• A l'étage, se trouvent  le grenier déjà évoqué et deux chambres. L'une est de forme standard avec une fenêtre orientée sud et la seconde, une grande pièce au sol, aménagée dans un grenier par les anciens locataires avec une petite fenêtre orientée à l'est, deux côtés sont largement mansardés et une poutre traverse celui de droite.

    Lors de la première visite de la maison, j'observai la grande surface de ces pièces et les papiers douteux mal posés.  Sans revendiquer quoi que ce fût, j'écoutais  les remarques et réflexions quant à la répartition des chambres. Certes, mon garçon eut pu bénéficier d'un immense espace tout à lui pour y inventer son univers en répartissant un coin dodo, un autre pour jouer et un dernier pour travailler, la petite chambre standard m'avait parue largement suffisante pour des adultes. L'inverse fut décrété « parce qu'il n'y a pas de raison à ce que l'enfant ait plus que les adultes ». Ma foi, pensai-je, il sera très content avec celle-là, il n'en a jamais eu d'aussi grande.

     La chambre attribuée au fiston ne fut pas spécialement le théâtre de conflits  inconscients car elle fut dévolue explicitement au même titre que la pièce du rez- de- chaussée devenue mon atelier. Tant que nous ne touchons pas aux biens non déménageables  appartenant clairement aux propriétaires, nous pouvons en jouir à notre guise sans crainte de jugement.  Ainsi, en lutte perpétuelle contre le fatalisme et la fatigue ambiants des travaux de l'été 2004, je résistai ardemment pour en changer les papiers peints. Je pris tout en charge seule puisque ma décision était jugée exagérée et inappropriée. Je  découvris avec exaspération qu'ici, comme dans la cuisine, se trouvaient deux papiers l'un par-dessus l'autre malgré la parole donnée des anciens locataires d'avoir enlevé l'ancien. Ce dernier par ailleurs était moisi et dans ce désagrément, je trouvai avec plaisir la facilité de le décoller. Décollage, peinture,,recollage, je ne me souviens plus des circonstances des travaux, mon obstination mal supportée prend toute la place dans ma mémoire.

     La chambre devint une belle pièce d'autant que je confectionnai des rideaux avec de la toile de jeans épaisse pour occulter la lumière : le volet extérieur en bois était tellement branlant qu'il était quasiment impossible d'espérer en profiter sans qu'il ne se décomposât lui- même. Il fut d'ailleurs jeté à bas quand le sapin du jardin fut abattu en 2007, il contribuait allègrement à l'image d'une façade de maison abandonnée (le qu'en-dira-t-on en meneur absolu)

    Cinq ans sans volet s'écoulèrent pour mon garçon. Il ne s'en plaignit guère et au détour d'une conversation anodine il y a peu, il clama son exaspération contre la pluie battante, le vent sur les carreaux qui lui faisaient peur, contre la fenêtre sans battant intermédiaire et le vacarme venu de la rue tous les jours (la façade sud se prend tous les courants de vents, d'air, de bruits)  Effectivement, il y avait de quoi se fâcher, cette pièce est un frigo en hiver et un four en été ; hormis par la fenêtre ouverte, il n'y a aucune circulation d'air.

    Ce fut dans la concertation que je plaçai les meubles réfléchissant à leur utilisation. Quelques années passèrent et je finis par déplacer l'armoire afin de pouvoir y ranger son linge malgré le bazar généralisé au sol, nous changeâmes pareillement le lit de place car fiston dormait mal.  Son lit mezzanine très utile dans les anciennes petites chambres devint le théâtre de conflits répétés car il s'y réfugiait souvent, y traînait le matin et nous ne pouvions l'y saisir ; il fut descendu arbitrairement. Pourtant, il fallut encore le déplacer après la visite d'un géo biologiste, cette chambre est traversée de deux failles dont une fait une branche. Il est désormais entre les deux dans une situation peu pratique, aucun autre lieu n'étant possible pour les éviter.

    Depuis que la maladie est arrivée, mon garçon en a définitivement fini avec les caprices du matin, il se lève désormais seul suffisamment tôt pour  déjeuner, s'habiller, préparer ses affaires et s'occuper de ci de là. J'ai demandé à ce que le lit fut remonté pour lui installer un bureau dessous... Rien à faire, inévitablement.

    Etant donné l'invasion des livres dans sa chambre- mon fiston a hérité du travers de la lecture comme sa mère-,  SeN lui fabriqua une belle bibliothèque que je couvris simplement de cire d'abeille, dégoûtée des produits toxiques vendus librement à tout venant dans les magasins de bricolage. Les piles de livres n'en continuent pas moins d'envahir l'espace autour de son lit. Finalement, je n'y rentre quasiment plus. A 12 ans, qu'il se débrouille avec ses propres travers !

    Cette chambre ne porte pas tant de conflit parce qu'en dehors de fiston et moi,  nul ne s'en est soucié. Ma mère et ma sœur, quand elles viennent, en inspectent l'ordre et la propreté pour le taquiner sur son désordre ; depuis qu'il est au collège, je toque avant d'entrer. Nous n'avons donc pas de territorialisation inconsciente de l'espace, il nous est consciemment dévolu. Les conflits soulevés sont dus aux éléments relevant de la propriété inconsciente portée sur le non déménageable.

     La symbolique de cet espace m'éclata alors que j'étais à l'hôpital au début 2007. L'hiver était froid et mon garçon continuait de porter ses vêtements d'été. El., mère de SeN, prenait soin quotidiennement de lui en mon absence et dans sa bonté habituelle, elle l'embarqua au magasin pour le vêtir plus chaudement sans rien me demander. Fiston fut heureux de ces attentions chaleureuses et fier de me montrer ses nouveaux vêtements. Incrédule, je posai la question des vêtements que je lui avais achetés l'été précédent pour l'hiver et qui étaient dans son armoire, dans sa chambre. A ma grande consternation, j'entendis que PERSONNE n'avait songé à regarder au fond des étagères et de la penderie! Il était donc plus facile de courir au magasin plutôt que de farfouiller dans cette armoire ?! Dès que mes jambes me permirent de monter à l'étage, je retournai dans la chambre et sortis toute la panoplie d'habits chauds pour l'hiver en pestant. Si le geste et l'intention sont très honorables et reçoivent toute ma reconnaissance, cet épisode m'a abasourdie puis  a généré chez moi une colère sourde.

    Pendant les deux mois d'absence de mon hospitalisation, que s'était-il donc passé dans cette maison ? 


    3 commentaires
  • Quand Mariev me demanda si elles pouvaient venir quelques jours, je fus enchantée à l'idée de les gâter. Goûter en vrai mes préparations culinaires semblait un beau programme et Mariev réclama une tamagouille. Par un concours de circonstances heureux, suite à une envie de coq au vin depuis quelques semaines, je venais de recevoir mes volailles fermières locales. Un coq  de 2 kilos était une belle pièce adaptée à leur visite.

     N'ayant jamais cuisiné ce plat, je demandai à ma mère de venir me montrer comment s'y prendre ce qu'elle accepta immédiatement. Elle est un grand gourmet, gourmande, et où qu'elle aille, elle se soucie systématiquement de ce qui est à manger. Si en prime, c'est pour accueillir des invités, elle est enthousiaste de partager ses talents. Elle vint donc quelques heures avant elles avec un pot de crème (elle sait que je n'en ai pas en général) et elle me donna les consignes. Evidemment, elle maugréa contre mes limitations en matière grasse privilégiant l'huile au beurre et autre arrangement à ma manière. Elle avait apporté aussi des nouilles spéciales alors que je me préoccupais des haricots beurre à cuire à la vapeur au dessus de la viande. Bref, deux ensorcellements en croisement et adaptation plus ou moins facile. Ma foi, nous sommes complémentaires d'autant que le résultat fut une belle réussite. La sauce était onctueuse et bien que me doutant de la dose énorme de crème versée, je me régalai de ce plat.


    Quand Mariev et Coq arrivèrent, elles n'avaient qu'à mettre les pieds sous la table et je leur interdis de se préoccuper de quoi que ce fut ; j'aime recevoir et bichonner mes visiteurs. Regardez par exemple la table du petit déjeuner chez moi, n'est- ce pas royal ?


     


    En dessert, j'avais fait des coupes de melon, pastèque et kiwi avec un fond de fromage blanc aux fruits rouges du jardin, du miel de tilleul, une goutte de rhum. des céréales croustillantes et des amandes effilées. Très rafraichissant après des heures passées dans la chaleur de la voiture... Et il y avait cette expérience en biscuit bizarre dont Mariev trouva l'ingrédient principal.

    J'avais envie de faire un biscuit léger et d'utiliser ce cadre inox acheté le mois dernier; une idée subite de montage me prit. Je préparai une pâte à génoise à ma façon remplaçant sucre blanc par sucre complet, farine par farine d'épeautre, fécule et poudre d'amandes. Je la cuis  10 minutes au four à plat comme pour un biscuit roulé et je me cassai la tête pour la garniture. Je demandai alentour ce qui faisait envie et mise à par la pâte aux noisettes, rien ne vint aux esprits. Je farfouillai à gauche, à droite, versai du caramel liquide sur le biscuit du dessous  et retrouva une purée de mangue dans le congélateur. Zou, dans une casserole avec du sucre complet. J'ajoutai du jus de clémentine et de l'agar- agar pour rigidifier le tout. Pourtant, comme je craignais que les goûts ne soient trop spéciaux, j'ai ajouté une mixture de lait de chèvre, lait de soja et fécule, la pâte a épaissi en chauffant. J'ai préparé mon montage avec le carré inox et attendu que cela refroidisse.

    Quand je le servis, il n'était pas assez froid à mon goût et je les laissai deviner ce qu'il y avait dedans. C'était indéfinissable, hihi. Ma mère jugea qu'il n'avait pas de goût forcément. Mariev trouva la mangue et personne n'en dit plus. Consciente que mes expériences sont très particulières, je ne savais pas trop si elles aimaient ; j'étais pourtant satisfaite du résultat. Il ne restait qu'à le mettre au frigo pour le lendemain.

    Comme je l'avais supposé, il fut effectivement meilleur, plus froid et en le gloutonnant dans mes recherches gustatives intérieures, je fis un lien fulgurant avec la noix de coco. Ni une, ni deux, j'en saupoudrai le dessus et m'extasiai sur le résultat dans mon délire intérieur personnel. Découpé en petite bouchée, je le trouvai beau. «  Oui, je sais, je suis une pauvre fille à m'extasier sur quelques bouts de gâteaux ! » m'exclamai- je en riant. Les filles me contredirent, elles trouvaient cette attitude très positive. Il est vrai que je ne suis pas blasée des joies simples de l'existence.

     

     


    Nous avons mangé le coq pendant trois jours et avec ce genre de plat, plus c'est réchauffé, meilleur c'est ; personne n'avait faim  ou envie de chercher quelque chose à grignoter pendant la journée... sauf le vorace garçon de 12 ans avec ses sandwiches à la Scoubidou d'avant dodo (pain grillé, saucisse à tartiner, olives noires, fromage, cornichon, ketchup, mayonnaise).


    Il nous a fait des frites avec la super friteuse,

    je leur ai préparé une soupe au yaourt à la turque ainsi que des cigarettes oseille et feta ; elles étaient enchantées. Notre dernier repas ensemble était constitué des restes des plats précédents et nous nous sommes léché les doigts toutes les trois.

    J'étais heureuse de vider mes casseroles et de remplir leurs estomacs.


    Bien sûr, nous n'avons pas que manger, nous nous sommes promenés, nous avons discuté et partagé tant et tant d'autres nourritures immatérielles.

     Fiston était tout fou de les recevoir, il les attendit toute la journée comptant les heures, campa devant la maison au moins une heure pour les accueillir et elles le chassèrent tard le soir pour pouvoir dormir. Il avait tellement envie de les revoir, de partager.

     Son attitude m'étonna à nouveau.  Lui d'habitude si sauvage, si farouche et écorché vif m'avait surprise par la facilité avec laquelle il les avait rencontrées lors de notre weekend du 1er mai chez Mariev ( voir les articles Magique escapade) ; chez nous, il était avide de montrer, partager.  Inévitablement, quelques accrochages survinrent du fait de ce débordement d'enthousiasme, cependant, je me fiai à la communication non violente et aux acquis des dernières années afin de comprendre ce qu'il se joua entre notamment Mariev et lui. C'est fastidieux, ardu, la démarche hésitante, tâtonnante laisse entrevoir des flous inhabituels, déstabilisants. Néanmoins, je mesure l'éclairage nouveau sur nos attitudes, le relâchement troublant et bénéfique en résultant.


    Etranges ces rencontres dues aux « hasards » de la toile.

     Nous ne nous connaissons ni par le corps, ni par les gestes, ni par la voix, ni par des lieux partagés... Nos inconscients, nos esprits, nos émotions se croisent et se font écho pour des raisons qui nous échappent. Etant chacune sincères, les accrochages d'intime en intime se sont tissé presque malgré nous. Il est  quasi irrationnel de se trouver ensuite de corps à corps parce que la rencontre se fait à l'envers. Dans la vie quotidienne, la surface et les mouvements servent les inconscients de l'un à l'autre sans se dire ; peu à peu, l'interne se dévoile selon les enjeux mis sur le tapis relationnel, partage des émotions et pensées, prise de conscience ou non du jeu interactif et de ses enjeux. Quand sur nos blogs nous partageons nos pensées, nous mettons notre intime entre les mots, les lignes. Les sujets, les mots posés, les expressions, les réflexions se dispersent sur les ondes, glissant sur celui- ci, accrochant sur celui-là. Quelle part de nous se reflète dans cet autre « virtuel » ? Pourquoi celle-ci et pas celle- là ? La rencontre ne se fait pas par hasard, elle est le reflet d'une part de soi, de notre cheminement dans notre vie.

