• Cette dernière semaine, j’ai entendu souvent sur les ondes ( je n’ai pas la télévision et j’en suis encore plus ravie en de telles circonstances) que les attentats étaient attendus, pressentis, il était malheureusement seulement question de savoir où et quand les terroristes frapperaient. Pendant que les personnes affiliées à cette tâche y travaillaient, nous vivions tranquillement, dans l’insouciance... ou avec la peur du voisin, de l’étranger, du profiteur du système, tous loin de nous et de nos habitudes, fantasmé, porteur de peurs et angoisses indéfinies. Maintenant que notre pays a été touché à deux reprises, en son coeur, en ses valeurs, son humanité, nous avons tous à continuer à vivre, dans la joie, le partage, la chaleur humaine, la solidarité, l’entraide, l’accueil, la rencontre en pleine conscience, actes de RESISTANCE.

    Ainsi, j’avais plusieurs sorties prévues pour les 14 et 15 novembre,  il m’était évident que je ne renoncerai à aucune sous prétexte de peur ou de sécurité surtout qu’elles sont porteuses de messages nécessaires en ces heures troublées.

    1. J’anime depuis plus d’un an un atelier créatif en matériaux récupérés dans une structure aux valeurs de respect de l’humain et de l’environnement. Gratuit, ouvert à tous, chacun y vient avec ses envies, projets, compétences, ou rien et tout est partagé. L’ambiance y est vivifiante, basée sur l’entraide, la coopération, la majorité de ceux qui y viennent repartent enchantés, émerveillés qu’une telle bulle puisse exister. J’en reparlerai plus en détail, peut- être, ultérieurement, toujours est-il que ce samedi 14 novembre, nous sommes arrivés nombreux, le visage tourmenté, préoccupé. Et nous tous sommes repartis soulagés, reconnaissants clôturant l’atelier par des embrassades joyeuses et chaleureuses.

    Parce qu’il est nécessaire d’aller à la rencontre, d’accueillir, de partager, de s’entraider, d’alimenter la bienveillance, les valeurs humanistes et non la peur, l’intolérance, la haine. 

    2. Dimanche, nous sommes parties, mon amie Michèle et moi, en expédition toute la journée. D’abord, le salon Positi’vie afin de participer au forum où je lui ai présenté quelques camarades d’engagement, où nous avons mangé et discuté. L’acte de présence était important d’autant que la foule ne se pressait pas.

    Parce qu’il est nécessaire de dire et montrer qu’un autre monde est possible.

    Dans la foulée, nous avons visité le 3F Art, salon d’art contemporain. Dans la masse d’oeuvres et d’artistes, nous nous sommes nourries de couleurs, de formes venues de partout, avec des démarches multiples et variées. Après les yeux, vint le tour des  oreilles. Parcours mélodieux aux Artisans du son en journée portes ouvertes. Écoutes sur des appareils exceptionnels, partages en foule,  conversations émouvantes et authentiques.

    Parce que la culture est une arme contre l’obscurantisme.

    En ce qui me concerne, rien ne change, mon engagement se renforce  de ce qu’il se passe alentour car je refuse d’alimenter ces énergies malsaines dévastatrices, je préfère participer à celle qui nous nourrit TOUS, base essentielle de toute existence humaine, celle sans laquelle nul ne peut vivre, exister et être.

    Nous ne sommes rien les uns sans les autres. L’humanité est une aussi, malgré l’horreur de ces événements, il m’arrive de penser à ces parents qui ont perdu leurs enfants devenus meurtriers, à ces jeunes en telle déperdition qu’ils n’ont trouvé que la violence comme réponse à leurs questions, stratégie pour répondre à leurs besoins insatisfaits. Comme le répète mon ami Boris, nous n’avons pas d’autre solution que celle de la rencontre.

     

    En conclusion et pour alimenter votre propre énergie d’amour, d’espérance, je vous invite à revoir le fantastique film de Youssef Chahine, Le destin ( article ici à ce sujet en février 2011)  et à écouter cette merveilleuse émission radio du 21 novembre 2015, Sur les épaules de Darwin, Liberté, égalité, fraternité. Rien qu’à la lecture des références sur la page en lien, vous entreverrez la puissance de la parole de Jean- Claude Ameisen, croyez- moi! C’est une des plus belles réponses entendues ces jours- ci. Vous m’en direz des nouvelles, j’espère.  

    A bientôt alors?

     


    1 commentaire
  • Cette journée était d’emblée particulière, mouvementée, je m’y étais retrouvée entourée de personnes malmenées par des événements personnels venues se réfugier chez moi, cherchant l’écoute, l’attention et le soin que je sais donner. J’étais donc déjà remuée depuis plusieurs heures quand fiston, rivé à l’ordinateur de sa chambre entra catastrophé dès les premières informations dans le salon pour m'interpeller. Je  sus très vite ce qu’il se passait, nous qui n’avons pas la télévision.  

