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Par fée des agrumes le 23 Décembre 2010 à 22:45
Parce que mon garçon est parti chez ma mère jusqu’à demain, j’ai suffisamment de répit pour coucher quelques mots.
Je traverse actuellement une période très pénible et je n’ai plus ni le temps, ni l’énergie d’écrire. Ma santé n’est pas perturbée par Devic en dehors des habituels handicaps et effets secondaires, je vous rassure. J’ai par contre à supporter des dépenses dangereuses à mon petit budget en raison de la voiture, de tracasseries administratives genre changement de date de virement et non versement d’aide due, des achats intempestifs (frauduleux) du fiston sur le net.
Ce dernier en l’occurrence m’en fait voir de toutes les couleurs et entre nos murs, se multiplient les hurlements, les injures, les cris, des colères monstrueuses. Jamais je ne me serai cru capable de tant de grossièreté langagière avec mon enfant tant je sors de mes gonds ! Il n’écoute rien, ni personne, n’en fait qu’à sa tête, il me place, par ses comportements, en difficulté épuisant mes ressources matérielles et physiques ; il a besoin d’une prise en charge plus importante que celle actuelle et elle dépasse mes forces. Hé quoi, oui, il n’y a pas plus égoïste qu’un dépressif d’autant qu’il n’est jamais responsable de rien et constamment victime des autres ! Là-dessus, s’ajoutent les gros soucis de ma mère et de ma sœur complètement fauchées et dépressives aussi. Je m’attèle à œuvrer au mieux afin de nous offrir un Noël correct, je me démène à colmater les dégâts, je tâche de gérer la situation au quotidien mais mon énergie n’est pas inépuisable et quand véritablement, je suis à bout, j’injurie mon garçon dépassant les limites de ma résistance physique jusque dans mon lit alors que j’ai besoin de dormir et qu’il fuit ses insomnies et nuits blanches.
C’est un marathon dont je ne vois pas le bout. Alors, vraiment, je ne peux en plus consacrer du temps à l’écriture d’articles. Avec la rentrée de janvier, peut- être que ce sera plus gérable vu que je reprendrai le travail et lui les cours (je vous passe l’épisode scolaire mouvementé)…
J’en profite pour vous souhaiter de belles fêtes de fin d’année.
Après la plus longue nuit de l’année, les jours s’allongent. Dans l’obscurité luit la lumière. Et l’espoir toujours m’étreint.
One day is now and not tomorrow.
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Par fée des agrumes le 5 Novembre 2010 à 14:18
Le samedi n’avait pas d’atelier spécifique hormis les activités quotidiennes entre plantes et animaux. J’ai déambulé sur le site, entamé les rangement et nettoyage de départ, cueilli des mûres pour le voyage. J’attendais Mickaël intéressé par une séance de Qi gong ; il me rejoignit non loin du mûrier.
Je lui montrai des mouvements de préparation du corps et quelques enchaînements de base. Marieke fut la bienvenue et d’autres regardèrent de plus ou moins loin. Mon garçon en passant poussa une exclamation exaspérée : « Oh non, ma mère fait son Qi Gong ! » ce qui me fit bien rire.
A l’ombre des arbres bruissant au vent, le soleil chauffant l’atmosphère, le silence pieux régnant autour de nous - à part quelques cris et rires d’enfants, ce fut très agréable de partager ces instants. Des douleurs s’y réveillèrent en signaux, la détente générale provoquant un lâcher révélateur. Je sentais l’énergie qui circulait entre nous, je sentais les crispations et les ressentis de mes compagnons... et m’étonnai de la joie de ceux qui participaient ou regardaient. Ils recevaient ma contribution en don bénéfique. Ce fut un bonheur de le leur offrir.
« Je penserai à toi quand je les ferai. » Je ne pouvais recevoir plus beau remerciement non par narcissisme mais parce que j’espère véritablement que cette initiation ouvrira des portes sur la méditation à soi et au monde.
La journée fut jalonnée de conversations variées au gré des croisements autour de la table. Entre constations, désirs, interrogations, tout un chacun partagea et j’eus quelques belles rencontres comme par exemple cette jeune femme ingénieure à Antipolis, travaillant sur des formules mathématiques de satellites. Danseuse de longue date, elle rêvait de quitter ce boulot qui lui pesait pour devenir art thérapeute via le corps, via la danse. Cette autre raconta sa propre expérience avec la danse et un truc que j’ai oublié où un groupe communique par des mouvements dansés. Son mari brésilien musicien raconta son parcours aléatoire aux multiples expériences. Des adresses, des numéros de téléphone s’échangeaient. Certains avaient tout mon intérêt, je laissai néanmoins la vie décider de ce qu’il était bon de conserver. Je parlai peu, écoutai et observai avec attention.
Dans la soirée, il y eut quelques échanges plus vifs, un homme venu récupérer quelqu’un et ne passant qu’une nuit sur place clamait son pessimisme sur le projet, ses répercussions. S’il adhérait parfaitement à la philosophie, il ne croyait pas en l’éveil des consciences, l’avidité des humains étant à ses yeux trop énorme pour permettre de sortir de la frénésie dilapidatrice. A lui aussi, j’offris l’oreille.
Peu à peu, le covoiturage, sujet préoccupant au regard de l’isolement des lieux, s’organisa. Fiston et moi partions avec Agnès et ses filles direction Valence. Quelques cafouillages d’attentes prolongées et inattendues me conduisirent à revenir aux toilettes et j’en profitai pour saluer ceux que je n’avais pas trouvés auparavant. John me donna sa carte à ma grande surprise, je constatai qu’il m’était impossible de dire au revoir à Soraya avec qui j’avais eu de belles conversations, je lui laissai en ultime recours mon adresse sur le frigo. Avec d’autres, j’escomptai sur les croisements via la toile, le partage des vidéos et musiques des enfants, Nicolas ayant noté une ribambelle d’adresses courriel. Les circonstances en décideront.
