais embrassé Pandora, les entourant d'un bras chaleureux, entre générosité reçue et donnée. Ursule le chien prit corps et je ne fus pas surprise, un véritable cabot canaille adoooooooorable ! Quelques détails se montrèrent subtilement et malgré la vue faible des derniers mois, j'avais l'impression d'avoir toujours vu l'essentiel de ces trois compères virtuelles devenues chair.


    Nous roulâmes à la lumière claire et magnifique du matin jusqu'à un oppidum où un petit déjeuner impérial s'offrit à nous entre quelques soubassements de pierre, les herbes sauvages, les cailloux. Les voix chantaient, les corps se mouvaient avec grâce sans s'entrechoquer et en clin d'œil aux circonstances, mon kugelhof à l'épeautre fut entamé. Cette céréale consommée quotidiennement par les Romains nous accompagnait dans la magie de cet instant improbable. 

     Rapidement, Ursule et mon garçon sympathisèrent dans leur communion de mâââles courant dans tous les sens alors que fiston n'avait quasiment pas dormi de la nuit. Ils partirent en éclaireurs puis nous firent la visite des lieux pendant que nous nous laissions entrainer par la joie d'être ensemble. Etonnante facilité que fut la nôtre de se parler, étonnante facilité avec laquelle nous nous lançâmes dans le vif de nos sujets virtuels devenus réels. Les voix, leurs échos dans nos têtes, les intonations, les vibrations, les expressions favorites... Prendre corps et se trouver dans l'espace. Une étape dans la reconnaissance mutuelle. Reconnaissance de soi, de l'autre et de tout ce qui est donné depuis des mois. Tout y est, notre première rencontre s'était faite depuis longtemps, les masques n'avaient jamais existé, nous sommes authentiques et sincères.


    La déambulation de la journée fut nonchalante, sereine. Les activités se faisaient, les unes complétant les autres. Nos lectures et nos échanges virtuels avaient balayé nos internes et bien que ce fusse notre première rencontre physique, nous partagions depuis des mois nos univers internes ; seules les pudeurs du net tiraient leur révérence dans un climat de confiance mutuelle.


    La maison de Mariev est toute à son image, simple et travaillée, les objets posés dans un hasard heureux, des livres partout, partout, partout, son engagement pour la Terre dans les petites choses de la vie qu'elles se mangent ou non. Je m'émus de reconnaitre quelques coins entrevus sur le net, de pouvoir les resituer dans leur ensemble : ce petit bout de cuisine, le jardin rocambolesque avec ses arbres, sa mare aux canards-têtards, son potager, les élucubrations lutinesques, les os d'Ursule. Je souris en découvrant ses arrangements de petits cailloux sur les étagères, quelques images re- connues sur son ordinateur. Désormais, il ne me coûtera rien de la voir devant son écran et je m'en réjouis.  J'ai aimé retrouver dans cette maison ce que je connais de Mariev : sa générosité, son authenticité, sa simplicité, sa procrastinisation, sa curiosité, ses questions, ses quêtes, sa  chaleur, sa convivialité, son enthousiasme, ses doutes, ses hésitations entre l'ordre et le bazar organisé. Merci Mariev de nous avoir accueillies sur ton territoire comme des reines, tes petites attentions ont chauffé nos cœurs (je me permets de parler pour les autres là, hihi)


    Dans l'après- midi, nous partîmes à la plage. Il faisait bon, l'eau était froide, l'occasion trop belle : Pandora et moi nous baignâmes joyeusement sous l'objectif de Mariev et l'œil croqueur de Coq. Au cœur des eaux froides, nous échangeâmes, encore et encore, inlassablement. Entre l'ici et maintenant en Méditerranée, je voyageai en pensée avec elle dans ses trecks en haute altitude, trop heureuse de cette communion de pensée.

     Comme je grelottais, je sortis réchauffer mon corps transi sous les rayons du soleil. Variable caméléon, ma peau était bleue, violette, mes doigts jaunes, plus proche finalement de l'elfe que de la fée en ces circonstances. Le système nerveux traumatisé par la maladie avait peine à réguler la foule de tâches à gérer en ces conditions particulières alors que je me sentais si calme.

    Je vous assure, je n'avais pas froid, tout l'intérieur était chaud et doux.

     

     Fiston barbotait, gratouillait le sable, tout fou à sa première véritable sortie plage. Dans son monde, il jouait des vagues, des trous, du vent, des rigoles, des coquillages poussant des cris au froid des eaux. Aussi foufou que sa mère.


    Au soir, en pyjama ou chemise de nuit, barbecue arrosé de vins délicieux. « J'ai le ventre vide alors je ne réponds de rien ! » m'exclamai-je en me resservant ; je n'ai pas souvenir d'avoir autant bu, nous étions toutes si guillerettes, les paroles entrecoupées de rire. L'ambiance était si bonne enfant, comment aurais-je pu rester dans ma sobriété habituelle alors que nous partagions ces instants dans une générosité unanime ? Vers 22h, le fiston qui attendait pourtant à manger décréta qu'il allait se coucher. Ce comportement complètement inhabituel chez lui ne m'étonna guère, il avait passé près de 24h sans dormir. Le corps a ses limites mon gaillard  héhé ! Nous devisâmes tard dans la soirée de tout et de rien, joyeusement, sérieusement, retrouvant nos centres d'intérêts, naturellement. Avant le dodo, brossage des dents à plusieurs en concert des plus cocasses. Incroyable partage spontané d'intimité. 


    Je m'étonnai de ne pas être fatiguée en me couchant et le sommeil fut réparateur ; je n'eus à me lever qu'une seule fois.


     Magique.


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