     Logiquement, naturellement, l'interaction dans les lieux et les activités se mettent en place, les relations, les échanges verbaux ou de circonstances ne s'encombrent plus des façades, l'essentiel et le central sont connus, l'intimité de la toile se concrétise dans le réel. Ainsi, il est arrivé que ces accrochages circonstanciels prennent un tout autre sens que dans un quotidien classique. Dans ces gestes ou ces mots, je vois, je ressens cet interne entrevu entre ses mots, entre ses préoccupations évoquées sur son blog ; dans ces échanges parfois mouvementés, je retrouve ce que j'ai vu à travers son écriture et ses images. Est-ce par mes expériences passées, les clefs offertes par la communication non violente que je pose un regard autre sur les éléments de notre réel commun? Toujours est -il qu'après une petite scène lors d'une visite d'église, je pris quelques minutes afin de donner du sens à ce que j'avais ressenti. Coq et Mariev étaient dans le flou puisque mes paroles étaient incohérentes. Finalement, j'eus envie de les embrasser de mon être après que nous eussions pris le temps de parler.

     Nous sommes prisonniers des jugements qui jalonnent nos existences, nous coupant de nous- même et donc des autres.  Par ce partage d'intime via le net, nous savions chacune qu'il y a autre chose que les apparences, les circonstances et parce que les barrières habituelles n'ont pas lieu d'être dans de telles rencontres, aussi laborieux que ce pût l'être, nous avons avancé ensemble.  Donner, recevoir, prendre du recul ,dépasser les principes pour aller au principal, exister et être parmi d'autres, la voie ouverte par le net avec des relations authentiques laisse entrevoir la multitude de nos possibilités humaines et l'enchantement que nous pouvons faire de nos vies.

    Merci les filles !

    Mon seul regret est que Pandora n'était pas là, la réalité du temps et de l'espace a tranché, ce n'est néanmoins que partie remise. La vie est trop parfaite pour que moi pauvre petite humaine je puisse me permettre de juger les circonstances injustes ou inappropriées.


     Mariev et Coq ont illuminé la maison, elles étaient là comme habituelles. Elles m'habitent, je les habite. Une évidence que j'ai déjà remarquée avec quelques autres personnes pareillement. Où que j'aille, où que je bouge, ces personnes sont avec moi et remplissent mon intérieur. Elles ne me sont pas étrangères, elles font partie de moi. A l'image de ce que je suis maintenant.


    5 commentaires
  • Les desserts.


     Jeter de la nourriture est un acte scandaleux à mes yeux ! Quand je vois que quelque ingrédient dépérit dans l'indifférence de tous, je les déplace vers la cuisinière et les mitonne afin de leur donner un nouvel attrait.

     Ainsi, je m'évertuai à élaborer ce gratin de vieilles pommes flétries (avec ce petit goût suave qui les caractérise mmm) en y mêlant cannelle, noix de coco râpée, jus de pomme, beurre.

                                                                                         

    Ma plus belle réussite me vint de cette merveilleuse glace pomme kiwi que fiston et moi avons englouti en une soirée ! Évidemment, je n'y ai mis qu'une cuillère à soupe de sucre complet comptant sur les sucres naturels des fruits. J'ai osé y mettre un peu de crème épaisse et franchement, ce fut un délice !

                                                                         

    Il y eut également la récolte des framboises et groseilles que personne ne terminait. J'ai tout mis dans des feuilles de bricks avec du sucre complet et une feuille de beurre au four ; ces corolles de fruits rouges ont été délicieuses. La pâte feuilletée est fastidieuse à préparer. Bien que l'ayant réussie avec brio, je lui préfère les feuilles de bricks ou de filo nettement plus simples à utiliser et beaucoup plus économique. J'en ai toujours sous la main pour improviser quelques plats ou desserts feuilletés.

                                                                        

     

    Avec ma sœur, nous avons fait d'adorables choux et éclairs. Restant sur un échec ancien avec la pâte à chou, je me suis contentée de les confectionner avec la poche à douille, ils étaient très beaux (la photo est trop floue). Punaise ! Un jour, je retenterai l'expérience par moi- même, ce n'est pas si compliqué apparemment.


    Piquée par une envie subite et persistante de gâteau au chocolat, j'ai fait ces petites choses une après midi pâtisserie. Les moules en silicone permettent des fantaisies bienvenues.

                                                                              


    En sortie.


    - Chez Delph et Vince, je me suis régalée à plusieurs reprises. C'est que ces amateurs de gastronomie ne sont pas en reste dans la quête de goût. J'aime nos échanges sur le sujet et découvrir quelques variations d'un tout autre genre que les miennes. Par exemple, cette coupe pamplemousse, crevettes et autres trucs avec une point de chantilly sur le dessus ; Non seulement nous avions une très belle table, mais en plus, un commencement tout à fait inhabituel. Je n'en préparerai pas chez moi mais cela ne m'empêche pas de goûter et découvrir chez d'autres.


      J'ai eu aussi ce dessert fameux et frais à la rose et aux fruits. J'ai oublié ce que c'était, reste le souvenir d'un délice que j'ai envie de renouveler. Delphine, c'est quoi déjà la recette ??? SOS !!!!!

    En partant, j'ai emporté une portion de caviar d'aubergine ; je suis la seule adepte de l'aubergine à la maison et je l'ai mangé avec mes salades. Je n'ai aucune idée du mode préparation, à découvrir.

     

     


    - Lors de ma dernière virée chez Maud avec Noémie, j'ai apporté ma super friteuse qui les intriguent depuis quelques temps et dont elles ignorent les résultats. Les frites ont fait l'unanimité tant dans le goût, la texture que les calculs caloriques opérés en direct par Maud, grande spécialiste dans le domaine. La conversation avec son mari m'a surprise et ravie, c'était une nouvelle approche de la nourriture ; les sachant grands amateurs des belles tablées et autres gourmandises, j'ignorais leur préoccupation calorique, hihi. Non dans l'obsession de la ligne, simplement une curiosité quasi scientifique.


    -J'ai ENFIN mangé une préparation de mon chauffeur grand cuisinier. Venue filer un coup de pouce pour un rapport de stage, je me suis retrouvée pour mon grand bonheur à leur table. En 20 minutes, il a fait « simple » : filet de sandre poêlé avec un risotto crème, menthe et citron. Vous pouvez me croire, j'ai dégusté chaque bouchée et n'ai pas manqué de poser des questions. Alalala, c'était une belle entrevue que ce jour- là ! Merci Olivier !


    En boutade, regardez donc là-dessous l'un des repas du fiston... Il ne va pas loin avec une telle assiette, pourtant croyez- moi, il se régale avec ces graines et du pain.  Ouf, au moins, il ne s'enferme pas dans des principes « traditionnels » !

                             

     


    4 commentaires
  • Quelques plats. 


      - Blanquette de veau évoquée lors de la dernière chronique... J'ai même acheté un petit pot de crème épaisse pour l'occasion et c'est extrêmement rare chez moi. J'ai plongé mon index dans cette texture lisse et froide en me remémorant nos léchages post courses avec ma mère quand nous mangions les pots entiers dans l'après- midi (pareil avec la chair crue des saucisses blanches). Désormais, à la maison, il n'y a que moi qui m lèche les doigts, qui rogne les os... et cela m'attriste. Comment les enfants peuvent- ils passer à côté de tel plaisir sous prétexte de « propreté » assénée en bonne moralité?  Pfff rasoir... Toujours est- il que la blanquette a été fameuse et est partie en un seul repas. Mince ! Je croyais en avoir préparé pour deux repas au moins.  Je n'ai nullement précisé ce qu'il y avait dedans parce la liste des ingrédients était loin d'être conventionnelle, comme d'hab.


    - Pour la dernière marmite de colombo, je n'avais pas trouvé de cristophines. J'ai simplement mélangé des patates douces de couleurs différentes. J'aime quand ces légumes fondent dans la sauce nappant généreusement la viande. Le sachet d'épices à colombo arrive vers sa fin, je vais m'atteler à la tâche d'en retrouver en parcourant quelques uns des magasins plus lointains, à l'occasion. Ce serait dommage de m'en priver.


    - Courgettes farcies de pleine saison en beau gratin. Les astuces de ma voisine avec le piment et ses préparations à la turque relèvent les plats plus traditionnels. Ainsi, j'ai découvert le mariage particulièrement heureux de la courgette et du piment de Cayenne. Le piment d'Espelette me poursuit depuis quelques semaines,, j'ai l'intention de me pencher sur la question, il est parfumé et fin, ça devrait offrir des possibilités intéressantes.

     


    - Elles m'intriguaient depuis des années et je les ai finalement achetées sur un coup de tête. Je les ai préparées avec des petits pois surgelés à la poêle et leur odeur a dégouté SeN: «  Tu ne vas pas manger ça quand même ? » s'exclama t-il en découvrant les andouillettes dans mon assiette. Ben si et pi même que je les ai supporté parfaitement. C'est vrai que c'est spécial et n'en mangerai pas souvent. Au moins, je connais maintenant. 




    -Ah les moules frites !!! C'est un leitmotiv qui fait le bonheur de mon garçon ! Ben oui, quoi, il aime les fruits de mer... Avec notre nouvelle friteuse, c'est en plus la fête puisqu'il apprécie en prime préparer les frites lui- même. Entre moules marinières et moules farcies, nous nous régalons.

     Quelques semaines plus tard, la deuxième partie du sachet de moules congelées a terminé entre tomates et piments dans une préparation plus estivale. Revenues dans la poêle avec ail et oignon, une boite de pulpe de tomate pardessus, quelques épices et fini. Pourquoi faire compliqué quand je suis fatiguée ?


    - Curry de poisson... pourquoi rester cantonné aux viandes blanches ? Certains poissons blancs sans grande saveur s'y prêtent facilement surtout ceux qui tombent en miette à peine posés dans la casserole. Plat express par excellence, héhé.


    - Risotto safrané aux fruits de mer et aux courgettes. Pour la première fois, j'ai utilisé du safran et non du curcuma! Mon fils s'étonnait de son prix et de son origine, je lui devais de le lui faire goûter. Ces plats de riz offrent réellement des possibilités sans fin, ils me permettent en particulier de faire manger des aliments peu coutumiers aux difficiles. Je ruse, je ruse.


    - Merveille des merveilles, admirez cette magnifique terrine à la feta,  aux concombre et courgettes agrémentée de menthe fraîche. Ayant banni depuis belle lurette la gélatine, j'ai ENFIN pu profiter des qualités de l'agar- agar, algue idéale pour remplacer la mixture douteuse à base d'os de je-ne-sais-quel animal.

    Très agréable quand il fait chaud, je suis partante pour renouveler allègrement l'expérience avec une belle salade de tomates.  


    - Quand je suis seule ou pendant ces journées passées à lambiner, je ne me casse pas la tête avec la cuisine. Je me prépare des assiettes au hasard des placards revenant inévitablement vers les produits très simples ou des grandes casseroles où chacun pioche à l'envi :

    Œuf au plat, sardines ou poissons en boite parfois réchauffés à la poêle, jambons sec ou blanc,  avec boulgour, couscous au chanvre, haricots verts, blancs, rouges, salades en mélange, courgettes, poivrons rouges, poêlée, riz, poissons panés occasionnels avec brocolis et pommes de terre pour le fiston.


    - L'un de mes plaisirs exclusifs est le foie de veau. Je le cuis encore congelé pour le supporter et je savoure grandement cette chair tendre et fine avec des oignons revenus à la poêle.  J'achète une boite d'un kilo de tranches pour l'année parce que même celui acheté l'heure d'avant à la boucherie passe mal. Avant de trouver ce fournisseur, je m'en privais et quand je cédais, je le digérais pendant des heures, voire des jours ce qui gâchait mon plaisir. A tester, j'ai trouvé une solution.


    - Plats sans protéines animales réguliers logiquement.

    Je fais la joie du fiston avec du houmous, des pitas et des salades. Si en plus il macère un ou deux jours, c'est encore meilleur, parfumé d'ail et de citron. Dans la foulée, j'ai préparé un repas libanais entier après avoir emprunté un livre de recette à la Médiathèque. J'ai été surprise de constater que je connaissais la majorité des recettes grâce à ma voisine turque. Je me suis amusée à préparer un taboulé vrai de vrai, une soupe aux épinards et aux pois chiches. Le cumin semble gagner ses lettres de noblesse dans mes expériences culinaires.


             



    Mélange de riz et lentilles ou encore la purée de lentille corail prête en 15 minutes délicieuse avec du riz et des légumes.


                                                                         


    - Ma voisine m'a offert une portion de mouton fraîchement tué en remerciement de l'utilisation du hachoir. J'ai fait des feuilles de bricks farcies. Pourtant, elles  avaient du mal à passer. Le goût trop prononcé ou le récit d'avoir trouvé un agneau dans le ventre de la brebis tuée ?... Soupirs... Quand il s'agit de réaliser la mort d'un animal pour se nourrir, c'est loin d'être facile, surtout dans ces circonstances. 

    A côté de cela, je n'ai pas eu du tout le même souci avec les animaux commandés dans une ferme voisine (je veux consommer LOCAL ). Quand fiston a vu les sachets de viande, il a eu une pensée pour ces pauvres bêtes fraîchement tuées... Un lapin courant dans la cour l'avait ramené à l'animal vivant tué pour être mangé. Plus d'un serait végétarien s'il devait abattre et dépecer lui- même les bêtes qu'il avait élevées et choyées. Vaste sujet qui mérite plus qu'une simple anecdote ponctuelle (pensée pour Pierre Rabhi).


    - Mon fils a fait la cuisine plus souvent ces derniers temps avec les vacances. Il se réserve la préparation des frites en exclusivité pour qui en veut et il a également cuit une grosse marmite de tortellinis. A son âge, il est pris de fringale et je préfère qu'il se prépare quelque chose de simple plutôt que de se ruer sur les sucreries et autres cochonneries. 

    Ma théorie est que si en sortant de table nous commençons à chercher quelques gadgets alimentaires, c'est qu'il a manqué quelque chose pendant le repas. Si la fringale prend en pleine après midi, matinée, soirée ou nuit, autant se faire une assiette en place des grignotages salés ou sucrés. C'est une habitude chez de nombreux peuples, slaves ou méditerranéens : manger quand on a faim et non parce que c'est l'heure.

     


    D'autres surprises demain.


    3 commentaires
  • La chronique miam miam était pensée mensuelle, je remarque benoitement que je ne respecte aucunement ce délai. Bah, la vie réelle est pleine de péripéties à ma lenteur et je fais finalement selon mes envies instantanées... comme en cuisine. Un art de vivre, je vous l'dis ! Bon, pour certains, c'est un bazar innommable, je n'en reste pas moins bienheureuse de profiter pleinement de l'instant  et de ses multiples surprises. Batifolons ensemble d'une assiette à l'autre dans ce champ de découverte et d'invention qu'est ma cuisine. Je lâche la déferlante des deux derniers mois... heu, trois ?  En épisodes parce que sinon, c'est très très long.


    Les soupes


    J'y reviens systématiquement dès que la température est en dessous de 15/20°, c'est plus fort que moi. Excellent baromètre de ma sensibilité aux températures.


    - Soupe de restes dont j'ai oublié les compositions tant elles sont hasardeuses. J'y ai mis des vermicelles de carottes : j'en fais également avec du céleri quand les salades ne sont pas mangées, que j'ai froid et que je n'ai pas envie des sempiternelles vermicelles de blé dans le bouillon. Je les jette en fin de cuisson, elles restent croquantes et c'est goûteux.



    - Minestrone express à partir d'un sachet de légumes prêts à l'emploi simplement coupés et mélangés. Même pas besoin de mixer, un peu d'huile pour faire revenir la moitié du sachet,  de l'eau, un bouillon, quelques épices  et c'est tout. Slurp.


     

     

     


    Les légumes.


    - J'ai profité pleinement des asperges en pleine saison. J'aime décidément ces légumes et ne peux me satisfaire des conserves ou surgelés en pareil cas. Je fais donc chaque année ma cure intensive avec d'autant plus de plaisir que je suis la seule à les manger dans la maisonnée. Ce n'est pas souvent que je peux me targuer de garder un aliment uniquement pour moi... d'ailleurs, je précise à ce propos que je songe de plus en plus souvent à acheter des produits dont je suis seule friande afin de ne plus me retrouver avec les emballages vides quand j'ai envie d'en manger, non mais !


    Pareillement aux asperges, je gloutonne seule les cottes de blettes cuisinant les feuilles en soupe, les tiges sautée à la poêle,  les betteraves crues râpées avec de l'huile de noix, du vinaigre de vin vieilli en fût de chêne (c'est ACIDE, normal) des carottes râpées, des oignons frais et des graines de lin doré. Accessible en toute saison, la betterave est extra tout fraîche ; dommage qu'elle ne pousse pas dans le jardin (pitoyable cette année), sniff.


    - Les températures montent et je retourne vers les salades en mélange improvisé selon les fonds de placard et frigo. Mon garçon a été enchanté de retrouver de belles salades de riz. A 12 ans, il est particulièrement vorace et comme le dit ma sœur «  C'est que ça bouffe un doberman », au moins le riz lui tient au ventre. Quand je n'ai pas envie de me prendre la tête, je mets tout ce que je trouve sur la table et chacun picore en élaborant son assiette à sa guise. Au moins, il n'y a pas de scène entre bougons et grognons.


    - Le concombre est devenu fastidieux à préparer car j'ai habitué nos palais à ce qu'il soit dégorgé et mariné dans du citron avec une sauce au yaourt, à l'ail et à l'aneth. J'avais trouvé cette recette grecque sous l'appellation tsatsiki, depuis, s'il n'est pas au moins dégorgé, nous ne le consommons plus. Pas facile la vie d'artiste, j'voul'dis. M'enfin, ça vaut vraiment le coup. Servi avec d'autres salades ou du pain, c'est très agréable. Quelques feuilles de menthe effilée et c'est extra en été... tout comme la terrine à venir plus loin.


    - L'artichaut est également un légume que je mange avec délectation. Mon fiston en est friand même si sa dégustation est fastidieuse. Nous nous partageons les feuilles ou les cœurs selon les circonstances et à chaque artichaut, il réclame la vinaigrette telle que je la fais.

     Je suis assez fière d'avoir converti ce lascar à mes huiles première pression à froid en mélange variés. Au moins, elles ont du goût pas comme les bas de gamme vendues en pagaille, je ne pourrai décidément plus y revenir. Manger des produits avec du goût et des saveurs, des odeurs ne facilite guère la satisfaction avec des produits tout prêts, industriels, fades et saturés. Il m'arrive d'en goûter en les voyant si beaux et pi, finalement, je suis déçue. Je retourne avec joie vers mes plats rustiques et simples.


    - En variation des feuilles de bricks, j'ai fait des roulés aux herbes cueillies au hasard : oseille, ortie et lierre du jardin... Je n'ai rien dit du contenu, certains auraient eu trop peur de les manger. Avec du fromage type chèvre ou féta, ça passe sans souci.


    - Il me restait un peu de pommes de terre, un peu de chou- fleur, sûrement pas assez pour satisfaire les palais de la maisonnée. J'ai écrasé et brassé le tout avec de l'œuf pour confectionner des galettes grillées à la poêle, quelques accompagnement et personne n'eut l'impression de manger les restes de la veille.


    - Chou chinois avec parcimonie. Il se mange cru ou sauté à la poêle, très simplement. Contrairement aux autres choux locaux, il n'est pas nécessaire de le blanchir avant de le préparer. Je le consomme rarement, fuyant ces produits venus de loin ou de zones à culture ultra intensive comme l'Espagne. Comment pourrais- je ne pas réagir devant l'absurdité de nos modes de production ? je fais ce que je peux à mon échelle.




    - Avec l'été, je retrouve des légumes de saison appréciés sous le soleil tels que l'aubergine. Tombant souvent en purée dans la casserole ou dans les gratins, j'ai découvert leur cuisson au four par ma voisine : lavées et entaillées, elles sont posées simplement dans un plat et cuisent ainsi doucement dans leur peau. Assaisonnées selon les préférences, elles ne bougent pas et il est possible de les farcir à mi- cuisson. C'est vraiment chouette, très pratique.

     


    Suite demain


    3 commentaires
  •  Et cela faisait plus d'une heure que je tournais dans le lit avant de finalement me lever, agacée.

    Il y a des périodes où je ne dors pas. Bien que cela me fatigue au plus haut point, je constate malheureusement que quand je suis préoccupée, je ne dors pas.   Il est évident que mes levers à pipi urgents en pleine nuit ne facilitent pas le sommeil surtout quand le quotidien est en phase de changement. Je me demande souvent comment je tiens ensuite la journée.