Le voyage de retour était moins long et moins compliqué que l’aller, nous avions moins d’attente et moins de changement, ouf ! Mon garçon avait décidé de ne pas me harceler avec la nourriture et il fut heureux de manger un döner en face de la gare de Valence, rien de plus jusqu'à l’arrivée à la maison : Bravo, bel exploit ! Je me fis aider par des agents de la SNCF aux gares ce qui facilita grandement le périple à la gare de Lyon par exemple : il nous fit passer par des raccourcis connus que des employés. Dans le train, je passai mon temps à broder, la musique sur les oreilles. Garçon était près de la fenêtre et s’empiffrait de ses jeux sur console, il me saoulait !!!!! L’arrivée fut un soulagement. Toutefois, je remarquai avec quel empressement il se soucia de porter, monter et descendre les bagages. Presque aussi grand que moi maintenant, il se comporta en vrai petit homme au point qu’il refusa spontanément l’aide d’un homme se proposant de lui porter les gros sacs en hauteur. Je sais que c’est loin d’être un mauvais bougre… quand il le veut bien.
Ma mère nous attendait dans le hall, il n’y avait pas d’arrêt dans notre ville, elle nous y ramenait. Je m’étonnai de la retrouver là, seule, assise sur ce banc les bras croisés, ses cheveux blancs me frappèrent. Pareillement, quand j’entrai chez moi, je fus interpellée par le capharnaüm de nos affaires. En une semaine, des détails du quotidien anodins me sautaient aux yeux ; il suffit de peu pour se décaler.
Désormais, il était temps de revenir à notre vie « normale », je sentais cependant qu’en moi, une multitude de pensées avait à cheminer.
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Par fée des agrumes le 20 Septembre 2010 à 13:31
Il fut heureux de prévoir le gros sac de nourriture parce que mon garçon a passé son temps à manger ; nous étions à peine dans le premier train qu’il commença sa litanie des « J’ai faim ». Ouf ! J’avais de la ressource. J’étais d’ailleurs si fière de moi que j’ai photographié notre repas de midi, en cohérence avec mon ensorcèlement du monde :
Chips bio, jambon de production locale dans une baguette farine label rouge et sel de Guérande pour des sandwiches- maison. Forcément, garçon avait voulu fêter le voyage avec ses boites de jus d’orange, « Des petites, Maman, pour que j’en boive moins ! » avait- il posé en argument lors de l’achat… Tu parles, il en a simplement bu trois ou quatre à la suite… Grrr, ces emballages à la noix.
je n'arrive pas à enlever les logos punaise...
« Dis- moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es », A. Brillat- Savarin
Je garde le souvenir des paysages changeant au gré des kilomètres surtout les à pic et creux verdoyants où sillonnent les rivières ondulantes de Franche Comté (ils me ramenaient aux fjords de Norvège) … et du bourdonnement incessant de la voix forte de mon fiston enthousiaste de son magazine Sciences et vie dont la lecture « profita » à tout le wagon. Chacune de mes demandes de baisser le ton soulevait ses tollés et grognements, il ne comprenait apparemment pas que les autres ne fussent aussi enthousiastes que lui des dernières découvertes scientifiques. Heureusement, nous avions deux heures d’attente à Lyon où joyeusement, nous en profitâmes pour revoir Coq. Une averse nous tomba dessus violemment au seuil de la gare mais ne nous empêcha pas de nous installer sur une terrasse couverte afin d’y boire chaud et froid. Mon garçon était tout heureux de la retrouver, il l’aime beaucoup, seulement, dans son petit monde et ses fixations, il nous saoula de ses jeux de console et il ne fut guère aisé de tenir la conversation. Autant dire que ces deux heures filèrent à grande vitesse ; finalement si la conversation fut quelque peu frustre, la présence physique, le son de la voix sont des trésors d’enchantement d’instants en bonne compagnie.
Dans le train menant à Valence, nous longeâmes le Rhône et garçon entama la salade de riz monumentale que j’avais préparée la veille. Je bataillais afin de préserver ma part tant il fut vorace. « Dis Schtroumpf gourmand, à part manger, qu’est- ce que tu as fait pendant cette aventure ? » (sur la dernière vignette de La faim des Schtroumpfs je crois).
En gare de Valence, nous payâmes le passage aux toilettes 50cts. Bien qu’ayant usé et usé de celles du train (allers- et- venus bénéfiques à mon corps vite engourdi dans les positions statiques), ma vessie n’avait de cesse de se manifester. Et fiston, avec tout ce qu’il avait mangé, avait de quoi s’occuper. Enfin, bien que scandaleuses soit ces toilettes payantes dans TOUTES les gares, au moins, c’est propre (encore que pas toujours, expériences des lieux, croyez- moi ). Nous attendîmes le bus et embarquâmes tranquillement, curieux de ce qui nous attendait. Je notais au détour d’un échange entre le chauffeur et un passager que la Sncf facture plus cher le trajet en bus que la société de bus… les sagouins.
Sur le trajet, le paysage époustoufla fiston : à l’horizon, le Vercors dessinait des ondes abruptes dans le ciel ; l’incroyable diversité des paysages de France m‘étonnera toujours et j’observais avidement les alentours. Arrivés en gare de Crest où il n’y a pas de train, je descendis quelque peu inquiète de trouver la personne sensée venir nous récupérer. J’entendis qu’il y avait un autre arrêt au centre et dans le doute, je rembarquais avec garçon ; le changement n’était pas judicieux parce que nous nous retrouvâmes sur une place au milieu de marronniers. Heureusement, j’avais donné mon numéro de portable et nous pûmes nous retrouver. Garçon grimpait et sautait dans les arbres quand elle arriva avec sa vieille voiture remplie de cartons. Rembarquement et en avant vers les Amanins !
Ce ne fut pas une dernière ligne droite, les vingt minutes passées en voiture traversèrent bois, vallées, villages perchés sur des routes étroites en lacet ; les Amanins sont véritablement perchés dans un recoin de nature qui se mérite. Bonne carte, sens de l’orientation ou GPS sont plus que bienvenus aux visiteurs non coutumiers des lieux. Comme je m’étonnai du parcours, fiston lança l’idée de cheminer à pied. Deux ou trois heures seraient nécessaires ; après 9 h de voyage, quatre ou cinq changements plus le port des sacs, non merci !
Sous le flot incessant des paroles de mon garçon d’habitude si sauvage, nous arrivâmes enfin, par l’arrière. Il était temps.
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Par fée des agrumes le 16 Septembre 2010 à 22:00
Pierre Rabhi n’est pas un doux rêveur ou un penseur détaché des réalités, il est ACTEUR. Aussi, en toute logique, à la fin de Vers la sobriété heureuse, se trouvent la charte internationale pour la Terre et l’humanisme, l’exposition des sites où s’appliquent, s’expérimentent la mise en œuvre de cette vision du monde, concrètement. Adresses postale et électronique, téléphones, sites sur la toile y sont donnés, il est donc aisé de s’y plonger.
Page 125 et 126, je notai les Amanins, « espace d’échange, de formation, de transmission de savoirs et savoirs- faire qui accueille toute l’année des visiteurs en séjours courts ou prolongés. ». Zou, j’entamai mes recherches : première visite sur le site ici et mise en mémoire de l’adresse courriel. Quelques jours plus tard, je me hasardai à envoyer quelques questions au sujet des lieux, de leur accessibilité, de leur topographie et autre géographie avec en arrière, très arrière pensée de m’y rendre, un jour (l’année prochaine ?) avec mon fiston. N’est-il pas habituel d’entendre que les vacances se préparent d’une année sur l’autre en raison de l’encombrement ?
Quelques échanges sporadiques avec la secrétaire enthousiaste et ce message : « Nous avons de la place à partir du 15 août pour les chambres » (mieux adaptées à ma condition que le camping et les cabanes aux sanitaires à 300 m). Waouh ! Je n’en revenais pas ! Je n’avais pas prévu cette dépense si rapidement !
Fi des plans sur la comète ravageurs et anxiogènes ! Je repérai les jeux coopératifs pour le fiston, la phytoépuration pour moi. Bloom, j’arrêtai mon choix sur un séjour du 15 au 22 août. Pas de problème, il ne me restait plus qu’à envoyer l’acompte. Olala ! Serai- je déraisonnable de m’engager de la sorte alors que mes finances sont si ric- rac ? Plutôt que de me miner, je me laissai porter par les événements, prenant au fur et à mesure le temps de préparer tranquillement cette grande première de véritables vacances familiales avec mon garçon. L’air de rien, nonchalamment, j’achetai les billets de train (parce qu’il me semblait plus cohérent d’y aller par chemin de fer plutôt que par voiture surtout que la mienne pose souci), j’effectuai quelques virements en puisant dans mes économies et expliquai doucement à mon fiston ce qui se tramait.
Il était heureux à l’idée de prendre le train mais se méfiait d’un centre avec ateliers qu’il crut obligatoires « Non, non ! Si tu veux ne rien faire, tu peux ne rien faire ! » répétai- je rassurante.
Alors que j’expliquai alentour que nous partions pour nos premières vacances familiales, il pestait, rappelant nos déplacements et voyages précédents :
- Nous sommes déjà partis en vacances Maman, qu’est- ce que tu racontes? C’est n’importe quoi !
- Attends, tu verras, c’est complètement différent de ce que tu as connu jusqu’alors parce qu’avant, nous avons rendu des visites, accepté des invitations, visité ; les vacances familiales, c’est tout autre chose.
Il resta renfrogné dans son coin.
Nous préparâmes nos sacs tranquillement la veille après avoir organisé les quelques obligations matérielles avec l’entourage. Je mis un accent particulier sur la NOURRITURE ! A 13 ans, fiston grandit à vue d’œil et mange incessamment… Repas de midi, goûter, repas du soir étaient en marche avec nos changements voiture- train- train- train- bus- voiture sur un transport de 8h… Hors de question de supporter les « j’ai faim » à longueur de journée !
Le dimanche matin, enfin, nous partîmes avec nos sacs à dos et un panier énorme de mangeaille et boissons (Scroumpf). Ce ne fut qu’installés dans le train que je commençai à réaliser que nous partions et encore… Autant vivre les événements comme ils se présentent et ne pas extrapoler outre mesure, fiston était déjà suffisamment excité, je n’allais pas en rajouter une couche. En avant… et une très vague idée du paiement final de l’aventure… Complètement irrationnelle la fée…
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Par fée des agrumes le 4 Septembre 2010 à 22:00
Avant la maladie, je passais beaucoup de temps à mobiliser mon garçon: marche à pied, vélo, roller, piscine. La perte de mes capacités physiques fut pour lui particulièrement violente vu qu’avant sa mère était dynamique et constamment en piste afin de trouver des occupations défoulant les énergies.
