•  Et troisième lever matinal  car je souhaitais ardemment participer à la traite des chèvres de bonne heure.

    Enfant, je dévalisais les gants en caoutchouc de ma mère, les perçais à l’extrémité des doigts, les attachais sur le robinet, le remplissait d’eau et m’entrainais à traire. Adolescente, je rêvais de m’installer en Bretagne avec quelques chèvres, fabriquer des fromages, peindre et créer. Ignorante des possibilités concrètes de formation dans le domaine, j’ai fait des études littéraires et gardé ce jardin en rêve dans un coin de mémoire. Plus de 20 ans après, l’occasion de tester mes capacités était trop belle. Malheureusement, exceptionnellement, Philippe avait avancé l’heure et nous arrivâmes trop tard, comparses et moi. Il sortait les brebis à notre arrivée et les chèvres étaient déjà en partance pour les pâturages.

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    A défaut, j’assistai au repas des animaux.

    Chevrettes

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    Poules avec ouverture du poulailler

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    Et cochons.

     

    Les Amanins, matin du troisième jour.

     

     

    Ces derniers valent le détour. Mickaël, wwoofer nous avait mis au parfum : solidaires et débonnaires habituellement, ils se révèlent égoïstes et brusques à la distribution du matin.

     Des restes alimentaires sont posés à l’autre bout de l’enclos puis il s’agit de courir très vite afin de distribuer le mélange favori orge- petit lait. Malins, ils ont compris le stratagème et ignorent les restes pour se ruer sur le délice matinal.

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    L’un d’eux a d’ailleurs trouvé la solution, il s’accapare radicalement l’auge en l’investissant physiquement!

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    « S’ils savaient que nous les gâtons pour les bouffer ensuite ! » posa Mickaël. J’avouais en riant qu’en les observant, je ne voyais que les magnifiques jambons sur pattes.  

    Je n’ai rendu visite au bouc que plus tard ; il n’était pas en cette période particulièrement sociable, remué par ses hormones (c’est vrai que ça sent fort, un bouc !!)

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    Plus tard, je participai aux activités de jardinage : mise en terre de plants, désherbage des rangs, ramassage des courgettes, reconstitution des buttes, etc. Il était particulièrement intéressant d’écouter les explications de Marieke, autre wwoofeur(se) aux vastes connaissances  quand le maraîcher était en vacances aussi.

    Je n’échappai pas à un trait sur ma tenue en robe courte prétendument peu adaptée au jardinage. Qu’est- ce qu’il en sait d’ailleurs ? Je rétorquai seulement sourire en coin : «  Tu ne peux pas t’imaginer tout ce que je fais en jupette et robe courte ! ». Je gardai en moi l’image de ces multitudes  de femmes à travers les âges et les espaces travaillant aux champs en robe… Alala, c’est quelque chose les préjugés !

    Je participai même au ramassage des pierres d’un champ en friche à préparer pour le labour. 

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    Cette photo est à l’image de nos vacances : je bosse et fiston regarde.

    En outre, je pus, pendant ce temps, partager quelques beaux échanges avec Marieke et Mickaël, apprendre d’eux, de leur vie, de leur interne.

     

     Avant midi, je partis me reposer contrainte par le corps me rappelant à l’ordre : j’avais forcé sous le soleil. J’avais besoin de préserver mon énergie parce que cette après midi, était l’atelier de briques de terre crue  et je ne voulais absolument pas le rater.

     

     

     

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  • Ce matin- là, je me levai tôt, encore, parce que je voulais participer à l’atelier pain. Bien qu’en ayant fait à la maison ou avec mon ancienne voisine, j’étais curieuse de connaître une approche plus « professionnelle ».  Manque de pot, le boulanger était en vacances et ce fut Houari qui s’y collait. Nerveusement, il nous expliqua comment un champignon avait anéanti le grain de la dernière récolte les contraignant à acheter du blé auprès d’un producteur bio local, qu’il avait quelque difficulté avec cette farine différente de l’habituelle, d’autant que lui n’avait fait du pain que 5 fois dans sa vie ; il remplaçait le boulanger et nous sentions la responsabilité que représentait pour lui cette tâche. Il nous expliqua les différentes étapes :

    Le levain issu d’un levain chef

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    Le pétrissage après ajout de la farine

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    Le façonnage

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    Les levées

    La préparation du four à bois

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    La cuisson

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    Il nous montra également le lieu de stockage des grains et la meule où est produite la farine au fur et à mesure des besoins ( visible sur le petit film ici) .

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    Chacune des étapes était entrecoupée par des levées, du façonnage plus rapide nous laissant des plages libres à d’autres activités. Cependant, voyant Houari contrarié par le temps qui filait et son manque d’expérience, je proposai de l’assister en préparant les étagères couvertes de linge et de farine, avec pliage spécial séparant les pâtons. La coopération n’est- elle pas l’un des fondements des Amanins ?

     

    J’avoue que j’ai été déçue. Nous n’avons que très peu mis la main à la pâte restant majoritairement debout à écouter et observer quasiment toute la matinée de préparation et mise en forme. Je comprends toutefois qu’il n’y a pas lieu de s’amuser quand il s’agit de faire du pain pour le site et la boutique du village de la Roche-sur- Grâne où ils vendent des produits de la ferme.  Tant pis, je tenterai mes expériences quand la mouche me piquera à la maison.


