• Un mois que l’alarme était donnée suite à de mauvais résultats à une prise de sang. Silence, attente. Plus de 20 ans de métastases contrôlés après deux cancers. Et ça repart.

    Chimio ou soins palliatifs?

    Ce sera Samu, urgences après 21h au sol, sans boire, dans le froid, la veille de la première chimio. Hypothermie, déshydratation, hématomes, ankyloses, choc, peur, un coeur qui se dérègle. Sans compter tout le reste. L’alerte. 10 personnes dans le petit appartement, rien que pour elle. La galère pour l’en sortir sur un brancard et descendre les quatre étages sans ascenseur.

    Le silence et le renfermement sur soi mettent en grave danger, peuvent tuer. L’indifférence et l’inertie en particulier des services sociaux encore plus.

    Des heures à attendre. Quatre vains appels pour prendre des nouvelles puis la demande du médecin de venir au plus vite, tard le soir.

    Deux heures d’attente derrière la porte. Échange avec un jeune Roumain, en anglais, histoire de coeur brisé. Une jeune fille accompagnant sa soeur ouvre finalement la porte alors que les soignants l’avaient oublié.

    Septice sévère. Reins bloqués.

    Soins intensifs ou réanimation?

    Réa parce que les soins intensifs sont complets puis après quelques jours,  transfert en néphrologie. Antibiotique costaud, dialyses répétées et l’oncologie en attente, toujours. Succession de mauvais résultats aux prises de sang, une rate alarmante.  La spirale n’en finit pas.

    Un psychologue est en marche, pourvu qu’il puisse l’aider à lâcher.

    Contacts avec l’aide sociale de l’hôpital, attente nécessaire vu les circonstances. Cela bougera t-il enfin? Des années que les aides sociales locales ne répondent que: “ On ne peut rien faire.”

    Vieux chien et chat malades, seuls à la maison. Qui en voudrait? Heureusement, des voisines s’en occupent. Après une semaine, filer chez le vétérinaire pour soigner le toutou, sénile, en fin de vie. Combien de temps encore? Où mourra t-il?

    En parallèle, angoisses, délires, abattements, inertie, agitations… Des années de souffrance, d’incertitude, de confusion commencent à prendre sens avec un diagnostic de maladie qui se précise, ailleurs. Là, aussi, prier le ciel pour que des professionnels s’en chargent. Ce poids est vraiment trop lourd, la limite est atteinte depuis des années.

    Autant de kilomètres en voiture ces dix derniers jours qu’habituellement en six semaines. Quasi entièrement au service d’autrui. Comment faire autrement face à de telles urgences et détresses?

     

    Et continue le quotidien, cahin- cahan.

    Informer tranquillement et clairement le fiston qui se révèle étonnant de maturité, de sagesse au milieu de ces événements chaotiques... pendant qu’il casse les pieds à hurler devant ses jeux en ligne jusque tard le soir, à tout faire au dernier moment, à laisser sa chambre en décharge  par flemme et désintérêt.

    Le travail en échappatoire salvateur, les amis, les bulles d’espérance et de partage. Surtout veiller à garder ce qui est bénéfique tant au corps qu’à l’esprit et l’âme. Il serait vraiment catastrophique que Devic se la ramène dans un tel contexte.

    Les restrictions permanentes par manque de moyens et de temps. Comme, par exemple, ces bottes aimées qui lâchent; vivement les beaux jours car il n’y a plus de chaussures de saison disponibles, ni les moyens d’en racheter.  Il s’agit de s’adapter avec les moyens du bord, en permanence.

    “Mais il y a tellement d’aides”... Et ben non.

    Quoi alors?

    Faire au fur et à mesure, à hauteur des capacités, au gré des circonstances, sans penser à demain, à ce qui pourrait arriver. Rester au présent, résoudre un problème après l’autre. Chaque jour suffit sa peine.

    Demander à l’univers que  chaque professionnel s’implique et fasse sa part afin que je ne sois pas écrasée par les responsabilités de toute part. Lui demander également d’avoir le temps de prendre le temps afin que les événements présents et à venir se passent au mieux.

    Ce qui nous tient? L’humour, persistant, jusque dans les situations d’urgence, jusque dans ces basculements aux limites de la mort.

    Ce qui me tient? L’ingéniosité, l’inventivité, le pragmatisme, l’intégrité et le respect autant que faire se peut de moi- même, la mesure du prix de la vie, de chaque être, de chaque instant.


    C’est qu’avant de mourir, il y a une vie à vivre, unique, éphémère, fragile, une vie à alimenter d’amour. Nous n’avons pas de temps à perdre.


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  • J’étais véritablement déterminée et volontaire quant à mes récits autour de la discrimination… comme pour tant d’autres sujets alors que chaque jour ne fait que 24h avec les besoins basiques répétés et les aléas inhérents à l’aventure de la vie. Celle-ci a rapidement  chamboulé mes projets et c’est avec un large sourire que je me répète continuellement qu’il y a bien de la vanité à croire que nous contrôlons quoi que ce soit. En même temps, vu la foule qui s’exprime, je balaie d’un revers de la main toute pensée sur un quelconque enjeu du blog. Tout cela est finalement très drôle.

     

    Que s’est- il donc passé?

     

    1. Mon garçon a entamé ses études supérieures en septembre.

    Je reste vigilante, attentive, exigeante et impliquée alors qu’il est majeur et d’une attitude formidable ( sauf pendant les vacances où il se laââĉhe!). Il en est très reconnaissant et nous partageons, discutons, avançons ensemble, chacun de notre côté au gré de nos circonstances, joyeusement. Il n’en reste pas moins que ces études en informatiques sont coûteuses, la bourse n’y suffit pas et j’ai déjà vidé un compte- épargne pour qu’il puisse débuter. C’est un investissement sur l’avenir car je lui souhaite d’échapper  à la pauvreté qui nous poursuit parce que nous sommes hors cadres constamment et sans soutien familial, ce qui n’est plus tout à fait son cas.  