Pendant les années de lourds handicaps, il ne fit plus rien, personne n’avait de temps ou de force pour lui permettre de se dépenser, c’était un crève- cœur à mes yeux et j’étais triste de le voir se morfondre dans une quasi- indifférence. Aussi, dès que je pus initier et/ ou participer d’une façon quelconque à une activité, je luttais afin d’y parvenir. Il y eut ainsi nos promenades en fauteuil, les premières marches, les sorties à la piscine, les balades à vélo. Ces dernières l’effrayaient quelque peu car il savait pertinemment que je ne voyais pas ; partir seul avec moi quand SeN rechignait à nous accompagner était une responsabilité trop lourde à porter sur ses épaules de garçon de 10 ans en ces temps-là. Finalement, j’avais réussi à le convaincre et nous étions partis à travers les routes de campagne. Malgré ma vue très faible, j’avais ouvert grand mes oreilles, m’étais fiée à des éléments suffisamment gros pour me repérer et l’expédition s’était déroulée sans encombre. Renouvelant l’expérience, il lui redevint naturel de partir en expédition avec moi. Néanmoins, grandissant à grande vitesse, son vélo devint trop petit et nous ne pûmes plus profiter de ces sorties jusqu’à ce mois de juillet et l’achat in extrémis d’un vélo nécessaire à sa participation au camp.
Début août, ne supportant plus de le voir se vautrer à longueur de temps entre le lit et le futon, j’émis l’idée de partir tous les deux à deux roues faire un tour sur une piste cyclable qu’il ne connaissait pas. Il râla, comme d’habitude puis accepta l’offre. Il prépara de quoi manger et boire dans son sac à dos et trouva une excuse à la noix pour me le faire porter. Nous partîmes.
Il crâna avec son nouveau vélo, pédalant comme un fou afin de rester devant et me dépasser à la moindre occasion. Pourtant, entre deux pointes de vitesse, il lui arrivait mille et un malheurs qui le freinaient ; je me retrouvai donc à l’attendre avançant avec constance lentement. « J’ai déraillé, j’ai mal aux pieds, j’ai mal au genou, je me suis cogné, j’ai besoin de régler mon siège, … », la litanie n’avait pas de fin. Connaissant assez bien l’énergumène, je négociai l’air de rien l’avancée du parcours alors qu’il commençait à dire qu’il était fatigué, qu’il avait faim, qu’il avait soif. Il pesta, refusa la perspective de continuer le ventre vide et la bouche sèche… seulement, héhé, c’était moi qui portait le sac et allègrement, je roulais devant lui, m’échappant plus loin à chacune de ses tentatives pour l'attraper ; « comme avec l’âne qui avance à la carotte ! ». Nous roulâmes une demie heure jusqu’au village que j’avais négocié où il put ENFIN boire et manger. Une photo de moi fut prise en symbole de la victoire que représente la simple activité de se percher sur un vélo, en équilibre et de pouvoir avancer puis nous repartîmes vers la maison. L’ambiance était plus légère et nous devisâmes de choses et d’autres, relevant toutefois la joie d’avoir pu atteindre notre objectif. Nous empruntâmes une autre voie et ce fut heureux et détendus que nous retrouvâmes nos pénates.
Autant pour lui que pour moi, l’aventure somme toute banale avait la saveur de ces riens qui font le bonheur de vivre, d’être là, ensemble.
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Par fée des agrumes le 2 Août 2010 à 21:12
En fin de semaine, un des camarades de mon garçon s’installa chez nous trois jours. Je fus plus ou moins mise sur le fait établi, ces énergumènes prenant des décisions en douce, me laissant face aux limites qu’ils posaient eux- mêmes, jouant sur les horaires de trains, des obligations relevant de leur univers. Autant le dire d’emblée, ce fut épique et je pestais régulièrement de la difficulté à supporter ces deux adolescents. Ils tentèrent quotidiennement de déroger aux rythmes de vie, je les acculais à leurs responsabilités refusant par exemple de cautionner les heures passées devant les écrans en les en chassant vertement ou de préparer des repas à leur entière convenance alors qu’ils ne daignaient pas se présenter à table.
Je les ai emmenés patiner en ville lors d’une petite manifestation de la MJC locale, je les ai traînés à des concerts en grange. Si la première activité leur convint, ils passèrent les trois ou quatre heures des concerts enfermés dans la voiture à écouter leur radio et jouer à la console. Vive l’aération intensive quand deux bouillons d’hormones se calfeutrent dans la chambre ou la voiture ! Je mis presque deux jours à me remettre de ces aventures. J’insistai et insiste afin que ce type de séjour n’excède pas les 24h, au-delà, cela devient inflammable ! Cependant, ces expéditions m’ont permis de me trouver en situation fort instructives.
A la journée de patinage, je n’ai pas résisté à l’envie de remonter sur des rollers. Avant la maladie, je patinais énormément, sur des kilomètres à mon rythme non en vitesse, en mouvement. Je montais, descendais, tournais, virevoltais, avançais, reculais, chutais ; je songeais à trouver un club de patinage acrobatique. Pendant les années terribles, je ne perdis pas de vue les rollers sachant pertinemment que les priorités restaient la marche puis la course. L’occasion ce jour- là fut trop belle et je demandai l’aide de l’encadrant expliquant rapidement ma trajectoire. A peine les chaussures enfilées, je ressentis les travers de mon équilibre et les séquelles de la maladie. Comment simplement positionner les pieds dans les chaussures ? J’ai tenté maladroitement de me lever, de tenir debout, d’avancer… Aïe Aïe ! Je tanguais, titubais, trop heureuse d’avoir le jeune homme à bout de bras. Il me guida, m’expliqua que le mouvement était bon mais que j’avais certainement des appréhensions quant aux chutes. La proprioception de mes pieds étant loin d’être opérante, j’avais de grandes difficultés à me positionner et me représenter dans l’espace. Ces quelques minutes passées sur roulettes furent une sorte d’initiation éprouvante en jalon du parcours de mon corps.
Les jours suivants, je restais avec le souvenir de sensations étranges où le monde s’échappait, divaguait hors de mes possibilités physiques. Amère expérience qui renvoie à mes pertes. Je retenterai l’expérience, évidemment, la guerrière que je suis ne reste pas sur ce demi- échec mais j’ai parfaitement senti en mon corps que ce n’était pas le moment, il est nécessaire d’attendre. Après tout, je ne recommence que très lentement à trottiner sur quelques mètres, il n’est pas temps de patiner.
Les concerts en grange furent très agréables ; il y eut du folk, un groupe chansonnier puis de la musique irlandaise ; le cadre était très agréable et surprenant. Jugez plutôt :
A l’arrivée, je m’étais garée près de l’entrée ne me sentant guère capable de marcher principalement en fin de soirée jusqu’à une voiture rangée en bout de longue file. Les garçons vinrent rapidement me signaler que je risquai une amende, un pompier (ils ne virent que l’uniforme) tournant autour de ma vieille bagnole mécontent d’avoir été collé à l’arrière. Quand j’arrivai, je lui expliquai que je ne pouvais marcher à l’autre bout de l’entrée ; il me raconta qu’en tant que bénévole, il avait besoin de l’accès à son coffre facilement en raison du matériel de secours qui s’y trouvait. Je le sentais agacé, irrité, à la limite de la colère, je ne me démontai pas et tranquillement l’accompagnai jusqu’aux véhicules. Je lui proposai d’échanger les places et quand il vit le macaron handicapé sur le tableau de bord, il se fit plus doux : « Oh, je n’avais pas percuté ». Je ne lui laissai pas le temps de s’excuser ajoutant doucement en souriant qu’entre personnes intelligentes, il est toujours possible de s’arranger. Zou ! L’affaire était réglée dans le calme et chacun de nos besoins réciproques furent comblés, que demander de plus ?
La soirée se passa tranquillement entre mes camarades et la rencontre d’une ancienne collègue de ma mère qui s’enquit longuement de ma santé n’ayant eu que les échos de mes dégringolades et récupérations laborieuses. Je la rassurai et nous partageâmes à plusieurs un condensé de nos vies. Sincèrement, authentiquement.
Plus tard, alors que j’étais plongée dans la musique entraînante irlandaise aspirant à danser parmi les agités du devant de la scène, je vis plus loin un visage qui me fixait, me faisait de grands et vifs saluts ; complètement inattendue, c’était Solange. Spontanément, je l’embrassai et elle me présenta son mari. Parce qu’elle s’en inquiétait n’ayant pas eu de retour, je leur racontai mon expérience à l’Ifsi. Elle fut enchantée; dans ses yeux et ceux de son mari, je vis des étincelles pétillantes de joie.
Je rentrai tard avec mes deux loustics impatients, jugeant la musique de vieux (pour ce qu’ils en avaient entendu, je crois que c’était simplement une opposition formelle). A nouveau, je m’extasiai sur le mouvement général de mon existence, les changements qui s’opéraient naturellement autour de moi, ces rencontres belles et authentiques vécues pleinement.
Je suis véritablement passée dans une autre dimension.
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Par fée des agrumes le 30 Juillet 2010 à 07:29
Depuis que j’ai été malade et physiquement réduite, j’ai décidé de lâcher prise sur ce domaine. S’il préfère le bazar et la saleté dans sa chambre, cela le regarde, la seule condition est qu’elle ne déborde pas. Ce n’est pas forcément gagné étant moi- même en permanence dans un bordel artistique du fait de mes activités multiples et variées, c’est malin. Pourtant, la mouche du rangement et du nettoyage nous pique sporadiquement. J’ai la mienne, hebdomadaire plutôt nettoyage que rangement d’ailleurs, il a la sienne à quelques reprises au cours de l’année. Le dernier épisode est particulièrement remarquable puisqu’il engendra quelques éclats de rire bienfaisants.
Je soupçonne mon garçon d’être rapidement dépassé par la grandeur de la tâche aussi apprécie t-il vivement que je l’aide ne serait- ce qu’en lui indiquant les étapes du processus. Ce jour-là, il fut donc piqué par sa mouche du ménage et la musique en boucle dans sa chambre, il s’y attela ; régulièrement, il venait me tenir un rapport de ses activités.
D’emblée, je l’entendis éternuer à plusieurs reprises souriant en coin, parfaitement lucide quant à la poussière accumulée pendant des semaines dans cette zone sinistrée. A son premier passage enthousiaste, je lui conseillai d’ouvrir la fenêtre en grand afin d’évacuer la poussière ; il m’écouta sans broncher.
Boom boom, l’agitation se poursuivit en fanfare, je ne m’en mêlai pas.
Il revint sérieux :
- Olala, maman, je me demande qui vit dans cette pièce ! Si tu savais tout ce que je trouve !
- Qui donc à ton avis ? répondis- je tout sourire (C’est que je sais parfaitement, garçon, ce que ces fouilles archéologiques révèlent de « trésors » incroyables). Comme je le fixais, il partit en rire lui aussi.
- Oh, un sacré cochon !, en se montrant du doigt.
Le petit exposé des trouvailles nous amusa soulevant des exclamations plus fortes à chacune d’elle ; je fis mine par exemple de m’étonner de retrouver des emballages de nourriture disparue de mes placards et dont j’ignorais le devenir, emballages vides, forcément. « Aurions- nous emporté avec nous ce vilain lutin qui s’ingéniait à dévorer, voler, salir, déranger dans la maison ? » Il repartit riant en simple slip, ayant trop chaud de tant d’agitation.
La reprise des éternuements se fit de plus belle rapidement, j’insistai sur l’ouverture de toutes les fenêtres, il m’expliqua que c’était le cas puis je l’entendis farfouiller dans la salle de bains. « Qu’est- ce qu’il manigance encore le loustic ? » ; la phrase à peine formulée à mon esprit, je le vis entrer en trombe avec son masque de plongée sur le visage. Gros éclat de rire !