     

    Après ce long atelier, Agnès me proposa une promenade à Crest, ses filles voulaient y chercher des cartes postales. J’acceptai confiante, mon garçon déclina l’invitation occupé avec Nicolas au foyer. Nous déambulâmes dans l’artère principale sans monter à la tour : les filles étaient mécontentes, la maman préoccupée, je me liquéfiais sur place, en robe heureusement. « Non seulement je pète mais en plus, je fais pipi dans ma culotte ! » m’exclamai- je en explication qui fit sourire mes compagnes de sortie. Au moins, elles comprenaient.

    J’appréciais néanmoins cette ruelle particulière de cette époque où la voiture n’était pas reine des espaces

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    Et surtout, nous allâmes dans cette chocolaterie fabuleuse : Façon chocolat !

    Chocolat bio sans crème, lait ou additif,  travail artisanal en direct devant la clientèle. Narines et papilles d’amateurs en perdent toute mesure. Devant les prix certainement justifiés vu l’exigence sur les produits et le travail, je ne cédai que sur un pot de glace au chocolat dégusté en balade … Les mots me manquent, j’avais rarement goûté pareille glace ! Du pur chocolat, cacao fort, chaque cuillère était un délice en bouche. Je recommande un passage par chez eux si vous êtes dans les environs. Plaisir rare pour les amateurs de chocolat au goût de chocolat.

     

    Au retour, j’évoquai l’opportunité manquée du fiston, il n’en tint cure trop heureux de ses occupations ailleurs. « Au fait, tu fais quoi au juste mon garçon? »


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  • Classé parmi les plus beaux villages de France, ses toits en particulier, je fus ravie de le visiter avec mes camarades de séjour.

     

    Première rue, montante:

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    Des fameux toits et un bout de vue:

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    Son église sur le sommet que j’ai pu atteindre à pied sans peine:

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    J’ai beaucoup aimé les petits jardins au moindre détour et les plantes omniprésentes parmi ces maisons et rues de pierre :

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    J’aime les ruelles avec leurs lignes et contre- lignes, elles me donnent systématiquement envie de m’asseoir et de dessiner des esquisses à des peintures ultérieures :

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    Et ce balcon aux petits personnages :

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    Je veux les mêmes !!

     

    En raison d’un arrêt pipi urgent et la quête d’une cachette, j’expliquai mes difficultés avec une pointe de fantaisie ; le message passa sans encombre bien que j’eus préféré ne pas avoir à parler de la maladie et ses conséquences.

     Comme au temps jadis, oui, j’ai pissé dans le caniveau trop heureuse d’avoir prévu une robe dans les bagages bien plus pratique que les pantalons vite inondés.


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    Au matin, je ne traînais pas afin de respecter les horaires du petit déjeuner.

    J’y bus mon premier bol de lait de brebis aux odeur et parfum prononcés retrouvant l’épaisseur du lait cru de ferme trait du matin et goûtais le pain fabriqué sur place somme toute semblable à ceux que je mange habituellement.  Au gré des conversations, je notai comment, spontanément, le tutoiement s’imposait. Bien que d’un naturel ouvert et accueillant, j’avoue toutefois avoir du mal à y passer, le vouvoiement n’étant pas à mes yeux la marque d’une distance vis- à- vis de l’autre. 

     

    D’emblée, je participai à l’atelier fromage sous l’égide de Juliette ( elle est dans la petite vidéo mise ici)  avec d’autres séjournants. Nous y avons visité la fromagerie, la bergerie, fabriqué des petits fromages frais, et j’ai pris beaucoup beaucoup de photos.

    Explicitation des diverses étapes : chauffage du lait, ajout de ferment, coupe, brassage, égouttage en séparant petit lait (pour les cochons ravis) et pâte durcie, mise en forme, essorage, presse et retournement. Visite de la cave avec explication des étapes de salage, retournement et frottement des croûtes. Le tout en blouse et charlotte sur la tête. Je remarquai que trente ans après ma classe de neige en Cp et sa visite d’une fabrique de munster, les règles s’étaient grandement durcies question hygiène.

    Avant le repas, je déambulai sur les lieux armée de mon appareil songeant à mon reportage en images pour le blog, caricaturale touriste. REINE DES COURGES que je suis evanouit.gif, après le déjeuner, j’ai tout effacé par mégarde et j’étais furieuse de ma maladresse : non seulement j’avais perdu les photos d’avant notre départ mais j’étais également bonne pour recommencer ma frénésie gloutonne d’images. Grrr.

    (Je suis retournée en fin de semaine à un autre atelier fromage afin de reprendre des photos pour vous, lecteurs. A voir plus tard) 

     

    A midi, le repas fut pris à l’extérieur grâce à une météo lumineuse sur cette terrasse (ce fut le cas quasiment tous les jours yeah )

     

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      Garçon émergea péniblement malgré les tentatives répétées de Nicolas (jeune homme rencontré la veille) pendant la matinée. Il arriva le visage embrouillé, mal réveillé et ronchonna sur la multitude des légumes au menu. « J’aime pas les légumes » lança t-il en bougonnant. Son voisin de table s’esclaffa : « Et bien mon gars, tu ne vas pas beaucoup manger cette semaine parce qu’ici,  il n’y a que ça! ». Toute la tablée s’en amusa malicieusement. S’il n’aime pas les courgettes, heureusement, il put s’empiffrer aux repas suivants d’autres légumes crus ou cuits mis sur la table. Produits sur place et cueillis la veille  ou le matin, ils nous offraient des plats opulents et des repas dont tous sortaient pleins ; «  Je mange trop »  entendis- je régulièrement chaque jour.