     

    2. Le logement annoncé social BBC se révèle sous son véritable jour: un gouffre. Inadapté à notre façon de vivre, d’un espace contrariant, aux multiples malfaçons dont pâtissent tous les locataires, je me raccrochais à ces caractéristiques pour surmonter les limites financières le temps nécessaire. Tu parles! Le dernier décompte des charges a soulevé une vague de protestation générale et accéléré des départs. Lucide quant au poids d’un déménagement surtout dans une région où les logements accessibles sont quasi inexistants, je suis donc embarquée dans le paiement sur des mois de cette dette qui se répétera l’année prochaine dans une espèce de cercle vicieux dû à des absurdités administratives, des coûts locaux élevés, des installations inopérantes. Je dépasse d’une dizaine d’euros les plafonds d‘aides type FSL,  les sommes “prêtées” à des proches pour leur éviter l’expulsion ou les coupures d’électricité, d’eau il y a des mois n’ont pas été remboursées et ces mêmes personnes n’ont évidement pas les moyens de m’aider à recouvrer ces dettes. J’étais déjà précautionneuse avant ce rappel des charges, c’est devenu permanent désormais au point que parfois, je me demande si certains de mes besoins fondamentaux sont satisfaits.

     

    3. Les conséquences de Devic se sont exprimées violemment il y a quelques semaines. Prise dans le flot des événements précités, j’ai soigné de loin des soucis urinaires persistants avec les moyens habituels sur une dizaine de jours observant des variations entre aggravation et amélioration. Suivi un mal au point digestif et une forte fièvre comme je n’en ai plus eu depuis belle lurette qui m’alita brutalement. Avec un médicament pour la baisser, je restai à 38.4°, en dehors, je claquais des dents, tremblais comme une feuille dans la tempête et étais incapable de me mouvoir, de manger et encore moins donc de m’occuper de quoi que ce fut. Contrairement à mes habitudes, j’ai appelé à l’aide car j’étais d’une extrême faiblesse. Ma mère m’emmena chez le médecin où j’attendis que les quatre personnes précédentes passassent ou comment mesurer cette réalité: “Quand une personne est pleinement à son besoin, il n’y aucune place pour le besoin d’autrui”. j’étais couchée sur deux chaises, somnolente, couverte de plusieurs couches, claquant des dents et tremblante… pendant deux heures environ. Quand Colette, médecin hors compétition vit mon état, elle me gronda. Les patients précédents s’étaient dépêchés de la rejoindre, elle ne pouvait donc pas me voir depuis sa porte et je ne lui rappelai pas que la veille, elle n’avait pas entendu quand j’avais parlé de mes soucis au téléphone; elle était débordée à surdité sélective, comme tout un chacun. J’avais insisté le lendemain en expliquant mon état, demandant où aller, elle m’avait casé fort tard dans un emploi du temps surchargé, explosant ses heures de fins de journée. Séance d’acupuncture salvatrice sur tout le ventre et sermon sur mon arrivée un vendredi soir, avec des résultats de laboratoire reportés de ce fait à mardi. Antibiotique au hasard sans pénicilline vu que j'y suis allergique (très pratique) et ordonnance à multiples voies. La pharmacie de garde étant trop loin, je pris ce que j’avais sous la main à la maison et profitai des effets de l’acupuncture. Le lendemain, mon garçon s’occupa de tout: dépôt du prélèvement au labo, quête des médicaments à la pharmacie. Ouf!! Par contre, je gardais le lit continuellement, puisant mes rares forces pour aller aux toilettes ( et quelle galère le sondage quand corps et mains tremblent constamment!), n’avalant au mieux que l’eau à portée de main. Fiston grignotait quelques bricoles et m’apporta un peu de pain, de jambon sans savoir que faire, j’appelai ma soeur à la rescousse. Elle nous força à avaler quelques plats chauds alors que tout m’écoeurait. Ce fut salvateur car à chaque lever, je tournai de l’oeil… à cause de la faim. Une amie passa à l’improviste et nous gronda parce que nous ne l’avions pas appelée, elle l’aide- soignante. Oui, oui. Elle rangea un peu, à mon grand soulagement car l’appartement partait à vau- l’eau.

    Ce cirque dura trois jours et au quatrième, je pus enfin me lever, m’habiller, m’occuper du bazar avec l’aide de six comprimés de paracétamol. Au cinquième, j’allai travailler malgré les avertissements de tous. Heureusement, il y avait des renforts inopinés et mon message sur le tableau mis tout le monde à contribution: “Merci d'être particulièrement indulgent avec votre formatrice ce matin, je suis raplapla et mon cerveau ramollo”. Ils furent compréhensifs et patients alors que j’étais lente et mono tâche, néanmoins efficace et présente. Cela me fit le plus grand bien et quand mon collègue prit le relais, je recommençai à claquer des dents, il était justement  temps de rentrer.

    Au retour, penchée sur les résultats de labo et l’ordonnance, je compris: infection urinaire, foie et vésicule biliaire en détresse. Ben, oui, la moelle épinière abîmée au sacrum engendre des soucis d’évacuation nécessitant sondages et lavements, malmène une vessie initialement fragile, les organes de purge saturent des gros traitements médicamenteux anti- crise de Devic. Voilà un pan de la réalité des conséquences de cette maladie grave, ni plus ni moins.