- Qu’est- ce que c’est ça ?
- Maman, c’est pour pouvoir respirer quand je range !
- Ah … et c’est pour prendre de l’air que tu reviens régulièrement ici alors ?
- Oui, oui, c’est exactement ça, comme en plongée !
Il inspira un grand coup et fila en retenant son souffle dans sa chambre. Après quelque remue- ménage, il revint reprendre de l’air... et ainsi, de respiration en respiration, mon coco rangea et nettoya sa chambre.
Quel fou rire ! En plus, j’étais enchantée de le voir capable de cultiver l’auto dérision, bon signe à mes yeux.
« Allez maman, tu raconteras ça sur ton blog, heim ? Que ton garçon met un masque de plongée quand il range sa chambre tellement il y a de poussière ! ».
Je vous l’dis, plutôt que de s’engueuler, bordéliques et négligents, enchantez le quotidien,
A vos masques,
Prêts ?
RANGEZ !!!!!!!
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Par fée des agrumes le 28 Juillet 2010 à 20:20
Attention, cet article est autorisé à condition que nous cliquions sur un lien qu'il me donnera plus tard.
En illustration du rangement- nettoyage de la chambre du fiston, voici, en exemple significatif de ce que je trouve lors de mes grands travaux.
De loin, que vois- je caché là, maladroitement ?
De plus près,
Arg ! Et oui, une boite vide de concentré de tomate !
Dire que j’ai aspiré partout des résidus de nouilles chinoises, ramassé des sachets de pâtes et tortellini vides ou encore cinq emballages de tablettes de chocolat dans son lit planqués sous l’oreiller, des paquets de gâteaux écrasés dans les recoins…
Le pôvre garçon, obligé de se cacher pour manger !
Enfin, heureusement, je n’ai pas retrouvé de bols de yaourt ou fromage blanc à la cuillère indécollable ou des peaux de banane, trognons pourris et/ ou desséchés.
L’art et la manière de territorialiser son espace. Déjà qu’il fait dans la résistance chimique avec ses odeurs d’ado.
Une anecdote à suivre dans la même optique qui nous fit bien rire. Heureusement, il lui arrive de pratiquer l'auto dérision...
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Par fée des agrumes le 26 Juillet 2010 à 16:16
Mon garçon est en vacances. Derrière la banalité de ces quelques mots se cache un quotidien complexe et mouvementé. Quand ce ne sont pas les jeux sur console, c’est l’ordinateur. Afin d’éviter l’enfermement consécutif à ces activités solitaires et sédentaires, je m’efforce de l’occuper. Vaillance et courage sont nécessités en pareilles circonstances; Dieu merci, j’ai la capacité de mobiliser mes forces créatives et physiques dans ce but.
D’abord, il est allé en camp de vacances pendant 8 jours où ils ont travaillé à l’élaboration d’un milieu naturel, la mare, avec pour objectif de permettre le retour d’espèces sauvages sur le site. OUF !! Non seulement il a travaillé dur mais en plus, j’ai été tranquille toute la semaine ! La veille de son départ, nous courûmes précipitamment au supermarché acheter un vélo, le sien étant désormais inadapté à sa taille augmentant quasiment de jour en jour ; au premier jour, je retournai avec tous ses oublis de sac aussi importants que la casquette, les lunettes de soleil, la crème solaire, l’anti moustique ou le gilet. Fâchée de sa désinvolture et consciente de ses angoisses, je le larguai entre deux dates d’Eurockéennes avec un plaisir non dissimulé. Gniark, gniark.
Vivotant à mon rythme, tranquillement, j’ai savouré ce laps de temps béni et souriais intérieurement en constatant que mon fiston ne me manqua absolument pas en 8 jours ; il se rappela à mon souvenir vaguement le vendredi. Toutefois, j’ai passé quatre jours à ranger sa chambre, à descendre à la cave ces livres et jeux de petit garçon, découvrant cyniquement les emballages cachés dans les moindres recoins ou les résidus de quelque nourriture piquée en douce lors de ses fringales violentes. Il est des pages à tourner au fil des ans, le garçon curieux et inventif laisse la place à un ado vorace, préoccupé par ses hormones.
La grosse chaleur de ces journées m’incita à une grande nonchalance. Je faisais à ma guise, selon les circonstances, lentement. Quelques épisodes de série en streaming, boulot, manger, et puis ? Lire, écouter, broder, se promener, ranger, nettoyer, écrire, profiter pleinement de la sérénité du quotidien. L’air de rien, ces symboles victorieux des récupérations des derniers mois donnent à chacun de ces actes une puissance d’évocation illuminant mes journées.
Il y eut pareillement ces heures passées avec mon amie Roberta sur une terrasse à discuter de son pays, le Vénézuéla, de la France, des mentalités différentes, des peurs et du cloisonnement en découlant. Une femme nous rejoint sur la fin, parfaite inconnue demandant simplement à s’asseoir pour boire son café ; elle nous raconta sa vie, ses enfants, son premier petit enfant à venir, ses questions. Roberta n’en revenait pas, jamais elle n’avait vécu pareille expérience, ravie de quitter les esprits chagrins fréquemment rencontrés. Je ris en ajoutant : « Vois- tu, c’est ainsi que je vis ». Bien que totalement confiante dans l’intelligence de Roberta, cet épisode lui montra concrètement la réalité de ma vie désormais et je suis ravie d’avoir partagé ces instants de grâce avec elle.