     

    L’après- midi, nous eûmes une visite commentée du lieu, j’y rencontrais d’autres séjournants, Agnès et ses filles notamment.  Garçon resta au foyer refusant chacune de mes propositions de visite ; il ne s’inquiéta nullement quand je lui parlai de partir visiter Mirmande avec Agnès qui me proposait la place dans la voiture. Finalement, lui le grognon, saisit rapidement le sens de vacances familiales ; de tout le séjour, je ne le vis plus qu’à l’heure des repas, de loin et la nuit au sommeil. Chacun sa petite vie.


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  • Nous avions appris dans la voiture que nous étions comptés au repas du soir. Fiston s’amusa de notre arrivée par l’arrière : «  Ah, vous nous attendiez pour le repas simplement parce que la viande, c’est nous ! A nous faire marcher, vous êtes quittes de nous porter. ». Etonnant comme il se lâchait si facilement ! Je n’en revenais pas.

    Tous étaient à table quand nous entrâmes dans cette magnifique salle voûtée. Grandes et belles tables massives accompagnées de bancs, réfectoire digne d’un monastère.


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    Il était évident, au regard de tout ce qu’il avait avalé, que mon garçon ne mangerait plus. Je grignotais quant à moi de la pizza aux légumes et au fromage avec plaisir devisant par ci par là avec nos voisins de table auxquels je proposai de terminer ma salade de riz vainement. Fiston n’arrêtait pas de s’agiter et de causer, lui le sauvageon ; les premiers contacts furent donc mouvementés, haut en couleur.

    Après manger, nous allâmes à la chambre en écoutant les explications de notre guide, John, observant les lieux d’un premier regard curieux. Après l’installation et le repérage des sanitaires, nous retournâmes au foyer.

     

    PICT3231Avant tout, je m’inscrivis aux activités de la semaine sur le programme affiché  là, à gauche de ce porche (en face du foyer) et rejoignis mon garçon excité et nerveux dans ce nouveau milieu. Très vite, nous fûmes invités à des jeux ce qui l’enchanta trop content d’être rapidement intégré lui, l’anxieux chronique du rejet.  

    J’observai l’activité, ignorant qui étaient nos interlocuteurs.  La nervosité de mon garçon me fatiguait, j’avais envie de l’assommer mais je restai silencieuse. Les jeunes gens avec qui il jouait m’inspirèrent confiance, aucun ne se laissa prendre dans la spirale de l’agacement, du jugement hâtif, au contraire. L’un d’eux, Mickaël,  le géra calmement et d’une telle façon que je le vis se détendre peu à peu, rire et lâcher. Rassurée, je ne traînai guère, éreintée du voyage et dormais déjà quand il revint enthousiaste de ses parties de Taboo en bonne compagnie.

     



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  • Il fut heureux de prévoir le gros sac de nourriture parce que mon garçon a passé son temps à manger ; nous étions à peine dans le premier train qu’il commença sa litanie des  « J’ai faim ». Ouf ! J’avais de la ressource. J’étais d’ailleurs si fière de moi que j’ai photographié notre repas de midi, en cohérence avec mon ensorcèlement du monde :

    Chips bio, jambon de production locale dans une baguette farine label rouge et sel de Guérande pour des sandwiches- maison. Forcément, garçon avait voulu fêter le voyage avec ses boites de jus d’orange, «  Des petites, Maman, pour que j’en boive moins ! » avait- il posé en argument lors de l’achat… Tu parles, il en a simplement bu trois ou quatre à la suite… Grrr, ces emballages à la noix.


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    je n'arrive pas à enlever les logos punaise...


     

    « Dis- moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es », A. Brillat- Savarin

     

    Je garde le souvenir des paysages changeant au gré des kilomètres surtout les à pic et creux verdoyants où sillonnent les rivières ondulantes de Franche Comté  (ils me ramenaient aux fjords de Norvège) … et du bourdonnement incessant de la voix forte de mon fiston enthousiaste de son magazine Sciences et vie dont la lecture « profita » à tout le wagon. Chacune de mes demandes de baisser le ton soulevait ses tollés et grognements, il ne comprenait apparemment pas que les autres ne fussent aussi enthousiastes que lui des dernières découvertes scientifiques. Heureusement, nous avions deux heures d’attente à Lyon où joyeusement, nous en profitâmes pour revoir Coq. Une averse nous tomba dessus violemment au seuil de la gare mais ne nous empêcha pas de nous installer sur une terrasse couverte afin d’y boire chaud et froid. Mon garçon était tout heureux de la retrouver, il l’aime beaucoup, seulement, dans son petit monde et ses fixations, il nous saoula de ses jeux de console et il ne fut guère aisé de tenir la conversation. Autant dire que ces deux heures filèrent à grande vitesse ; finalement si la conversation fut quelque peu frustre, la présence physique, le son de la voix sont des trésors d’enchantement d’instants en bonne compagnie.

    Dans le train menant à Valence, nous longeâmes le Rhône et garçon entama la salade de riz monumentale que j’avais préparée la veille. Je bataillais afin de préserver ma part tant il fut vorace. « Dis Schtroumpf gourmand, à part manger, qu’est- ce que tu as fait pendant cette aventure ? » (sur la dernière vignette de La faim des Schtroumpfs je crois).

    En gare de Valence, nous payâmes le passage aux toilettes 50cts. Bien qu’ayant usé et usé de celles du train (allers- et- venus bénéfiques à mon corps vite engourdi dans les positions statiques), ma vessie n’avait de cesse de se manifester. Et fiston, avec tout ce qu’il avait mangé, avait de quoi s’occuper. Enfin, bien que scandaleuses soit ces toilettes payantes dans TOUTES les gares, au moins, c’est propre (encore que pas toujours, expériences des lieux, croyez- moi ). Nous attendîmes le bus et embarquâmes tranquillement, curieux de ce qui nous attendait. Je notais au détour d’un échange entre le chauffeur et un passager que la Sncf facture plus cher le trajet en bus que la société de bus… les sagouins.

    Sur le trajet,  le paysage époustoufla fiston : à l’horizon, le Vercors dessinait des ondes abruptes dans le ciel ; l’incroyable diversité des paysages de France m‘étonnera toujours et j’observais avidement les alentours. Arrivés en gare de Crest où il n’y a pas de train, je descendis quelque peu inquiète de trouver la personne sensée venir nous récupérer. J’entendis qu’il y avait un autre arrêt au centre et dans le doute, je rembarquais avec garçon ; le changement n’était pas judicieux parce que nous nous retrouvâmes sur une place au milieu de marronniers. Heureusement, j’avais donné mon numéro de portable et nous pûmes nous retrouver. Garçon grimpait et sautait dans les arbres quand elle arriva avec sa vieille voiture remplie de cartons. Rembarquement et en avant vers les Amanins !

    Ce ne fut pas une dernière ligne droite, les vingt minutes passées en voiture traversèrent bois, vallées, villages perchés sur des routes étroites en lacet ; les Amanins sont véritablement perchés dans un recoin de nature qui se mérite. Bonne carte, sens de l’orientation ou GPS sont plus que bienvenus aux visiteurs non coutumiers des lieux.  Comme je m’étonnai du parcours, fiston lança  l’idée de cheminer à pied. Deux ou trois heures seraient nécessaires ; après 9 h de voyage, quatre ou cinq changements plus le port des sacs, non merci !

    Sous le flot incessant des paroles de mon garçon d’habitude si sauvage, nous arrivâmes enfin, par l’arrière.  Il était temps.


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    Pierre Rabhi n’est pas un doux rêveur ou un penseur détaché des réalités, il est ACTEUR. Aussi, en toute logique, à la fin de Vers la sobriété heureuse, se trouvent la charte internationale pour la Terre et l’humanisme, l’exposition des sites où s’appliquent, s’expérimentent  la mise en œuvre de cette vision du monde, concrètement. Adresses postale et électronique, téléphones, sites sur la toile y sont donnés, il est donc aisé de s’y plonger.

    Page 125 et 126, je notai les Amanins, « espace d’échange, de formation, de transmission de savoirs et savoirs- faire qui accueille toute l’année des visiteurs en séjours courts ou prolongés. ». Zou, j’entamai mes recherches : première visite sur le site ici et mise en mémoire de l’adresse courriel. Quelques jours plus tard, je me hasardai à envoyer quelques questions au sujet des lieux, de leur accessibilité, de leur topographie et autre géographie avec en arrière, très arrière pensée de m’y rendre, un jour (l’année prochaine ?) avec mon fiston. N’est-il pas habituel d’entendre que les vacances se préparent d’une année sur l’autre en raison de l’encombrement ?

    Quelques échanges sporadiques avec la secrétaire enthousiaste et ce message : « Nous avons de la place à partir du 15 août pour les chambres » (mieux adaptées à ma condition que le camping et les cabanes aux sanitaires à 300 m). Waouh ! Je n’en revenais pas ! Je n’avais pas prévu cette dépense si rapidement !

    Fi des plans sur la comète ravageurs et anxiogènes ! Je repérai les jeux coopératifs pour le fiston, la phytoépuration pour moi. Bloom, j’arrêtai mon choix sur un séjour du 15 au 22 août.  Pas de problème, il ne me restait plus qu’à envoyer l’acompte. Olala ! Serai- je déraisonnable de m’engager de la sorte alors que mes finances sont si ric- rac ? Plutôt que de me miner, je me laissai porter par les événements, prenant au fur et à mesure le temps de préparer tranquillement cette grande première de véritables vacances familiales avec mon garçon. L’air de rien, nonchalamment, j’achetai les billets de train (parce qu’il me semblait plus cohérent d’y aller par chemin de fer plutôt que par voiture surtout que la mienne pose souci), j’effectuai quelques virements en puisant dans mes économies et expliquai doucement à mon fiston ce qui se tramait.

    Il était heureux à l’idée de prendre le train mais se méfiait d’un centre avec ateliers qu’il crut obligatoires «  Non, non ! Si tu veux ne rien faire, tu peux ne rien faire ! » répétai- je rassurante.

    Alors que j’expliquai alentour que nous partions pour nos premières vacances familiales, il pestait, rappelant nos déplacements et voyages précédents :

    - Nous sommes déjà partis en vacances Maman, qu’est- ce que tu racontes? C’est n’importe quoi !

    - Attends, tu verras, c’est complètement différent de ce que tu as connu jusqu’alors parce qu’avant, nous avons rendu des visites, accepté des invitations, visité ; les vacances familiales, c’est tout autre chose.

    Il resta renfrogné dans son coin.

    Nous préparâmes nos sacs tranquillement la veille après avoir organisé les quelques obligations matérielles avec l’entourage. Je mis un accent particulier sur la NOURRITURE ! A 13 ans, fiston grandit à vue d’œil et mange incessamment… Repas de midi, goûter, repas du soir étaient en marche avec nos changements voiture- train- train- train- bus- voiture sur un transport de 8h… Hors de question de supporter les « j’ai faim » à longueur de journée !

    Le dimanche matin, enfin, nous partîmes avec nos sacs à dos et un panier énorme de mangeaille et boissons (Scroumpf). Ce ne fut qu’installés dans le train que je commençai à réaliser que nous partions  et encore… Autant vivre les événements comme ils se présentent et ne pas extrapoler outre mesure, fiston était déjà suffisamment excité, je n’allais pas en rajouter une couche. En avant… et une très vague idée du paiement final de l’aventure… Complètement irrationnelle la fée…


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  • Ceci est un fait réel, nullement une fable ou un conte.

    Un village africain au sein d’une région semi- aride, en voie de désertification, que les Arabes ont appelés « Sahel ». En terme imagé, cela veut dire « le Rivage », cet immense océan minéral que représente le grand désert saharien. Dans les faits, le pays est, entre grand désert et forêt tropicale, dans une sorte d’agonie, la grande sécheresse des années soixante- dix ayant été terriblement destructrice  pour la faune, la flore, les troupeaux et le sol. La précarité omniprésente permet de survivre  plus ou moins, mais parfois, elle se fait carrément misère ; cependant, tout se passe comme si les forces de vie, elles aussi omniprésentes malgré tout, n’avaient pas abdiqué et s’obstinaient encore dans la végétation chétive, dans les animaux malingres vaquant à leur incertaine pitance. Elles sont dans le cœur de ces femmes besogneuses et miraculeusement joyeuses, et de ces hommes comme impuissants, prisonniers d’une indolence millénaire. De temps en temps, de petites rafales d’une brise tiède surgissent d’on ne sait où, font tourbillonner la poussière en un vortex espiègle, parcourant la terre pour se dissiper sans laisser la moindre trace. Sur les champs se dressent les tiges desséchées du mil, de maïs, de sorgho, soulagées de leur manne. La récolte vient d’être achevée.

    De jeunes cultivateurs jubilent, envahissent la cour du village, s’installent autour du doyen accroupi sur une nappe, dans ses habits de pauvre, le dos appuyé au mur de sa case en terre ocre. L’homme est beau, non qu’il ait des traits fins, mais parce que son visage fripé, orné d’une barbe blanche, affiche cette extraordinaire sérénité à laquelle la cécité dont il est affligé donne encore plus de profondeur : il vit de silence et de songe. L’homme est en quelque  sorte clos sur lui- même ; il est noblesse incarnée agitant de temps en temps un éventail dans la tiédeur et la torpeur d’un temps qui semble immobile. Les jeunes paysans se tiennent dans une déférence et un respect justes face à celui qui va bientôt rejoindre les ancêtres, vivre dans un ailleurs, tout en gardant le lien avec ceux qui vivent dans le monde ordinaire. Après que le vieillard a manifesté qu’il est à l’écoute, qu’il est sorti de son temple secret, l’un des jeunes paysans prend la parole et dit : «  Doyen, nous venons t’annoncer une bonne nouvelle. La récolte, cette année, est bonne. La terre a été généreuse grâce à la générosité du ciel qui l’a abreuvée en suffisance de sa bienveillance. Nous serons tranquilles jusqu’à la prochaine récolte. »

    Le vieillard manifeste sa joie par un petit cri et dit : « Ayons gratitude à l’égard de la terre et du ciel qui l’a fécondée. Je me réjouis comme vous. »

    Après un temps de silence, les jeunes reprennent la parole :

    «  Nous devons te dire également que la poudre des blancs, dont nous avons nourri la parcelle à l’est du village, a permis d’obtenir deux fois plus de récolte. Elle fait plus d’effet que le fumier et nous donne espoir. »

    Le vieillard garde le silence un bon moment, comme plongé dans le songe qui le ramène à sa chapelle intérieure. Les jeunes paysans sont un peu décontenancés par le manque d’enthousiasme du vieillard. Il prend enfin la parole :

    « Mes enfants, je ne sais de quoi est faite cette poudre. Mais elle semble agréée de Dieu, pour avoir un pouvoir si bénéfique sur la terre, et par conséquent sur notre propre vie. Nous en aurons également un autre avantage, puisqu’elle permet d’abondantes récoltes, à ce que vous avez constaté : nous pourrons désormais nous contenter de ne cultiver que la moitié de nos parcelles, et peut- être moins que cela, si Dieu le veut. Notre peine sera ainsi allégée. En toutes circonstances, gardons la mesure des choses pour que la satisfaction puisse toujours habiter notre âme. Et si nos besoins sont outrepassés, n’oublions pas ceux qui ne parviennent pas à les satisfaire, car Dieu donne pour que nous donnions ».

     

     Extrait de Pierre RABHI, Vers la sobriété heureuse, p.59 à 61, Actes Sud, 2010


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  • J’ai rencontré Pierre Rabhi en virtuel puis en vrai, je dis rencontre parce que, comme mon ami Boris, j’ai trouvé en ses paroles des échos à mon univers interne et le partage de quelques minutes en sa compagnie fut simple, authentique et magique, profondément humain. La sortie de son nouveau livre était un bon prétexte pour commencer ma collection et j’avoue l’avoir dévoré très rapidement.

     

    Il commence par le Sahara où il décrit, sans angélisme, avec ses souvenirs d’enfance la simplicité d’une vie sobre et tranquille peu à peu détruite par la modernité et ses horaires, sa monnaie, ses transports, la consommation présentée en voie unique du bonheur. A vingt ans, il comprend déjà que c’est une monumentale imposture parce que l’argent devient valeur dominante et que le capitalisme engendre des inégalités insupportables. Puis vinrent les années en région parisienne comme  travailleur, ouvrier spécialisé. En pleine croissance après- guerre, ses camarades de labeur croient en un avenir meilleur pour leurs enfants, l’espoir de leur offrir les études qu’ils n’ont pu faire eux- mêmes, le confort conjugués à leur foi dans le progrès donnent sens à leurs sacrifices, leur aliénation dans des emplois insensés. Seulement, avec la surabondance, grandit un malaise, un ennui profond et l’avoir écrase l’être.

    En parallèle, la paysannerie s’étiole, disparait avec la mesure et l’humilité de l’homme dans la nature qui lui sont attachées. Massacrée à la guerre de 14-18, arrachée à la terre pour fournir la main d’œuvre aux usines, elle est complètement démantelée comme ses structures sociales traditionnelles. Servitude volontaires des hommes  à l’aide de la propagande exaltant le progrès, pillage de la planète pour nourrir la révolution industrielle, multiplication des abstractions, prédominance de l’intellect, mobilité détachant l’être du corps social, du territoire. Le monde rural est aliéné par le remembrement, l’agrochimie, la frénésie de la production à tout crin ; la loi du profit immédiat appauvrit des paysans coupés de la terre nourricière qui n’est plus un bien commun et vital à préserver pour les générations suivantes.

    La modernité ? Arrogante, hypocrite, elle uniformise et standardise le monde, elle est incapable de conjuguer ses progrès bénéfiques sur les plans politique, technologique, médical, … avec les acquis antérieurs. L’homme (de préférence occidentalisé)  est un prédateur de la nature, un dieu la dominant pour son profit, un homme coupé de l’intelligence de la vie. Intuition, sensibilité, subjectivité n’ont que peu de place face à des pensées fragmentée (hyper spécialisation de chacun) et mécaniques. Une rationalité sans âme vouée à la finance a construit le monde actuel engendrant ennui et désabusement.

    La pyramide répartit les humains : en bas ceux qui triment et gagnent peu, en haut, ceux qui cumulent les bénéfices,  entre les deux, les échelons à gravir et à ne surtout pas dévaler, pyramide pérennisée par le système éducatif d’emblée. Culture hors sol, enfermement constant dans des boites  (par exemple, emploi dans des petites ou grandes boites, sorties en boite, balades en caisses, pour finir dans la boite ultime), horizon bouché et fermé des citadins habitant des espaces exigus, multiplications des clefs, codes, serrures, caméras de surveillance.. Ambiance carcérale généralisée. Cette suspicion n’engendre que le sentiment d’insécurité.

    La technologie galopante, normalement au service des hommes, les rend dépendants, les enferme toujours plus derrière leurs écrans et gadgets. L’information à flux tendus assomme en véhiculant vérités et contre- vérités, indiscrétion généralisée jusque dans la plus grande intimité de tous.

    La plaie et l’erreur fondamentale faite au cours de l’évolution technologique est la subordination du destin collectif, de la planète au LUCRE, c'est-à-dire la finance engendrant le gaspillage et l’avarice, une prédation humaine sans fin, avide et irraisonnée, immodération fondée sur des désirs inassouvis et concurrentiels constamment attisés par la comparaison, la compétition, la publicité. L’homme transpose ses fantasmes sur l’or, les pierres précieuses, l’argent, les matières minérales et donne une importance énorme à des superflus devenus indispensables.

    La technologie donne un pouvoir énorme, inégalé dans l’histoire alors que la conscience, elle, n’a pas évoluée. L’homme est grisé par sa puissance et transgresse les limites naturelles.

    Inévitablement, les inégalités s’amplifient, entre le Nord et le Sud, au sein d’un même pays (Que deviendraient de nombreux habitants de France sans les aides de l’Etat ?) Simplement parce que ne compte plus pour richesse que la finance. Fragmentation sociale, cloisonnement provoquent angoisses, consommation d’anxiolytiques médicamenteux ou par l’illusion de la possession.  Frustration, colère, révolte côtoient  sensation de toute puissance en réponse aux peurs d’insignifiance et de finitude d’une vie humaine devenue dérisoire.

    Explosion des notions essentielles de temps : d’un temps de cycle naissance- mort, de rythme intervention- repos, nous sommes passés à un temps indexé sur l’argent, un temps à gagner, à ne surtout pas perdre d’où une frénésie en mode d’existence collective, un temps perpétuellement fragmenté secouant le corps par la vitesse toujours plus grande des déplacements et communication amplifiée encore par l’informatique et son immédiateté. Explosion des notions de temps et d’espace devenu psychologiques réductibles et extensibles à l’infini.

     

    Notre société (notre civilisation ?) est véritablement la plus vulnérable, la plus irrationnelle qu’ait connue l’homme. Tout y est confus, déstructuré, les inégalités d’autant plus révoltantes que la technologie permettrait d’offrir une vie décente à tous dans le respect de la planète, de l’autre. Alors quoi ? Que faire ? Constater et se soumettre ? Accepter par tacite consentement ? Certainement pas !

     

    La réponse : la sobriété volontaire.

     

    Penser qu’une croissance infinie sur une terre finie est un leurre, une illusion abominable, une chimère. Nous avons le pouvoir (le devoir ?) de dire, d’abord en soi « cela suffit » (je vous recopierai une histoire tirée du livre dans le prochain article à ce propos).

    Refuser la toute puissance de la finance en revenant prioritairement à une agriculture capable de nourrir sainement TOUS les humains de la planète, sur leurs terres ou près de chez eux

    Revenir à une société où « l’individu est à la place où il est utile à lui- même et aux autres », une société régie par l’assistance mutuelle, une société reliée à la terre, l’eau, les savoirs et savoirs –faire. Honorer l’homme, tous les hommes avec la sagesse pleine de bon sens.

    Retrouver la valeur des présents de la vie, la gratitude à l’égard de la terre nourricière et  renouer ainsi avec la plénitude et la conscience de sa présence au monde, sortir de la toute- puissance de l’argent décidant à lui seul ce qu’est la richesse, la pauvreté et la misère. Retrouver la valeur des choses par l’effort qu’elles nécessitent, en finir avec le gaspillage, la dilapidation des ressources, revenir à la modération, à la sobriété et ne plus se jeter dans la consommation sans limite sous prétexte qu’il y a opulence. Et si abondance il y a, qu’elle n’ait de but que d’être équitablement partagée. Quitter la prédation extensive, l’obsession du stockage et l’appropriation, se défaire du superflu.

    Renouer avec la liberté donnée par la frugalité où force, patience, endurance et légèreté se conjuguent. Construire un art de vivre avec tranquillité et légèreté.

    « La sobriété heureuse, pour moi, relève résolument du domaine mystique et spirituel. Celui-ci, par le dépouillement intérieur qu’il induit, devient un espace de liberté, affranchi des tourments dont nous accable la pesanteur de notre mode d’existence. ».

    Rendre la mesure à toute chose en quittant l’illusion de la toute puissance de la pensée humaine parce qu’elle est minuscule, limitée, éphémère. Contempler le monde hors des questionnements incessants, des attentes et des ambitions afin d’ouvrir notre être profond.

    Sortir du temps –argent afin de reconquérir sa liberté, privilégier la méditation, l’immobilité, le silence, la calme, la lenteur.

     

    Enfin, il raconte son parcours : orphelin de sa mère à 4 ans, son père le confie à un couple de Français sans enfant qui l’adopte, il grandit entre deux cultures, deux représentations du monde parfois contradictoires. Après une scolarité médiocre, il lit les philosophes, les mystiques, se penche sur l’histoire, s’interroge sur la civilisation. Il quitte sa terre natale dans les années 50 avec la guerre et la violence de la libération algérienne dans une grande solitude. Il travaille comme ouvrier spécialisé en région parisienne, rencontre sa femme avec qui il part s’installer dans la Cévenne ardéchoise. Afin d’obtenir le crédit nécessaire pour acheter une terre, il se forme en agriculture ingurgitant en un an le programme de trois parce qu’ils n’ont pas les moyens de les financer. A la banque, le conseiller ne comprend pas son obstination à acheter 4 hectares de terre rocailleuse et en garrigue sèche avec un bâtiment nécessitant de gros travaux et seulement quelques trentaines de mètres cubes d’eau pluviale collectés dans des réservoirs creusés dans des failles naturelles ; à ses yeux, il emmène sa famille à un mort certaine. Malgré les remontrances, ils s’installent, vivent sobrement, travaillent et lentement, transforment le lieu en un petit oasis refusant l’agriculture industrielle, se souciant constamment de choix écologiques. Autolimitation, rigueur, rationalité et objectivité sont nécessaires à l’élaboration de leur projet promouvant constamment le sens, la cohérence et l’importance fondamentale du lien social afin de ne pas vivre en marginaux.

    Après 15 ans de vie très sobre parfois à la limite de l’indigence, il s’interroge sur sa démarche, l’évolution de la société, la place de son choix dans cette société. Parce qu’il vit en France, dans un pays riche, il se sait privilégié et se dit  même capitaliste ne serait- ce que par la possession de sa voiture moyenne nécessaire à ses déplacements pour les conférences. Par delà la satisfaction de ses besoins élémentaires, lui aussi possède du superflu et proclame que nous sommes nombreux à ignorer combien nous sommes capitalistes. Il reconnait également que la notion de sobriété  n’a aucun sens pour les plus démunis et peut être interprétée comme une provocation au regard du fonctionnement actuel de la société parce les différences sont criantes, révoltantes, engendrent la violence, la peur. « La responsabilité de soi- même que la société doit impérativement permettre à chacun » n’est possible qu’en renonçant au modèle actuel. Il s’agit de changer de paradigme en replaçant l’être humain et la nature au cœur de nos préoccupations. Surtout, il nous est nécessaire de  réenchanter le monde en évoluant vers un humanisme authentique, trouver une façon juste d’habiter la planète et d’y inscrire notre destin d’une manière satisfaisante pour le cœur, l’esprit et l’intelligence.  Générosité, équité et respect.

    Le système actuel n’est pas rasfistolable, il y a à renoncer aux mythes fondateurs de la modernité, à revenir au vivant, à protéger les biens vitaux, les extraire de la spéculation financière, considérer les milieux naturels en tant que biens communs à préserver, harmoniser la relation humains/ nature, ré équilibrer le masculin et le féminin parce que les femmes sont bafouées et négligées, promouvoir une pédagogie de l’être fondée sur la coopération, la conscience de la complémentarité des êtres, le rapprochement de la terre, la revalorisation du travail manuel afin d’extirper les enfants de leur seul rôle de consommateur, structurer les espaces différemment afin de privilégier les relations humaines, la solidarité dont surtout celle à l’égard des anciens, etc.

     

    Pierre Rabhi n’est ni un idéaliste,  ni un passéiste, encore moins un réactionnaire ou un doux rêveur. Il observe, partage ses pensées, constate et propose des solutions. Il ne se fait guère d’illusion parfaitement conscient du caractère aléatoire des humains et de leurs défauts. Néanmoins, il fait sa part, aussi infime soit- elle. Il appelle à l’indignation constructive, à la mobilisation de chacun d’entre nous afin de changer de paradigme proposant des pistes, ouvert à toute initiative allant dans le sens du manifeste Terre et humanisme. Mon texte exprime ce que j’en ai perçu et retenu, incorrectement probablement. Si la question de notre place sur cette terre vous intéresse, allez piocher par vous- même dans ses textes, je vous y invite grandement. 


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  • Avant la maladie, je passais beaucoup de temps à mobiliser mon garçon: marche à pied, vélo, roller, piscine. La perte de mes capacités physiques fut pour lui particulièrement violente vu qu’avant sa mère était dynamique et constamment en piste afin de trouver des occupations défoulant les énergies.

    Pendant les années de lourds handicaps, il ne fit plus rien, personne n’avait de temps ou de force pour lui permettre de se dépenser, c’était un crève- cœur à mes yeux et j’étais triste de le voir se morfondre dans une quasi- indifférence. Aussi, dès que je pus initier et/ ou participer d’une façon quelconque à une activité, je luttais afin d’y parvenir. Il y eut ainsi nos promenades en fauteuil, les premières marches, les sorties à la piscine, les balades à vélo. Ces dernières l’effrayaient quelque peu car il savait pertinemment que je ne voyais pas ; partir seul avec moi quand SeN rechignait à nous accompagner était une responsabilité trop lourde à porter sur ses épaules de garçon de 10 ans en ces temps-là. Finalement, j’avais réussi à le convaincre et nous étions partis à travers les routes de campagne. Malgré ma vue très faible, j’avais ouvert grand mes oreilles, m’étais fiée à des éléments suffisamment gros pour me repérer et  l’expédition s’était déroulée sans encombre. Renouvelant l’expérience, il lui redevint naturel de partir en expédition avec moi. Néanmoins, grandissant à grande vitesse, son vélo devint trop petit et nous ne pûmes plus profiter de ces sorties jusqu’à ce mois de juillet et l’achat in extrémis d’un vélo nécessaire à sa participation au camp.

    Début août, ne supportant plus de le voir se vautrer à longueur de temps entre le lit et le futon, j’émis l’idée de partir tous les deux à deux roues faire un tour sur une piste cyclable qu’il ne connaissait pas. Il râla, comme d’habitude puis accepta l’offre. Il prépara de quoi manger et boire dans son sac à dos et trouva une excuse à la noix pour me le faire porter. Nous partîmes.

    DSC00070Il crâna avec son nouveau vélo, pédalant comme un fou afin de rester devant et me dépasser à la moindre occasion. Pourtant, entre deux pointes de vitesse, il lui arrivait mille et un malheurs qui le freinaient ; je me retrouvai donc à l’attendre avançant avec constance lentement. « J’ai déraillé, j’ai mal aux pieds, j’ai mal au genou, je me suis cogné, j’ai besoin de régler mon siège, … », la litanie n’avait pas de fin. Connaissant assez bien l’énergumène, je négociai l’air de rien l’avancée du parcours alors qu’il commençait à dire qu’il était fatigué, qu’il avait faim, qu’il avait soif. Il pesta, refusa la perspective de continuer le ventre vide et la bouche sèche… seulement, héhé, c’était moi qui portait le sac et allègrement, je roulais devant lui, m’échappant plus loin à chacune de ses tentatives pour l'attraper ; « comme avec l’âne qui avance à la carotte ! ». Nous roulâmes une demie heure jusqu’au village que j’avais négocié où il put ENFIN boire et manger. Une photo de moi fut prise en symbole de la DSC00076victoire que représente la simple activité de se percher sur un vélo, en équilibre et de pouvoir avancer puis nous repartîmes vers la maison. L’ambiance était plus légère et nous devisâmes de choses et d’autres, relevant toutefois la joie d’avoir pu atteindre notre objectif. Nous empruntâmes une autre voie et ce fut heureux et détendus que nous retrouvâmes nos pénates.

     


    Autant pour lui que pour moi, l’aventure somme toute banale avait la saveur de ces riens qui font le bonheur de vivre, d’être là, ensemble.



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