    Nous restâmes attentifs jusque tard dans la nuit, tétanisés.  Dans ma chambre, heureusement, je suis branchée sur France Culture et j’ai été ravie de ne pas subir le bombardement des informations en direct profitant des Nuits de France Culture. Je suivais via l’application du journal le Monde, refusant de regarder les vidéos ou d’entendre les témoignages directs. Non par lâcheté, ceux qui me connaissent savent que je n’en suis pas mais parce que je ne voulais pas m’effondrer dans les émotions brutes. Je ne pus que difficilement verbaliser ces quelques mots ailleurs, foudroyée par l’éclair des lendemains de terreur, il était 1h59, juste avant de m’écrouler dans un sommeil haché:

     

    Merde merde merde!!! Déjà ça pue! Je crains un écho en décembre ... Haine contre haine, intolérance contre intolérance, qui peut se réjouir de cette perspective? Je ne peux pas pleurer ni crier, j'hésite entre vomir et courir rappeler partout que nous avons aussi le choix d'aller vers la rencontre, le partage, la solidarité... Le monde est ce que nous en faisons, le monde est ce que nous pensons.  

     

    Au matin, j’étais retournée  par le flot de ce que je pressens, pensées d’hier et d’aujourd’hui, la fatigue liée aux émotions de la veille, aux événements, à une nuit écourtée et agitée par une vessie capricieuse. Pareillement, je refusais les images, les vidéos, les témoignages recueillis en direct, c’était trop insupportable, me déchirant le coeur et l’âme, me submergeant de larmes incontrôlables. Je leur préférais les émissions de France Culture avec ce recul caractéristique et les articles écrits. Cela n’empêche pas, loin de là, l’implication et des mots se sont agencés dans ma caboche. Il y a d’abord ceux- ci, en vrac pour évoquer ma bande son des événements, d’autres suivront, plus tard, quand j’aurai su les mettre en ordre.

    Voici donc ma bande son de ces derniers jours:

    Aux premières informations, alors que je comprenais ce qu’il se passait, il y eut Serge  Reggiani, Les loups sont entrés dans Paris en flash immédiat:

    Un long silence suivit car j’étais aux pensées que je vous rapporterai plus tard et tout à coup, ce soir, j’eus envie d’écouter Serge Gainsbourg, Aux armes et caetera car certaines paroles de la Marseillaise résonnaient d’un ton particulier à mes oreilles avec l’écho des attentats du 13 novembre.

     

     

    Et enfin, là, alors que le sommeil me rattrape, m’embrouille, c’est la voix de Jean Ferrat chantant Aragon qui met du baume à mon coeur.

     

    Pardon, je les préfère aux bruits des explosions, des tirs, des sirènes, aux cris, à la panique, à ces voix de témoins terrorisés, choqués… Mon ami Boris souffle à mon oreille alors que j’écris ces mots, je passe par un filtre pour rendre la douleur audible, l’art  permet de partager sans blesser autrui, de transcender afin d’aller vers la résilience. Nous en avons tous tellement besoin car nous avons tous désormais à cultiver la rencontre, le partage, la tolérance, la solidarité et surtout pas à alimenter la peur, la violence et la haine.  


    A suivre.


    votre commentaire
  • Sommes- nous capables de mesurer la discrimination au quotidien? Dès qu’un trouble  nous envahit face à telle ou telle situation, c’est qu’il y a effectivement quelque chose de cet ordre. Notre souci est d’avoir des outils pour mettre des mots et ré-agir.

    Bien que le silence soit général par ici, cette question ne se tarit pas chez moi, je suis une vieille révoltée, des habitudes si anciennes et profondément ancrées ne se délogent pas si facilement aussi, j’apporte aujourd’hui quelques matières.

    J’aborde souvent la problématique de la place accordée aux personnes présentant un handicap physique parce que j’y suis confrontée depuis quelques années. Certes, il y a mon expérience personnelle liée à la maladie et ses conséquences mais également toutes les autres circonstances de vie qui m’ont confrontée à des situations déconcertantes:

    • Ma mère était éducatrice spécialisée auprès d’adultes présentant des déficiences mentales; j’ai donc été dans le bain très vite vu qu’elle nous emmenait aux fêtes et sorties de la structure où elle exerçait, le sujet était commun chez nous. En plus, la vie a mis sur mon chemin bien des personnes avec des maladies mentales dont plus d’un sont des proches.

    • Elle a divorcé en 1980, nous mettant dans une situation peu commune à l’époque et la difficulté économique alors que la moitié des vacances et un week end sur deux, nous côtoyons des personnes à la situation très confortable. Je suis devenue ainsi la reine des voyages inter- classes sociales côtoyant des SDF jusqu’à des nantis de vieille bourgeoisie, du milieu des affaires, de la politique, des nouveaux riches,   sans le moindre souci.