Il y eut la virée avec Valérie à écouter de la musique en totale découverte dont je me suis régalée. Nous avons partagé quelques nouilles aux lardons sur place et papoté à tire la rigot joyeusement. Je commençais ce soir- là à mesurer combien mon entourage est en mutation. En lâchant prise, en opérant le grand ménage interne, j’ai totalement changé les énergies alentour et soit je fréquente des personnes très différentes, soit mes relations évoluent différemment avec mes vieux amis. Je vis en présence, libre, consciente avec d’autres, ouverts et en réflexion vivante non plus dans des cloisonnements, des enfermements, des rituels devenus vides et stériles.
Il y eut mes retrouvailles avec Sophie. Après des années de silence et d’éloignement du fait des circonstances, nous nous sommes retrouvées par hasard à l’Amap lors de la première distribution des paniers. Journée merveilleuse que celle- ci où je croisais à chaque étape de mon parcours une nouvelle personne! Nous avons nagé dans leur piscine, j’ai rencontré sa nouvelle famille, découvert avec admiration la maison qu’elle a construite de ses mains avec son mari, nous avons partagé nos pérégrinations des dernières années avec les retranchements, les peines, les découvertes et les joies qui les jalonnèrent.
J’ai ensuite cherché mon garçon à la fin de son camp. Il fut le seul à ne pas embrasser le parent venu le récupérer, grognon et renfermé, il fut néanmoins le seul à ranger ses sacs et vélo, seul dans notre petite vieille voiture. Les câlins vinrent plus tard, dans l’intimité, il n’est guère propice aux épanchements en public, ce sauvageon.
Les jours suivants, nous avons glandouillé vaquant chacun à nos occupations, lui traînant perpétuellement au lit, fatigué des lourds travaux du camp dont je n’appris la teneur qu’en pointillé. Je suis fière de constater qu’il ne rechigne pas à la tâche dès qu’elle a du sens. Je lui laissai quelques jours de rien avec cependant cette remarque : comment prétendre être paresseux quand l’art de ne rien faire est impossible à mettre en œuvre ?
A suivre.
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Par fée des agrumes le 8 Juillet 2010 à 13:31
Aux Eurock., j’aime l’ambiance bon enfant, le mélange des genres, des générations, y croiser d’autres représentations du monde. Il y a les bourrés, les fumeurs de chichon, de cigarettes, les coincés, les hésitants, les débridés, les discrets, les braillards, les excités, et tant d’autres. Nous y venons avec des intentions diverses, par curiosité, par goût de l’ambiance, par intérêt pour quelques artistes en particulier, pour accompagner, découvrir, partager, s’amuser… Que sais-je ? J’aime regarder la foule, les attitudes, les comportements, je souris devant cette multitude d’individus uniques. De ce flot humain, je ne peux que relater mon propre périple.
Le premier jour, à mon arrivée, mes handicaps invisibles m’ont amené à justifier mes passages en lieux privilégiés avec la carte d’invalidité à chaque porte. Après m’avoir parlé rudement, ils devenaient doux et souriants. J’ai marché tout du long de la voie externe sous la chaleur et suis arrivée sur les rotules au stand d’accueil des handicapés. J’y retrouvai des accompagnateurs de l’an passé ravis de me revoir. Rapide tutoiement, soucis de ma personne, enthousiasme de recommencer l’aventure ensemble. Retrouvaille également avec la géolette, espèce de pousse- pousse tout terrain très agréable dans ce genre d’expédition parce que nous y sommes plus hauts que sur un fauteuil.
Vous imaginez- vous assis au milieu d’une foule mouvante ?
En fauteuil, nous ne sommes visibles que de près et dans la cohue, je suis constamment soucieuse de mon intégrité physique et de celle de ceux qui rencontrent le fauteuil, surtout les repose- pieds.
La prise en charge aux Eurock est très chouette. En 2008, j’avais promu l’AAL lors de mes pérégrinations accompagnées. En 2009, j’avais entamé l’utilisation de la géolette avec joie; ce samedi, je suis repartie avec pour un petit tour. Croyez- le ou non, je n’ai pas arrêté d’autoriser les photos, les films, j’ai été interviewée par France Bleue, par un reporter télé au sujet de mon expérience des Eurock au point qu’un gars sur la plate- forme du chapiteau m’a demandé en boutade s’il pouvait avoir un autographe parce que j’étais une vraie star. Ben non, je suis devenue la porte- parole de la géolette. Au journaliste qui me filma, je lançai un « C’est que j’ai besoin d’une maquilleuse aux Eurockéennes maintenant! ».
Ma campagne a été efficace... parce que finalement, dimanche, je n’ai pas pu en bénéficier. Pourtant, que j’étais heureuse de lire le bonheur de ceux qui l’essayaient à leur tour !
Ma vessie a été incroyablement sage le samedi, j’en fus étonnée. Etait- ce parce qu’il faisait tellement chaud que la transpiration moite, permanente de cette lourde journée évacuait mes liquides ? Les toilettes n’étaient pas si nécessaires, tant mieux ! Le dimanche, par contre, elle se révéla plus capricieuse et je passai très souvent aux toilettes (D’ailleurs, j’y faisais le ménage en arrivant et les rendais systématiquement plus propres que je ne les avais trouvées). Je lui en veux de m’avoir oppressée lors d’une chanson explosive de Mika (je l’ai entendu s’exclamer « Putain, je me suis fait mal au cul ! » Il est tombé je crois). Elle m’empêcha également de danser et sauter sur ses chansons entraînantes. Passage précipité en pestant intérieurement pour me soulager et après, je m’en suis donné à cœur joie malgré les déséquilibres et les muscles pas trop contents d’être tout à coup si vivement sollicités : comme une folle, j’ai dansé et sauté, sauté coincée entre d’autres fauteuils plus que bienvenus en cas de perte d’équilibre. Un monsieur notamment à ma gauche s’est beaucoup amusé de me rattraper de temps à autre en me prêtant son épaule. (je suis en orange sur la photo en début de concert). Ma réputation dans notre petite troupe n’était plus à faire, je les avais déjà soufflés en dansant sur El Tambura et Hindi Zahra la veille. Cette jeune fille, amie d’un accompagnateur partagea ce petit moment joyeux, me déclarant son maître de danse (orientale). C’était génial !
En plus, ce qui est vraiment pratique dans ces spectacles, c’est que le son est tellement fort que je peux péter allègrement sans crainte de gêner qui que ce soit- c’est à peine si on s’entend causer.
Le samedi, j’étais venue avec mon panier repas perso me méfiant des stands certes intéressants (cuisines d’horizons multiples) mais dont l’hygiène ne m’inspire pas toujours (cf. l’article suivant à propos des musiciens de Mika, hihi) ; Voyez l’état de ma salade !!! Elle était cuite par la chaleur !!
Le dimanche, je suis allée m’acheter une barquette de saumon norvégien préparé avec du riz, des légumes et une sauce au pesto, miam miam. J’ai décidé de traverser le couloir séparant les stands toute seule, à pied, embarquant le fauteuil en déambulateur. Parce qu’il y a une foule incessante qui va-et-vient là. Au retour, j’ai posé la barquette sur le siège car il ne m’est guère aisé de marcher en tenant quelque chose dans mes deux mains et il était hors de question que je prisse le risque de faire tomber mon saumon en cas de bousculade involontaire, non mais ! Je suis revenue tout sourire avec cette image cocasse en tête « ça mérite une photo pour le blog », nous nous y sommes repris à trois ou quatre reprises avec mon appareil énervant pour vous montrer la scène.
A nouveau, j’ai constaté combien la langue des signes est utile dans ces circonstances, j’essayai de suivre les conversations des accompagnateurs bavardant par ce biais dans le vacarme ambiant. J’ai tellement envie de m’y mettre, scrogneugneu ! En plus, j’ai découvert qu’il existait des casques spéciaux pour les malentendants leur permettant de suivre les concerts comme tout un chacun grâce à un système s’adaptant à leur appareil auditif. La technologie là, elle est plus que bénéfique.
Comme les autres années, j’entendis des réflexions lors de mes déplacements en géolette sur la paresse de l’utilisateur. Ce genre de jugement me fait dorénavant sourire parce que celui qui l’émet est certainement insatisfait de lui- même, de sa fatigue ou autre truc qui lui appartient. La samedi, alors que nous nous rendions à la plage en géolette, un jeune homme coinça la roue gauche de son pied. Nous restâmes tous pendant quelques secondes interdits devant ce geste, il souriait et nous regardait muet. Je fixai son pied puis levai les yeux vers lui attendant un mot, une explication, curieuse de comprendre. Il n’en eut pas le temps, l’une des accompagnateurs le repoussa fermement agacée. « Non mais c’est quoi ce comportement ! » s’exclama t- elle outrée. Je me demande si ce jeune homme savait pour qui étaient ces géolettes ; situation typique de non- communication.
J’ai vu des valides utiliser les toilettes pour handicapés constamment ; ma foi, je laisse la place à leur besoin, que me servirait de les rouspéter ou de m’en énerver ?
Dans la foule, j’étais réconfortée d’être accompagnée lors de mes déplacements à pied ou en fauteuil. Le terrain est accidenté, la foule mouvante et je ne suis pas rassurée seule dans cette cohue alors que mon équilibre n’est pas fameux ou que mes bras pas musclés forcent sur les roues dans les chemins en herbe ou gravier. Je me sens pleinement vivante entourée par ces attentions et à postériori, je suis atterrée devant toutes ces années passées à me détester, me dénigrer. Qu’est- ce que nous pouvons être stupides nous pauvres humains !
Mon amie Sabine venue de Norvège pour quelques jours se décida à me rejoindre ce dimanche soir pour quelques concerts de fin de journée ; il nous fut pratique de se retrouver dans cette foule avec les repères que je lui avais indiqués : les plates- formes, le stand d’accueil des handicapés. Faufilée sur la voie externe, elle ne put me rejoindre pour Mika mais s’annonça au stand où mon nom fut reconnu immédiatement, en plus j’y avais laissé mon chapeau. Nous nous promenâmes ensemble sur le site avec le fauteuil en papotant, riant sur la descente de la pente avant la grande scène, elle profita pleinement de Massive Attack depuis la plate- forme et nous rentrâmes heureuses de ce beau souvenir supplémentaire à nos 21 années d’amitié.
SeN se présenta avant Massiv Attack pour échanger quelques mots, j’étais heureuse de le voir ici mais aucun de ses compagnons que je connais pourtant n’étaient près de lui pour que je les salue, dommage. S’il me déteste pour certaines choses, il sait à qui il a affaire et mon enthousiasme à le rencontrer ne le surprit qu’à moitié.
Pour conclure sur mon expérience personnelle de ces Eurock, je dirai que j’ai passé un très bon moment en compagnie de ces accompagnateurs souvent adorables et prévenants. Dans ces conditions, je n’ai aucun remord à payer plein pot mon billet. Ces rencontres parfois fugaces me renforcent dans l’idée que nous avons tous les moyens de rendre le monde plus beau, plus généreux ; la bienveillance est véritablement la seule voie possible. Donner, recevoir, partager. Quel beau programme! Là-dessus, me passent par la tête toutes les personnes rencontrées depuis 2006, et si après tout c’était moi qui attirais la bienveillance avec mes bras grands ouverts en confiance ? Olala, cela me ramène à tant d’autres épisodes ! Mon univers interne foisonne, j’ai tant à raconter, c’est malin…
Prochainement, quelques photos en vrac et ensuite, le récit d’un événement très particulier des Eurock 2010.
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