     

    4. Nous subissons fiston et moi des vols répétés d’argent liquide dans notre appartement depuis plusieurs mois. Sporadiquement, aléatoirement, en fin de mois alors que je suis moi- même en budget fini, quelqu’un entre dans l’appartement, dévalise porte- monnaie, sac et sacoche de l’argent liquide qui s’y trouve, allant parfois jusqu’à prendre quelques misérables centimes, de jour, de nuit, en notre présence. Quand j’en parlai au début, fiston crut que je perdais la tête puis il lui arriva la même mésaventure avec un billet reçu en remerciement d’un service, un billet rangé dans sa sacoche, au pied de son lit, au milieu du capharnaüm de sa chambre impraticable. C’est déroutant, incompréhensible. J’avais bien remarqué que ma clef n’entrait plus si facilement dans la serrure auparavant, je sais que j’ai à changer le barillet pour tenter de nous protéger, ceux- là sont cependant particulièrement coûteux et au regard de la situation financière actuelle, c’est une dépense problématique. J’en ai averti mes voisins, l’une d’elle a subi le même phénomène, les autres ont changé et remis en état un système trois points qui ne fonctionne pas depuis le début des locations. Nous avons essayé, fiston et moi plusieurs stratégies: cacher les billets, les sacs, mettre un carillon bruyant à la porte, etc. Le souci est que ces vols sont aléatoires et il suffit que nous oublions les précautions supplémentaires à celles devenues habituelles (laisser la clef dans la serrure et fermer à double- tour en toute circonstance) pour que le phénomène réapparaisse. La responsable de l’immeuble n’accepte pas ma version, elle persiste à affirmer que c’est mon garçon qui prend l’argent… Se le prendrait- il à lui- même?  J’ai voulu porter plainte, l’agent qui m’a reçue a expliqué que cela ne servirait à rien, qu’ils ne feraient rien si j’étais la seule à en parler. De toute façon, comme il n’y a pas trace d’effraction, l’assurance ne prend rien en charge. Je suis écoeurée. ma situation financière est tellement serrée, je ne me permets aucun écart, je me prive de vitamines, canneberge et autres compléments qui seraient tellement bénéfiques et protecteurs au regard de mon état de santé .. et je subis ces vols des derniers deniers prévus pour les derniers achats alimentaires…

     

    5. Pour finir sur une note plus positive, je me suis lancée dans un projet de robe gothique d’inspiration victorienne. J’avais trois invitation pour fêter Halloween, autant en profiter. Le noir ne m’inspire pas bien que brillant, en tulle, voile, j’ai donc mis un temps fou à savoir ce que j’aimerais. Une amie m’a filé un coup de pouce en montant le tulle sur le mannequin et j’ai pu me lancer... en rajoutant un tissu rouge pour sortir du tout noir. Le costume est en plusieurs pièces utilisables ensemble, de différents manières et indépendamment. Je suis contente de moi. Malheureusement, je n’ai pu le porter parce qu’inachevé à la première invitation, la troisième a été annulée pour crise d’appendicite à intervention en urgence. Puisse la deuxième m’être profitable! Ce serait vraiment dommage de reléguer ce travail au placard pour une durée indéterminée. ( des photos viendront, peut- être).

     

    Au milieu de ce bazar pré- occupant, J’ai mis un temps fou à écrire cet article, j’avais pourtant besoin d’alimenter le blog, certains m’écrivent discrètement en dehors et cela me donne l’énergie et l’envie de continuer, je ne pouvais donc décemment pas le laisser en sommeil plus longtemps. Aux courageux cette longue lecture! En attendant la suite, parce évidemment, j’ai la caboche qui carbure et des années de retard… C’est malin…


    A bientôt?... Pas si sûr, la vie déborde et rien qu’avec mon ménage qui n’est pas fait depuis des lustres vu que je n’en avais pas l’énergie, ni le temps, j’ai un sacré chantier en vue. Quelqu’un pour venir filer un coup de main?


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  • Devic est envahissant et terrifiant, certes, mais il reste accessoire et n'empêche pas de vivre ce qu'il y a à vivre par ailleurs. Le corps notamment continue son chemin avec son lot d'aventures liées aux circonstances. N'en déplaise à l'idéologie ambiante, les femmes ont des échéances biologiques indéniables. La maladie est venue anéantir mes ultimes maigres espoirs de famille nombreuse en me fauchant sur les dernières années de fécondité optimale, j'en ai fait laborieusement mon deuil. Désormais, je traverse les désagréments de la quarantaine passée entre fibromes et autres réjouissances utérines ou hormonales. C'est que j'ai à être particulièrement vigilante: ma grand- mère maternelle, ma tante maternelle et ma grande- tante maternelle sont mortes du cancer du sein, ma mère a eu le sien à 45 ans et un autre de l'utérus cinq ans après, métastasé, devenant à ce jour une miraculée selon les mots de son médecin. Il est vrai, j'avoue, qu'avant Devic, je m'attendais à un cancer de cet ordre, pas effrayée d'avoir à affronter les contrôles voire même les traitements puisque je les sais efficaces si la tumeur est prise à temps. Depuis Devic, bien que sous les feux de nombreux médecins et spécialistes, je tâche de veiller à toutes les parties de mon corps ( et de mon psychisme) car la médecine est cloisonnée voire explosée entre ses spécialités et bien des maux peuvent s’installer parce qu'aucun médecin n'a regardé de ce côté.

    Depuis mai- juin 2014, j'avais (?) des règles hémorragiques impressionnantes, me vidant à gros flots et caillots en quelques heures. Ma sœur me mit en garde vu nos antécédents, j'expliquai qu'en l'absence de saignement en dehors des règles, je ne m'inquiétais pas. J'étais pourtant terriblement fatiguée, complètement à plat. Comme je lui en parlais, mon médecin généraliste prescrivit un bilan sanguin complet au cours de l'été, une anémie et une carence en fer, seules se révélèrent, heureusement car elle avait demandé pareillement les marqueurs de cancer. Régulièrement, je fais des cures de fer que je supporte moyennement sans toutefois régler le problème véritablement ( je raconterai ces péripéties par ailleurs) et prends un traitement homéopathique qui semble faire effet.

    Il y a ainsi plus de six mois que je tâche de vivre au mieux avec une énergie fluctuante. Je pose des priorités, je mesure chaque activité et tout le quotidien se passe au rythme de ce que je peux ou non faire au moment où se présentent les événements, les activités. Les tâches ménagères sont au minimum syndical, la grève avec le fiston varie en intensité, je continue mon emploi vaillamment avec joie tout en baillant à longueur de temps ce qui amuse beaucoup mes interlocuteurs, j'étale mes travaux commencés, souvent inachevés dans le séjour, me fichant pas mal du désordre, je file au lit vite fait résistant avec plus ou moins de force au-delà de 21h, décollant du lit au matin uniquement par discipline, je rationalise au maximum mes déplacements pour me ménager et justifier l'utilisation de la voiture absurde. C'est que j'ai un fiston de 18 ans en pleine préparation du bac et construction de son avenir avec des choix post- bac exigeant énergie et opiniâtreté, plus les autres aléas de cet âge, une multitude de personnes qui me sollicitent pour survivre dans un monde qui les malmènent violemment ou pour envisager d'autres relations, d'autres perspectives, j'ai fait plusieurs formations, etc, etc. Quand j'ai du temps pour moi avec une faible énergie, je traîne à la maison, vaquant à des activités mesurées: lire, coudre, crocheter, broder, tricoter, regarder des films ou des séries, écouter des livres lus, la radio, de la musique. Forcément, j'en oublie d'écrire parce que c'est la dernière de mes préoccupations. J'y pense et puis l'idée de me retrouver assise devant l'écran pendant des heures à tourner mes phrases, mes structures de texte, trouver la formulation pertinente, argumentée et claire m'en éloigne. Le blog vit donc lui aussi au gré des circonstances et surtout de mes envies. En même temps, j'écris depuis 2008, j'ai publié 551 articles, il y a de quoi lire, relire et re – re- lire, je le fais moi- même de temps en temps. Certains font remonter un ancien article tombé dans les limbes, j'y ai déjà pensé et finalement, cela ne me correspond pas alors, si vous avez le temps long, je vous invite à piocher dans les archives d'ici en attendant des nouvelles fraîches. Surtout, faites comme vous avez envie.

    A la prochaine, ici ou ailleurs.

     


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    Sur le calendrier, je regarde régulièrement afin de réaliser que nous sommes en septembre, fiston débute aujourd'hui sa terminale, dans une semaine, je ferai ma rentrée:

    - Merdum! Je suis lessivée.

    - Comment? Après toutes ces semaines de vacances?

    - Ouai, enfin, vacances est un grand mot pour des réalités variées et multiples.

    En ce qui me concerne, il désigne une période où je n'assure pas de cours dans le cadre de mon emploi salarié. N'ayant pas d'obligation contractuelle, je me lance alors dans de grands travaux comptant sur ma capacité à écouter le corps, ses capacités et ses réserves d'énergie.

    Je grimpe sur les escabeaux pour nettoyer les hauts de meubles, de murs, les fonds de placards, fixer les lustres, tableaux, étagères, je m'accroupis pour ranger sous les lits et dans les moindres recoins, je trie, jette, nettoie, range et déplace les meubles afin d'optimiser au maximum notre espace petit chargé des matériaux de nos travaux divers ( de la dentelle à la menuiserie pour moi, majoritairement dans l'électronique et le numérique pour mon garçon). Je mets le nez dans les ouvrages en veille, fais le tour des éléments sous la main allant jusqu'à monter ou descendre de la matière première aux cave et garage. S'en suivent les activités intensives en textile, menuiserie, peinture, carton, tricot ( pas trop quand il fait chaud), réparation, plus le mini jardinage sur la terrasse, sans compter bien sûr les tâches ménagères quotidiennes qui me gonflent à un point qu'aucun mot connu ne saurait dire.

    Quelques sorties ponctuelles en vue de sentir d'autres airs surviennent de temps en temps. Cet été, elles furent rares car je n'avais pas l'énergie suffisante. Parce que oui, je suis lessivée depuis juin. Se reposer? Je le fais, je le jure! S'asseoir à regarder le monde s'agiter, s'allonger et somnoler quand c'est nécessaire, aller au lit quand il le demande, y traînasser le matin, prendre le temps de vivre, ne rien faire, tout ça je connais très bien. Pourtant, si vacances existent, je les imagine quelque part où il n'y a que verdure et eaux chantantes, chaises longues ou coussins au sol, repas et ménage pris en charge par d'autres, aucun souci logistique domestique, aucun humain en manque d'empathie, pas d'ordinateur, de radio ( la télévision, je n'ai déjà pas ouf!), rien que le monde à regarder et écouter. Une retraite dans un monastère? Ce n'est malheureusement pas d'actualité car il y a constamment de quoi parasiter le projet.

    En juillet, j'en étais à un tel point qu'un simple rhume me cloua sur place plusieurs jours, tellement faible que je me risquai à une pause d'immunosuppresseur afin de permettre au corps de lutter contre l'infection. Si je constatai en deux jours l'amélioration incroyable du teint, de la peau et du transit, je n'ai rien senti de différent côté fatigue, le rhume accaparant toute l'énergie disponible. Craignant Devic, je profitai d'un rendez- vous de routine chez le médecin pour évoquer mon état, elle me programma une prise de sang avec un large bilan. A la lecture, des résultats, je n'eus qu'à rire.

    Les globules blancs se portent comme un charme. Certes, je suis à peine au- dessus des minima mais vu le traitement que je prends, c'est bienheureux. Le reste est bon, j'ai des chiffres à en faire pâlir d'envie plus d'un… Sauf que les globules rouges sont réduits, le fer raplapla. Devic est en sommeil, mon système immunitaire dans les clous, les raisons de ma fatigue viennent d'ailleurs, peut- être quelques soucis féminins liés à l'âge. La série des rendez- vous médicaux continuant à son rythme coutumier depuis plusieurs années, il y aura bien quelque soignant pour me donner le coup de pouce en fer qui me manque et l'un ou l'autre m'aider à ne pas sombrer dans cette fatigue. Fin août, le neurologue a été ravi de voir mon état général et a répété à plusieurs reprises son accord sur des pauses d'immunosuppresseurs de temps en temps, en particulier lors d'infection. Je ne vais pas me gêner, c'est que j'ai énormément de trucs à faire, comme, par exemple, écrire toutes les péripéties et aventures survenues ne serait- ce que ces derniers mois… Ben voui, même lessivée à traîner la patte à la maison en grand remue- ménage et méninges, il m'arrive plein de trucs, arriver au sens particulier qu'ils viennent à moi, nullement parce que je les ai cherchés.

    Dire qu'il y en a qui s'ennuient.


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  • Il m'est difficile d'écrire ici après Annie; tellement de choses me paraissent dérisoires.

    J'ai besoin de temps afin d'assurer la transition. Ce message est peut- être bien un timide début.

    Quand la mouche me piquera, je reviendrai, j'ai tellement à raconter.

    Avant tout, vivre, vivre pleinement dans la joie, la tristesse, au gré des circonstances intérieures et extérieures.

    A plus tard.


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  • Donut était le chat d'Annie. A l'origine, il avait été offert à son fils après une rémission de cancer qui le tua quelques mois plus tard, à 14 ans. Depuis, Annie l'avait gardé près d'elle jusqu'à l'année dernière où la vieille chatte est morte à 15 ans et demi, tranquillement. Quand j'appris la mort de ce chat, une petite voix souffla à mon oreille, je ne m'y suis pas attardée.

    Quelques mois plus tard, Annie m'annonça qu'elle avait une grave maladie, mauvaise surprise au retour de vacances. Je sentis le même souffle et refusai de l'entendre.

    Lors de ces mois pénibles, nous eûmes quelques échanges, mon expérience lui permettant de ne pas avoir à expliquer ou simplement dire, nous partagions. J'étais soulagée de la savoir bien entourée, mes pensées l'accompagnaient, mes prières aussi. J'aurais aimé être près d'elle, c'était compliqué et débarquer dans ces circonstances n'était pas approprié; la présence se mesure autrement.

    Un jour, ne tenant plus, je lui envoyai un courriel pour lui dire que j'avais peur de l'appeler au regard des circonstances alors que j'étais avec elle en pensée et prière tous les jours. Elle m'appela dans la foulée et je lui expliquai que, comme j'étais une lointaine connaissance presque virtuelle, je craignais de ne pas être avertie en cas de malheur ou dans des circonstances malheureuses, par hasard, longtemps après. Elle semblait sereine, tranquille. Quelques jours plus tard, elle m'annonça par hâtif sms qu'elle était hospitalisée, son état s'étant dégradé. Les semaines passèrent.

    Jeudi après- midi, j'en parlais à mon garçon:

    - Je me demande comment va Annie.

    - Ben quoi?

    - Tu sais qu'elle est très malade,

    - Oui

    - Et bien, je me demande comment elle va. Je suis inquiète.

    - Rhôô, Maman, t'en fais pas! Pourquoi tu vois le mal? Ces pensées- là ne sont pas bonnes, sois donc positive.

    Hier, je n'étais pas bien. Je me levais, m'occupais puis sentais fréquemment le besoin de me coucher avec un malaise diffus. Le mal persistant, je m'inquiétais d'une reprise de Devic quand je réalisai tout à coup qu'une migraine était en train de s'installer. Vite, vite, les granules pour l'arrêter avant de me retrouver clouée au lit! Elle était coriace à dissiper, je traînais donc toute la journée, ne supportant pas les lumières vives, certains bruits, l'agitation, la simple vue de tel ou tel aliment.

    A 17h30, un appel sur mon portable, je ne reconnus pas le numéro. Une voix douce se présenta: « Je suis la fille d'Annie, je vous appelle parce que nous êtes dans sa liste de contacts. ». Blanc, silence. Je savais.

    Annie est morte jeudi après- midi.

    Je n'ai pas posé de question, cette jeune femme a été d'une extrême délicatesse et je lui ai seulement dit que mes pensées allaient vers elle, son frère, leurs familles. Elle commença à pleurer en s'excusant, pourquoi donc? Je n'irai pas à l'enterrement mercredi, c'est beaucoup de chambardements dont je ne veux pas, elle a compris. « Que vous nous accompagniez en pensées! » tel était son vœu. Je la remerciai grandement et nous en restâmes là.

    J'annonçai la nouvelle à mon fiston. Silence puis exclamation: « Maman, c'est jeudi que tu m'en as parlé! Tu l'as senti, tu savais!», j'avais oublié. Chacun se réfugia dans son monde pour encaisser l'onde. La migraine disparut dans les minutes, comme délitée. Je priai toute la soirée, c'est- à- dire envoyai de l'énergie en conscience pour elle, pour ses proches, je remerciai sa fille de m'avoir prévenue avec tant de délicatesse, Annie d'avoir existé, de ce qu'elle m'a apporté, la vie de m'avoir fait la rencontrer et chacun de mes gestes lui fut un hommage car si elle n'a plus à se soucier de ses besoins, elle ne jouira plus des petits plaisirs du quotidien, le renoncement à cette vie est désormais total, elle n'est plus à cette réalité.

    Pour moi, nous naissons par hasard, vivons, mourons, disparaissons et il n'y a rien après. Ce n'était pas le cas d'Annie alors je m'en remets à ses croyances, pour elle, par elle. Désormais absente physiquement de ce monde- là, elle est nulle part, partout, auprès de son fils, en chacun de ceux qui l'ont connue. Je sens la présence de son garçon, la sienne, ce souffle à mon oreille, innommable que je ne m'explique pas. Je la sens libre, en paix, présente à ceux qu'elle aime.

    Annie, si tu avais raison, tu peux m'entendre: je te remercie d'avoir traversé ma vie, de m'avoir fait changer des points de vue, d'avoir mis l'abondance à mon esprit et je te souhaite bon voyage, ailleurs, vers d'autres expériences!

     Si j'ai raison, ce n'est pas très différent car je le lui l'ai dit de son vivant et où qu'elle soit, je l'aime au présent.

     


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  • Il fut un temps, autrefois, où quiconque voulait s'éviter les piqûres de moustiques s'asseyait ou dormait à côté de moi. C'est que j'étais leur cible favorite et pendant des années, j'ai cherché à m'éviter ces bestioles provoquant des boutons dérangeants. C'était impressionnant de les voir se ruer sur moi, de compter les dégâts au matin. C'était surtout pénible. J'en étais devenue une adepte estivale permanente de la citronnelle. Arriva Devic et ses traitements lourds en intraveineuse puis en comprimé.

    Je ne remarquai rien les premières années, trop occupée à régler d'autres affaires et un jour, je vis mes compagnons de soirée se gratter, chasser les filles en quête de sang alors que je n'étais aucunement dérangée. Mon attention s'aiguisa et je constatai que j'étais tranquille, le matin, le soir, la nuit, au bord de l'eau. Rien depuis des années. Intuitivement, je me dis que c'était en raison des produits médicamenteux mélangés au sang, imprégnés dans l'organisme et je pensais que c'en était définitivement terminé de cette contrainte.

    Pourtant, il y a quelques semaines alors que nous devisions à l'extérieur autour d'un pique- nique en fin de soirée, ma main claqua sur la cheville et je sentis une bosse qui démangeait .. UN BOUTON! Un moustique m'avait piquée!!! «Bah, c'est un accident, celle- là a commis une erreur de parcours.» Que nenni mes amis ! Dans la même soirée et les jours suivants passés à l'extérieur se répéta le même scénario. Donc, cette fois, c'est officiel: les moustiques me repiquent systématiquement. Si je n'apprécie guère les démangeaisons et les monticules rouges sur ma peau, j'avoue y voir un signe encourageant.

    J’émets l'hypothèse que mon organisme s'est purgé des produits passés et s'auto- nettoie mieux de ceux que je continue de prendre. Mon sang est redevenu suffisamment intéressant pour les moustiques et j'y vois un bon signe.

    Est- ce un phénomène naturel ? Une capacité universelle ? Particulière ? Individuelle ? La conséquence d'un mode alimentaire et / ou de vie bénéfique ?

    Le mystère est entier. En tout cas, moi, je n'ai pas été aussi heureuse de me faire bouffer par les moustiques que ces jours- ci ! Et vive le retour de la citronnelle dans mes soirées d'été ! Hourra !


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  • Actuellement en mode Eurockéennes, je suis très très débordée et à tous les sens du terme vu que je traîne une infection urinaire logique au regard de l'état des toilettes sur le site (Je vous raconterai ces aventures plus tard parce qu'évidemment, j'ai très peu de temps aujourd'hui, je repars bientôt pour le troisième jour!). Je prends mes granules et teinture- mère constament mais chaque passage là- bas relance la machine à microbes, c'est un combat de haute lutte. Je tiens malgré le rythme du jour à vous raconter cette petite anecdote:

    Samedi, j'avais un cours particulier à donner en début d'après midi avant de filer à un spectacle avec mes copines de la danse orientale, le tout avec une vessie malmenée et infestée. Sur le trajet en voiture à l'aller, j'eus une envie pressante et ne tenant plus, je m'arrêtai sur un chemin de terre. Je me cachai derrière la voiture pour lâcher ce qui me gênait; ce n'était pas facile parce que la fatigue rend les sphincters plus capricieux et la vessie plus sensible, Quelques gouttes , un petit jet riquiqui daignèrent se montrer, je m’attelais à cette laborieuse tâche tout en veillant sur les alentours, les voitures et motos passantes étant très bruyantes. Je pensais que personne ne passerait là, je n'en avais pas pour longtemps, c'était tellement improbable.. et pourtant, Murphy ne m'a pas loupée!!! Alors que j'étais déculottée et accroupie les fesses à l'air, j'entendis le bruit d'une moto étrangement fort. Vite, vite, je me redressais ( du moins comme me le permettent mes jambes et mon équilibre) et remontai ma culotte rapidement, la robe se coinçant bien sûr au passage. Mon intuition ne m'avait pas trompée, un motard passa à côté de moi avec un léger signe de tête. Je n'étais pas gênée, c'est naturel et il avait eu la courtoisie de ralentir en pressentant la raison de l'arrêt d'une voiture en ces circonstances mais quand même, la probabilité que nous croisions là était infime.. et elle devint réalité. Murphy, tu veux bien me lâcher là?!

    Notez que cet arrêt fut tellement efficace que je me précipitai aux toilettes à peine arrivée. Au soir, je dansai avec la vessie en alerte et la fatigue des derniers jours. Dernière ligne droite aujourd'hui avec les Eurock, j'aurais du temps pour m'en remettre, heureusement, des vacances ( très chargées forcément) s'annonçant pour mercredi. Ouf!

    A bientôt avec un peu plus de calme... peut- être.


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  • Lundi dernier, je me réjouissais de ramener fiston en camp pour quatre jours, je comptais bien profiter pleinement de ce temps précieux d'autant que j'avais quelques jours de vacances. Après l'avoir déposé, je filai voir mon amoureux de passage rapide dans la région, visitai des amis sur le chemin du retour et me hâtai de rentrer pour manger un bout avant de partir à la danse. A mon arrivée, comme d'habitude, j'ouvris la porte du garage et constatai, surprise un carton traînant au milieu du lieu; c'étaient les décorations de Noël. D'où venait- il? Comment était- il arrivé là? Je lui cherchai une place non encombrante afin de rentrer la voiture tranquillement et tout à coup, patatras! le dessus des étagères tomba. Je me hâtai de ramasser le panier et les cassettes éparpillées au sol, sentant vaguement une douleur à la tête suite à un choc. Je continuai mon rangement agacée en constatant les pièces d'une armoire démontée également éparpillées. Certains morceaux avaient cassé dans la chute et furieuse, je me dis qu'enfin, j'allais trouver là un bon prétexte pour me débarrasser de ce truc fourgué par ma mère et que je traînais depuis une dizaine d'années.

    C'était l'armoire de ma sœur. Autrefois, je l'avais demandée pour mon garçon, elles avaient refusé. J'en avais achetée une autre et quelques mois plus tard, elle me revint parce qu'aucune n'avait de place pour la stocker. Je n'osais pas la jeter, ma sœur pouvait en avoir besoin, elle fut même réparée. La proposition de la vendre n'avait pas fait long feu, ce qu’elles en voulaient était beaucoup trop élevé. Je me la coltinai donc depuis des années et j'étais déjà bien énervée d'avoir à la déménager et la stocker alors qu'elle n'était pas à moi. Ce jour- là, je décidai que c'en serait fini.

    Comme ma voiture encombrait le passage, je me dépêchai de remonter les grandes planches en hauteur et poussai sur les côtés le dessus, le dessous trop lourds pour mes petits bras pas musclés. Je sentis alors comme des cheveux me chatouillant le visage et tentai de les repousser d'un geste rapide. Ma main revint moite, poisseuse et j'y découvris du sang dégoulinant; je cherchai vite quelques mouchoirs afin de finir mon désencombrement puis sentis des brûlures sur ma tête, le liquide coulant sur mes joues abondamment. J'appelai ma sœur: « Je me suis pris ton armoire sur la tête, je saigne beaucoup, tu veux bien venir voir si c'est léger ou important?» Elle accepta et un quart d'heure plus tard, quand j'avais tout rangé, nous nous retrouvâmes chez moi. Elle regarda mon crâne, n'y trouva que de belles bosses; ma tête, mes cheveux et mon visage étaient pleins de sang. Elle préféra que je visse un médecin. Mon généraliste n'était pas là, nous partîmes donc aux urgences bien que je ne le jugeai pas si opportun, ressortant du coup, ma voiture si laborieusement rangée ( je conduisis puisque ma sœur n'a pas le permis).

    Une serviette humide sur la tête pour arrêter les saignements et la douleur lancinante, je débarquai. La télévision de la salle d'attente m’insupporta, j'avais de légères nausées et finis par me réfugier dans un coin. Après une demie heure, je fus installée dans une pièce. L'infirmière me questionna. Les traitements et la maladie bizarre la troublèrent puis elle chercha ma plaie, n'y vis pas grand chose dans la bouillasse sang- cheveux. Le médecin fut plus rapide et s'exclama: « Ah, oui! Là, vous avez une belle plaie! Vous vous êtes fait ça comment? Vous préférez des agrafes ou des sutures?» Six points environ. Aïe, aïe! Mon corps se tendit. Avant la maladie, je n'étais pas douillette, je ne craignais ni piqûres, ni prises de sang, ni sutures; depuis les mois terribles de 2006 et 2007, je n'en peux plus et rien que l'idée de passer à quelques pointes médicales, je suis remuée. L'infirmière me rasa la partie concernée en s'excusant de massacrer ma chevelure: « C'est que je ne suis pas coiffeuse! ».J'étais chez le coiffeur la semaine dernière.

    Une première pulvérisation d’anesthésiant n'y suffit pas, je sifflai à la première couture, ils vidèrent gentiment tout le flacon. Je sentais l'aiguille, entendais le bruit des ciseaux... Brr! Mon corps était tendu, j'avais beau respirer et poser mon esprit ailleurs, je n'étais qu'à la couture de mon cuir chevelu. Six points. Nous discutâmes de ma vaccination anti- tétanique dont je n'étais guère assurée puis j'eus droit à une information sur le traumatisme crânien. Je pensai: « Bé voui, c'est évident, après un tel coup, c'est un traumatisme crânien. » Je lui dis:« Voyez- vous, c'est mon troisième.» expliquai- je à la personne qui me tendait la feuille. A la lecture des consignes, je souris intérieurement: obligation de se reposer absolument pendant 24 h sans télévision, ni jeux vidéos, interdiction de rester seule les premières 48 h... cause toujours. Finalement, je ris en évoquant ma nouvelle coupe: « Je vais me faire des mèches roses et être punk quelques temps.» Je ramenai ma sœur chez elle et rentrai. Impossible de joindre ma mère. J'appelai mon amoureux en route déjà pour son travail à l'autre bout de la France. C'était certain, à son retour, il viendra pour dégager cette foutue armoire sans demander quoique ce soit et encore moins attendre l'accord de ma mère ou de ma sœur. Cette dernière d'ailleurs s'était agacée quand je lui avais dit que c'était son armoire qui m'était tombée dessus, comme si elle – même en était encombrée. Ma mère m'étonna en affirmant qu'elle serait effectivement mieux à la déchetterie. Elle, oui, elle! Combien de fois avais -je pourtant entendu qu'elle avait été si chère en son temps? Après tout, cette armoire nous encombrait toutes.

    Je n'ai évidemment pas été accompagnée pendant 48h. Des coups de fil rapides de ma mère et ma sœur pour s'assurer que j'allai bien, des visites prévues auparavant permirent quelques heures de compagnie. Tout alla bien.

    24h de repos absolu? J'avoue que j'ai tenté de m'y mettre... et puis, ma maison était en bazar, j'attendais de la visite le lendemain. Finalement, à l'écoute de mon corps, tranquillement, je m'y suis mise. Le premier soir, je regardai quelques vidéos sur la toile pour rester assise, passai ensuite l'aspirateur doucement, fis les poussières en gros, récurai les sols en escargot. Dodo réparateur dans l'ordre et le propre, c'est bon aussi. Le lendemain, je ne préparai pas le biscuit prévu à l'origine, juste quelques pommes cuites et une galette surgelée au four, je débarrassai et mis la table tout l'après- midi; au soir, tout fut prêt sans que j'ai à en payer le moindre prix. Quand la tête tournait, la nausée montait ou autre conséquences, je m'arrêtais, me reposais.

    Le mercredi, j'allai à trente kilomètres pour des cours particuliers sur trois heures plus la discussion avec les parents autour d'un thé jusqu'à 19h30 sans encombre. Le jeudi matin, avec mon médecin Colette, nous opérâmes la remise à jour de ma vaccination anti- tétanique en urgence ( dépassée depuis seize ans..). Entre mes menuiseries et tripatouillages dans la terre, plus l'armoire sur la tête ( aux pièces métalliques pointues), cela nous sembla à propos. Attentionnée elle me piqua avec une très grande douceur ce dont je lui suis très reconnaissante. N'avait- elle pas largement souri quand je lui dis que depuis la maladie j'étais devenue douillette? Moi qui racontai la chute d'une armoire sur ma tête en riant? Je vadrouillai vingt- cinq bonnes minutes entre le cabinet, la pharmacie et un détour agréable au marché hebdomadaire. L'après- midi, j'entamai les grands travaux dans la chambre du fiston: consolidation de la porte de son armoire, démontage de son grand meuble inadapté à la petite chambre avec bien sûr, les transports de livres, matériaux et caisses inhérents à la tâche. Le vendredi, je restai plus tranquille devant ma machine à coudre et finis la soirée avec un garçon malade, désespéré d'aller se coucher au regard du capharnaüm sur son lit. Samedi, scie sauteuse et perceuse chauffèrent dans des travaux importants. L'après- midi, je circulai en ville à la recherche de mousseline pour un énième costume de danse puis assistai à un concert. Dimanche, continuation des travaux dans la chambre du fiston avec en prime, un rhume et un état légèrement fiévreux. Lundi, formation à 150 km toute la journée, arriverai- je à danser au soir?, mardi reprise du travail... et éventuellement, un temps pour me faire enlever les fils ( aïe aïe!?)

    Pendant sept jours, je n'ai pas le droit de me laver la tête ce qui est dérangeant vu que j'ai été inondée de sang, le coiffage est plus que délicat, la pose sur l'oreiller au dodo précautionneux... et ça gratte, ça pique! En attendant, je prends patience et protège mon coin de crâne rasé avec un béret. Je lave mon linge inondé de sang m'étonnant à chaque découverte de la quantité déversée et raconte allègrement cette dernière péripétie en riant tant je la trouve grotesque sentant bien qu'au fond de moi, je m'en fiche. Jeter l'armoire, subir les pointes médicales me préoccupent plus que la blessure, c'est vrai. Enfin, voici ma belle cicatrice prise à l'aveugle au retour de l'hôpital:

    DSC01107.png

    A y réfléchir, je suis raccommodée de partout: sous les cheveux, le sourcil, dans la main droite, sur le ventre, sans compter les blessures non suturées ( et qui l'auraient été si j'avais été menée à l'hôpital). Il n'y a pas à discuter, c'est évident, je serai bientôt prête à jouer un rôle dans un film de Tim Burton.

    Enfin, mon garçon est quand même un peu secoué et quand il me voit m'agiter chaque jour à mes divers travaux, il me charrie et lève les yeux au ciel sur sa mère qui décidément n'en rate pas une. Allez, vous avez le droit de me gronder... en même temps, je suis une vraie tête de mule...

    ps: J'ai réussi un écho à ma précédente couture ( cf ici). Si sens il y a, c'est que vraiment, ça suffit de s'encombrer des vieilleries des autres, il est grand temps de virer cette armoire.


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  • A la maison, il accepte sans juger mes cris, tempêtes et pleurs imprévisibles, mes élucubrations et péripéties, ma maladresse, mon joyeux foutoir, mon ado affreux jojo. Il veille sur moi, m'accompagne, fidèle, bon et généreux, dur et ferme pour poser des limites ( ce dont bénéficie grandement mon fiston … et moi par la même occasion). Il est ouvert à mes expériences, mes pistes de réflexions, nous cheminons ensemble alors qu'absolument rien ne nous y prédestinait. Une rencontre par hasard a tout bouleversé.

    Dans le précédent article, je n'ai pas fait mention de son existence. Il est pourtant là pour me soutenir quand je vacille, il m'encourage dans le doute, me remet les pendules à l'heure quand je déraille, s'adapte à mes handicaps constamment, se charge de prendre en charge ce qui m'est trop lourd à gérer, écoute la réalité de ma vie chaotique, me fait rire de ce qui me terrorisait. Bien que souvent loin pour des raisons professionnelles , il se soucie de moi à distance et me gronde gentiment quand je m'obstine dans le n'importe quoi. Si nous nous en faisons voir de toutes les couleurs, ça pétille, fuse, s'accroche et repart car lui comme moi avons décidé, avant de se rencontrer, que la vie méritait d'être vécue pleinement, que désormais les relations seraient authentiques.

    Bé voui, c'est lui, c'est mon amoureux.

    Certes, il baigne encore- un peu, je suis rude- dans l'émerveillement des débuts mais son attitude décidée me déroute complètement, je n'ai pas l'habitude et j'apprends beaucoup de lui. Mes amies qui le rencontrent sont enchantées car un homme comme lui ne court pas les rues. Je n'exagérai pas en disant que j’étais déroutée « parce que ce n'est déjà pas évident de rencontrer une personne au clair avec elle- même mais là, en plus, c'est un homme!». Chaque jour, je me pince pour me rappeler que c'est vrai, que cet homme qui ne ressemble en rien à mon type existe, est présent dans ma vie. De toute façon, quoi qu'il advienne, lui et moi savons que nous partageons là une expérience de transformation irrémédiable.

     A vous qui vous souciez de mon bien- être, sachez donc concrètement, qu'en chair et en os, avec toute sa tête, un homme attentionné, bienveillant, intelligent, ouvert et tolérant veille sur moi.


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