    • Elle a eu son premier cancer à 45 ans avec des conséquences que beaucoup ne peuvent même pas imaginer.

    • Nous vivions en HLM avec tout le florilège de diversité culturelle que cela implique.

    • Dans ma vie professionnelle, je rencontre beaucoup de personnes d’origine étrangère, des gitans, des nomades, des sédentaires, de tout âge, toute couleurs, aux parcours de vie incroyablement diversifiés.

    • Je connais des personnes de toutes croyances: chrétiens, catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans sunnites, chiites, bouddhistes, hindouistes, croyants, non- croyants, athées, agnostiques, indifférents.

    • Je ne sais par quel miracle, je suis constamment en rencontre avec des homosexuels et j’y vis de magnifiques amitiés.

    • J’ai le contact facile avec tous; les enfants, les jeunes, les personnes âgées m’apprécient parce que je les écoute, m’adapte à eux et leur laisse la place. Vous avez déjà lu, ici, pour les fidèles, quelques uns de ces partages quand, notamment, des camarades de mon garçon cherchent de l’écoute.

    • Je côtoie des analphabètes, des illettrés, des intellectuels, des racistes, des alter-mondialistes, des politiques, …

    • Nomade, j’ai habité dans de tout petits villages, de petites, moyennes, très grandes villes et passé bien du temps dans la capitale.

    • Pour finir (?), je suis un humain de sexe féminin.

    Autant dire que j’en vois, j’en entends! En plus, je suis curieuse, j’écoute et lis beaucoup, avec un tant soit peu de jugeote, le quotidien en devient forcément une source intarissable d’expériences avec des yeux grands ouverts.

    Ce matin, j’ai rebondi vivement car, par hasard, je découvris le thème de l’émission, Un jour en France, sur France Inter de 10 à 11h:

      La ville est-elle faite par et pour les mecs ? Évidemment! me dis- je spontanément et j’ai été ravie d’entendre les reportages passés ainsi que les intervenants. La problématique de la discrimination abordée ici était tout à fait appropriée aussi, j’invite les lecteurs intéressés à écouter cette émission. Quelque soit votre statut, il y a de quoi alimenter la caboche en réflexion et ouvrir les yeux sur l’environnement.

    Personnellement, je parcours les espaces urbains à toute heure et certains s’étonnent de m’entendre raconter comment, par exemple, il m’arrive régulièrement de traverser la ville, à pied, tard, sans crainte. Je n’ai pas peur non plus quand j’attends mon co-voiturage au bord de la route, le soir… tout en remarquant les regards des HOMMES depuis leurs voitures  et leurs doutes quant à ma place là. L’un d’eux s’était même arrêté tard dans la nuit après avoir être passé, repassé devant moi. Il semblait pas très sûr de lui et noya son poisson dans une vague préoccupation sur mon besoin de quelque chose… Il n’a pas eu de geste déplacé et cela m’a bien fait rire, il n’empêche que ce genre de situation est révélateur des représentations de la place de la femme dans l’espace public.

    A cela, j’ajoute la question cruciale et cruelle de l’accès aux toilettes. Les femmes ont besoin de plus de temps pour utiliser les toilettes, normalement, il serait nécessaire d’en avoir plus pour femmes que pour hommes... et il n’y en a quasiment pas dans l’espace public. Pendant que ces messieurs, eux, peuvent se soulager vite fait dans un coin, sans risque, une femme, elle, a à se déshabiller, en catimini. Imaginez la catégorie handicap+ sondage obligatoire…

    Parallèlement, si la question de la mobilité réduite avec ou sans fauteuil est récurrente dans mes propos, je la lie constamment à celle des personnes âgées, de celles poussant chariots, poussettes ou landaus… et logiquement donc, de la place qui leur ai accordée. Nous en arrivons déjà à un espace soit- disant public, appartenant à tous, où les personnes présentant un handicap, un sexe féminin, un âge extrême ( tout petit ou âgé) sont au mieux négligées.

    Et les enfants? Dans l’émission, il est question de la puberté entraînant un changement de comportements entre les jeunes, filles et garçons. Et avant? Sérieusement, un photographe comme Doisneau ne pourrait plus exercer, trouver de support enfantin... parce que les enfants, eux aussi, sont de plus en plus exclus de l’espace public. J’argumente  personnellement en évoquant ces files et bouchons de voitures devant les écoles aux heures d’entrée et sortie.  Les enfants ne jouent quasiment plus dehors, ne marchent plus, que ce soit en ville ou dans les villages. Surtout, on reste chez soi, dans son jardin ou sa cour, on ne déambule plus. Délire? Et bien, lisez ce texte: Comment on a interdit aux enfants de marcher. Vous m’en direz des nouvelles.

    Bon, je m’arrête là aujourd’hui. Je reviendrai vers vous avec d’autres références et réflexions plus tard. En attendant, bonne écoute et bonne lecture!


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires