• Pour ma mère, je suis une étrangeté et ce depuis des lustres… (pas que pour elle, c’est vrai m’enfin de sa part, c’est plus pertinent ) . Maintenant que nous vivons ensemble et partageons beaucoup de temps après plus de vingt ans séparées, le quotidien est ponctué de nombreux moments particuliers parfois étonnants. Nos chemins divaguent de ci de là au hasard des circonstances et des croisements se révèlent. En voici un particulièrement cocasse:

    Un jour, alors que j’écoutais de ma musique, ma mère me posa cette question l’air vraiment interloqué

    - Mais pourquoi écoutes- tu donc toujours de la musique arabe? Et pourquoi tu fais de la soupe turque? ( sous musique arabe, elle entend orientale ce qui couvre une grande diversité de rythmes, d’instruments, de voix, de musiques, de langues)

    - Et bien, parce que j’aime ça. Et comme je ne connais pas mes origines génétiques paternelles, toutes les portes sont ouvertes, héhé!.

    - C’est le multi culturalisme à fond avec elle tu sais, Mémé, ajouta fiston tout aussi hilare.

     

    Quelques jours plus tard, j’écoutais quelques albums de Björk. Je la taquinais en lui jetant un:

     - Ah! Tu vois, je n’écoute pas que de la musique arabe!

    - Bah, ce n’est pas beaucoup mieux, répondit- elle laconiquement.

    - Pour sûr! C’est une Islandaise avec un répertoire très particulier!

     

    Fiston et moi pouffions, non pour se moquer mais parce que nous savons que nos goûts musicaux sont peu communs.

    Le temps passa et un midi, j’étais à table, sur la terrasse avec elle. Je ne parlais pas, elle se révéla loquace évoquant sa jeunesse ( années 60, dans un village au fond d’une vallée conservatrice, comme tant d’autres contrées en ce temps) ... et là, j’apprends qu’elle aimait beaucoup danser, en particulier avec une copine ... et… elles se sont fait remonter les bretelles par une matrone au bal parce qu’elles bougeaient trop du popotin à son goût, arguant que c’était indécent, que lors d’un passo doble dansé à elles deux, le bruit courut qu’elles étaient lesbiennes… et de fil en aiguille, j’appris également que quelques membres de sa famille furent outrés et mirent tout en oeuvre pour la décourager de fréquenter un ami ARABE et comble encore, un ami JUIF!!!

    Non mais franchement Maman! Comment espérer avoir une fille “ordinaire” quand, en ton temps, toi- même, tu te révélais si particulière au point que des décennies plus tard, tu restes une étrangeté pour tes frères et  belles- soeurs !!!

    Allez, j'en remets une couche:


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  • Il y a quelques jours, une amie m’appelle rapidement pour prendre des nouvelles, en particulier à propos de ma mère qui, en raison de son état de santé, ne peut pas rentrer chez elle au 5e étage sans ascenseur et n’a d’autre solution hormis un placement de force en USLD ( unité de soins de longue durée au délicieux prix de 2500 euros par mois avec la désastreuse situation de l’hôpital public actuelle) que de venir vivre avec nous, dans notre appartement de 65 m² bien rempli. Je fais un rapide tour de la question sur l’organisation du quotidien, l‘état de ma mère nécessitant une aide permanente, le rythme pris dans un contexte global à épisodes contrariants. elle me demande alors comment je vais. Ma réponse fut claire: “ Et bien, pour résumer rapidement, je n’ai de temps pour moi que celui que je passe au travail.”

    Tout est dit.


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  • A défaut de prendre le temps d'y réfléchir pour étaler mes propres pensées et cheminements ( Ouf! Vous y échappez he) , je vous invite à écouter cette émission autour de la notion HABITER.

    Cette question est récurrente chez moi, je l'ai souvent abordée d'après mes expériences personnelles, je suis  heureuse de trouver des personnes autrement placées se penchant sur cette question fondamentale de nos comportements et représentations tellement aléatoire, faussement évidente. 

    Permis de penser, France Inter


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