    Avant la maladie et les traitements permanents, j'ai passé des années à ne dormir que 5h en nuit entrecoupée parce que j'étais seule face à la multitude des tâches quotidiennes, entre le travail, le garçon petit dormeur, la difficulté à joindre les deux bouts matériellement, les études et/ ou la recherche d'un emploi, d'un logement, de tel ou tel appareil ménager ou mobilier, des affaires judiciaires interminables, des questionnements relationnels flous, l'attitude d'autres incapables d'être au clair avec moi (et ça, ça m'a minée à un point que je ne saurais décrire !)... Bref, j'en ai fait des nuits trop courtes et non reposantes.  Avec le recul et la psychanalyse, j'en suis arrivée à me dire que la virulence de la maladie  n'a été que le reflet du ras-le- bol généralisé qui habitait et mon corps et mon inconscient. A force de se croire tout- puissant, mon mental a complètement court- circuité mon organisme et le cri toujours ignoré m'a clouée sur place : « Maintenant, tu ne te préoccupes plus de l'extérieur, tu t'assois, tu regardes à l'intérieur et tu réfléchis en conscience ! » Ben oui ma vieille, autant tu croyais tout contrôler, autant la baffe a été violente. Lâcher prise total par la force des événements et le refus du corps à répondre à mes ordres.

    J'ai donc fait le grand ménage interne ; inévitablement, les répercussions portent sur l'externe. Si certaines blessures inflammées (comme peuvent l'être ma moelle épinière et mes nerfs optiques, et oui) semblent s'être apaisées, je suis en plein bouleversement. Ma recherche de logement adapté m'a confrontée à la dure réalité de l'incompréhension et de la faiblesse sociale en raison d'un choix de vie humain et non financier.  Certains choix que je pensais porteurs d'avenir sont devenus des boulets, je chemine également sur la voie du deuil vis-à- vis de certains rêves du passé. Evidement, je me sens bien à l'intérieur comme je n'en ai pas souvenir ; évidement, j'ai confiance en la vie ; évidement je vis au jour le jour acceptant les circonstances et nourrissant mon être à la source...

    Alors, pourquoi maintenant je ne dors pas ?


    Vessie capricieuse s'exprime quotidiennement, elle me rappelle constamment à l'ordre bien que je ne sache pas systématiquement ce qu'elle exprime ; d'ailleurs, il lui arrive de ne parler de rien.  Le traitement de fond lui- même provoque des impériosités, une atteinte médullaire a inévitablement des répercussions sur le système urinaire très complexe et sensible. Je suis vernie.

    L'urgence voire l'imminence d'un déménagement occupe mes pensées parce que je remballe tout un pan de ma vie, je trie et range désormais sur le plan matériel. Des projets inaboutis, avortés me reviennent en pleine figure et ce n'est pas anodin.

    Vivre en permanence dans un décor obsolète avec certains qui refusent, nient et fuient les changements opérés en mon interne n'est  aisé pour aucun.

    En pleine phase de reconstruction après une monumentale tempête, je tourne une page avec les deuils que cela nécessite.


    En écrivant cette dernière phrase, une pensée me traverse l'esprit :

    Après la nuit, l'aube pointe les premières lumières du jour et c'est à ces heures entre deux que je ne dors pas.


    Si mon corps a quelque chose à dire, n'est- ce pas parce qu'il est désormais en symbiose avec l'univers ?  Comme ma vue qui revient lentement permettant  l'élargissement de mon champs de vision et des possibles, je crois avoir compris là ce qu'il se joue.


    La vie est trop parfaite pour nous remplir de contrariétés, ce nom ne voile que ce foutu mental qui cherche à tout contrôler. Accepter que ce non- sommeil est en fait à l'image du ici et maintenant. Accepter qu'une nouvelle page s'ouvre à moi dans l'écriture de mon être. Lâcher prise. Forcément, logiquement. Face à de telles évidences vertigineuses, il me semble normal d'être anxieuse. Accomplir un tel chemin, tout bouleverser, c'est loin d'être une voie tranquille et confortable. Je ne veux pas gâcher la tâche effectuée d'autant qu'il reste une longue route à parcourir et je ne suis qu'un être humain. Accepter aussi mes peurs, mes doutes, ces travers du passé qui désormais connus et contenus n'en finissent pourtant pas de faire partie de moi.  


    Il est maintenant 6h passées, je ne dors pas. Plus de deux heures  de trou dans le sommeil. Je retournerai au lit tout à l'heure avec l'espoir de rattraper ce manque physique. J'ai du pain sur la planche pour la journée, des trucs qui trainent et me préoccupent outre mesure, il est plus que temps de m'y atteler. Petit à petit, lentement, j'avance.


    Le hasard n'existe pas, nous sommes acteurs de nos vies, le tout est d'arriver à ouvrir nos yeux sur soi- même afin de ne pas rester prisonniers de schémas inconscients malsains. Nous ne cessons jamais d'apprendre, je suis en phase d'acceptation de mes faiblesses, de mon humanité. J'en ai fini avec le mythe de la toute puissance.  


    Tiens, j'ai faim.


    1 commentaire
  • 2006 : je fais le mur de l'hôpital pour voir Dépêche Mode et m'éclate comme une folle toute la soirée sur mon fauteuil en cachant la perf sous ma manche.

    2007 : je suis furieuse de louper les Rita Mitsouko, coincée que je suis par mon incapacité à conduire. Je suis une saleté de rancunière, je vous le dis !

    2008 : j'embarque ma copine Babeth et sa fille  avec le fiston pour y voir Camille et  tous les autres. Je suis une des premières à m'adresser à l'association pour les aveugles et mal- voyants profitant ainsi des accès et d'une chaise sur les plates- formes armée des jumelles. Je ne passe pas inaperçue avec mon attitude et mon répondant.( Lisez aussi le commentaire de la responsable du stand !)

    2009  n'est pas en reste, loin s'en faut.

    Il est vrai que j’aurais voulu voir The Prodigy mais Tricky et Olivia Ruiz ont fait la différence d’autant que j’espérais réellement  voir cette dernière  avec Noémie et sa troupe, eux aussi sur le site ce samedi. Je me décidai donc pour le samedi en place du vendredi. Fiston était de la partie jusqu’à la veille puis il me fit faux bond, ce jeunot ne tient pas la route avec moi, hihi. Heureusement, SeN a pu revendre la place sans que je perdisse  de l’argent (Il avait hésité longtemps puis avait fini par venir, m’y conduisant du même coup). Nous n’avions pas le même programme et bien qu’à mon grand regret, je ne pus trouver Noémie, je passai une très agréable soirée en bonne compagnie de parfaits inconnus comme une reine. Et oui.

    Je suis ainsi arrivée sans m'être annoncée le moins du monde, sur mes deux faibles jambes avec les jumelles et mon sac à dos entre le panier repas et les vêtements de rechange en cas de fuite pipi, le programme de la soirée en main.

    A côté du chapiteau, je cherchai le stand de l'association de l'an passé en vain; nous la trouvâmes de l'autre côté et je me présentai à peine honteuse de n'avoir écrit qu'un courriel trop tardif la veille. J'expliquai mon parcours des dernières expéditions au stand et au responsable: « Pourrais-je accéder aux plates-formes et avoir une chaise comme l'an passé parce que je n'ai pas loué de fauteuil cette fois-ci ? » Je montrai ma carte d'invalidité inondée et grignotée par le cochon d'inde (une loque... La carte, pas le cochon d'Inde !!) à leur demande puisqu'effectivement, aucun des handicaps n'est visible. Un coin orange pointant son nez, ils acquiescèrent immédiatement. En moins de deux un fauteuil était près de moi et ils étudiaient mon programme d'une scène à l'autre.

    Secouée par la traversée du champ- parking (les gendarmes nous avaient refusé de passer par la route, non mais, j'vous jure !), je ne voulus pas m'installer dans le fauteuil, ma vessie ne l'aurait pas supporté, proposant de traverser la place à pied pour accéder à la première scène avec leur soutien. Pourtant, avant de partir, ils discutaient de quelques derniers arrangements quand mon regard se posa sur une espèce d'appareil exposé devant le stand. « Qu'est- ce que c'est ce truc ? » demandai- je inévitablement avec ma curiosité habituelle. C'était une espèce de pousse- pousse tout terrain adapté aux personnes à mobilité réduite. « Je préférerai ça au fauteuil, c'est possible ? ».  Ni une ni deux, j'étais dedans avec trois personnes pour prendre soin de moi et de mes affaires, le luxe ! Pas de secousse, pas de fatigue à piétiner ou craindre de tomber dans la foule, pas de sac qui encombre l'espace. Olala, qu'est- ce que j'ai pensé à ma chère Valérie !!!:

     L'année prochaine si l'idée des concerts te tente, tu viendras avec moi, c'est le paradis d'être choyée de la sorte et nous profitons pleinement du spectacle, je t'assure !

    Toute l'équipe fut chaleureuse, flexible, disponible. J'ai devisé à la moindre occasion, partageant mes jumelles pour le plaisir de tous. Je n'ai pas pu retenir tous les noms, Arnaud, Philippe, Patricia (qui ressemble tant à ma mère dans sa jeunesse) et j'en passe, ont été extra avec tous ceux qui ont fait appel à eux aveugles, mal voyants ou handicapés moteurs.  Alors, chapeau et merci à tous !


    Bon, il reste que le pousse-pousse est encombrant à installer et désinstaller sur les plates- formes, que les toilettes pour handicapés sont décidément trop sales (ben oui, n'oublions pas que beaucoup sont contraints de s'asseoir malgré tout). J'en garderai néanmoins un très bon souvenir, gâtée que je fus avec ces déplacements sécurisés, confortables et reposants, le petit coin repos tranquille à l'arrière et les accès privilégiés.

    Dans des conditions pareilles, je n'ai aucun souci à payer plein pot mon billet.

    Quant à mon programme, en voici la teneur. Forcément, les déplacements entravent les arrivées ou départs et je n'ai pas souvenir d'avoir vu le début d'aucun des concerts.  Ma foi, c'est le jeu des festivals également.

    Peter Bjorn et John.

     Décor épuré au maximum et la tenue du chanteur complètement décalée par rapport à la musique. Etranges ces gesticulations d'un petit grassouillet dans un jean et une chemise à rayures bleues comme en portent les jeunes gens proprets. Il avait tellement chaud et suait sans toutefois remonter ses manches ou ouvrir voire enlever sa chemise.

    Sur cette première plate-forme, je m'étonnai des attentions portées sur ma petite personne par toute l'équipe. Je n'en revenais pas d'être si choyée et bien que plongés dans leurs préoccupations organisationnelles, je les sentis ravis de me trouver si heureuse de ce traitement. Ils m'expliquèrent que j'étais la première à essayer cet appareil sur le site des Eurock. Je n'en étais pas peu fière, pleinement à la preuve qu'avec de l'organisation et de la cohérence, la vie des handicapés est toute aussi belle que celle de n'importe qui. Un journaliste qui était là me prit en photo et me lança « Vous allez devenir une star » ; Je ris de bon cœur évoquant mon appareil médiocre pour les photos de mon blog, il me donna sa carte me promettant de m'envoyant ses photos par courriel. Enchantée, forcément, je pensai vous les montrer avec fierté et pi... devinez ? J'ai paumé la carte !!!!!!!! C'est malin.  En plus, je ne sais même pas pour quel journal il travaille.

    Tant pis, je l'ai embrassé chaleureusement pour la circonstance et ce petit échange fugace vaut toutes les photos.

    The Astéroïdes Galaxy Tour

     

     Super concert ! En arrivant, la voix de la chanteuse m'évoqua Björk. Elle était rigolote dans sa petite jupette par-dessus un short, elle gesticulait sans cesse, dansante et sautillante avec entrain et joie. Les musiciens étaient nombreux et improbables : guitare, batterie, flûte, saxophone, cymbales... Musique gaie et influencée de sons venus de partout. Un concert empli de joie de vivre que j'ai beaucoup apprécié.

     

    Tricky.

     


     

    Je ne voulais le rater sous aucun prétexte parce que j'aime énormément ce qu'il fait. Une espèce d'ovni dans la musique actuelle, mystérieux et atypique. Torse nu sur scène, en apparition et disparition inattendues, il chanta parfois, laissa la place à la chanteuse en d'autres circonstances, se glissa dans la foule, derrière les musiciens. Autant elle resta droite et renfermée sur elle- même, autant lui se contorsionnait et se secouait dans une espèce de transe. Il fait corps, fusionne avec sa musique étrange, complètement imprévisible.

    Je fus malheureusement contrariée par ma vessie capricieuse, à mon grand dam. Déplacer le pousse- pousse, trouver les premières toilettes utilisables, et je loupai toute la dernière partie du concert, fâchée et frustrée. Grrr

     

    Olivia Ruiz

     


    Sur la grande scène, je continuai avec elle dans un concert déjanté et électrique ; elle était survoltée, bondissante, joueuse et cabotine, extrêmement généreuse, vouée à son public. Très espagnole dans sa gestuelle, elle enchanta les cœurs. Elle ne manqua pas de mettre en avant ses musiciens et en invité « surprise » (il est souvent de la partie), elle chanta en duo avec Mathias Malzieu, le chanteur de Dionysos, son compagnon de vie et d'aventure musicale, un fou lui aussi.

     

     

     

    Nous nous régalions du spectacle quand tout à coup, apparut une tête connue parmi nous. Vous le voyez là sur la photo ?


    Ben oui, Mathias Malzieu est venu sur la plate- forme regarder le spectacle d'Olivia Ruiz et nous saluer ; je souris en pensant à Noémie qui n'arrivait pas, grande fan de ce chanteur. N'ayant rien sous la main, je m'en voulais presque de ne pouvoir obtenir un autographe pour elle. Quelques signatures, quelques photos, je ne voulais rien demander, seulement le prendre de loin ; il a le droit d'être tranquille. Comme je n'arrivai pas à faire une photo correcte, Arnaud, un des  accompagnateurs lui demanda de venir et il fit cette prise. Je lui parlai de Noémie en cet instant, elle était avec moi de tout mon être.


    Décidément, je n'arrête pas de rencontrer des gens connus ces derniers jours...

     Après Olivia Ruiz, les circonstances m'ont empêchée de voir Nneka, chanteuse nigériane. Tant pis, c'était trop juste .J'ai fait un saut chez Peter Doherty, sans comprendre l'enthousiasme qu'il provoque. Tout seul sur scène avec sa guitare son chapeau rivé sur la tête... bof. Je n'accroche pas.

     Kanye West

     

    Là, je suis venue par simple curiosité, je ne suis pas adepte de ce genre de musique. Un écho parlait de spectacle grandiose et je voulais me faire mon opinion. Bon, comment dire ? C'était très américain avec show laser partant ou allant vers lui. En tenue sombre, il avait la gestuelle habituelle de ces chanteurs et ne se déridait pas d'un poil « Aussi aimable qu'une porte de prison » dis- je à un aveugle placé près de moi ravi que quelqu'un lui décrivît la scène ; une estrade surélevée sur la scène où il s'agitait , main à l'entrejambe presque en permanence, des femmes quasiment nues à ses pieds ou autour de lui... je n'ai pas vraiment accroché et le musique me soula légèrement. N'ayant plus mon pousse- pousse et déconnectée de mon programme, j'ai loupé les Passion Pit qui m'auraient certainement plus plu. Au moins, j'aurais vu une foule en délire répondre à des phrases dont je me demandai si ceux qui lui répondaient comprenaient ce qu'il leur disait (raise up your motherfuckers' hands) ... tu parles d'un gout.... mais là, je fais ma bêcheuse)

    Yüksek.

      

     
     

    Je me suis fait plaisir ! J'adore danser et les déplacements en pousse- pousse avaient permis que je ne me fatiguasse pas outre mesure. Seule, j'avais montré ma carte pour accéder aux plates- formes. Assise sur une barre au concert précédent, je m'accrochai à la rambarde pour ce dernier en final. Et j'ai sautillé, gesticulé comme une folle... enfin, comme moi, hihi. Je me tenais parce que mes jambes me jouent parfois des tours et s'emmêlent, je ne voulais pas gâcher mon plaisir. J'en ai profité pleinement et j'étais enchantée de ma soirée.

    C'est sûr, je reviendrai avec Valérie, Noémie, qui le voudra, si ça vous dit. Peut être même que je resterai dormir au camping... A voir. Je suis partante pour l'aventure ! Une folle, je vous l'dis ... et ce n'est pas nouveau.

     ps: le lendemain, je ne voulais que du SILENCE.. logique


    1 commentaire
  • Les années passées sur les bancs d'université ont inscrit des réflexes rapidement mobilisés dans de telles circonstances : c'était plus fort que moi, je n'ai pu m'empêcher d'inscrire à l'arrière de mon agenda ce qui me semblait important. En plus, j'ai pensé que ce serait une bonne idée d'en faire un article afin de partager cette réflexion trop peu connue du grand public. Voici donc mon petit rapport de conférence tout personnel


    Il s'agit de concilier l'histoire humaine et la nature ou plutôt de la REconcilier. Actuellement, il y a une véritable crise spirituelle parce quye nous ne sommes plus inspirés par la vie. Il est temps de dépasser le langage élémentaire (emploi, croissance, etc.). Le monde est une entité reliée, tout est un et nous avons à aller vers quelque chose de plus élevé. Nous avons la chance de vivre sur une planète vivante, la seule peut être dans l'immensité de l'univers, c'est un don extraordinaire dont nous n'avons pas la vision parce que notre conscience n'est pas assez élevée. Nous avons besoin d'être dans une conscience profonde de cette unité alors que l'homme a tout fragmenté avec des barricades, des frontières parce qu'il porte une peur, celle de l'insécurité ce qui logiquement entraine la quête éperdue de sécurité par le pouvoir, l'argent, la possession.

    L'écologie est un état d'esprit entier par rapport à l'univers dont l'homme fait partie pour créer une symphonie. Or l'impact de l'humanité a généré des déséquilibres. Déjà en 1949, était publié La planète au pillage d'Osborn,  annonçant tout ce dont nous sommes témoins actuellement. En 1961, Le printemps silencieux de Rachel Carson démontrait déjà la perversité de l'utilisation des pesticides (silencieux parce qu'il n'y a plus d'oiseau).

    Qui a lu ces livres ?

    Le paradigme technologique a donné des moyens considérables  à l'impact de l'humanité sur l'environnement et l'homme en est grisé, enfermé dans le matérialisme. Il est déconnecté, ne fonctionne plus que par le mental ; il n'écoute plus ni ses intuitions ni ses sens, il est devenu rigide quand la nature, notre nature est faite de souplesse et d'adaptation.

     

    Autrefois, la nature régulait parce toutes les civilisations étaient fondées sur l'agriculture. A partir des XVIIe-  XVIIIe siècles et l'apparition de la notion de raison, l'humanité est passée brutalement d'un paradigme à l'autre et nous sommes encore sous ce choc.

    L'homme cherche au cœur de la terre les métaux, le pétrole, le gaz pour entretenir la mécanisation par l'explosion et la combustion lui conférant ainsi une très grande efficacité. Nous sommes passés du cheval animal au cheval mécanique. Celui- ci  grise nos esprits parce que notre conscience n'a pas évolué au même rythme pendant que nous nous retrouvons avec des outils efficaces comme jamais dans notre histoire.

     

    Nous nous prétendons rationnels. Cependant, nous utilisons une tonne de voiture pour déplacer 60 kilos de personne, l'espace se disperse entre l'habitation, l'école, le travail, le ravitaillement, nous sommes devenus complètement dépendants du pétrole et de l'électricité dans une société où la voiture est indispensable. C'est complètement irrationnel car dans le principe même, ce fonctionnement n'est ni fiable ni pérennisable. Nous sommes dans des aberrations, des contradictions totales.

    Les bases de nos sociétés industrielles sont l'inventivité, le capital, la force de travail et le Tiers Monde. Ce dernier est spolié, exploité avec ce constat effrayant : les 4/5 des ressources de la planète sont utilisées par 1/5 de l'humanité.

    Actuellement, le seul objectif est de produire de l'argent, tout est basé sur la seule finance. L'argent en soi n'est pas néfaste, il apporte un bien- être supplémentaire, il dynamise les échanges. L'aberration est que désormais l'argent ne sert plus qu'à produire de l'argent et le problème nait de ce capitalisme. Tout est détraqué et nous nous retrouvons dans l'anthropophagie par la compétivité et ne nous n'allons qu'à la violence, la multiplication des frontières, l'entretien de relations armées. Un Barack Obama par exemple laisse présager un humanisme en gestation, il semble être non plus dans l'affrontement mais dans une politique de la main tendue ( à suivre).

     

    Il s'agit désormais de revoir toute la sémantique en général, l'économie n'est pas l'argent par exemple, la carrière n'est pas la vie. Et que dire de la tragédie de la subordination de la femme dans l'humanité !? Il est urgent de sortir de la politique de la domination.

    Le temps n'est pas de l'argent, c'est du temps humain, un temps donné à chacun d'entre nous pour évoluer entre notre naissance et notre mort. La notion de politique est également à revoir complètement. En écho à L'utopie de Thomas More, il est question de libérer l'esprit de la notion d'impossible parce que  l'utopie n'est pas la chimère. La science elle- même est coupée de son ressenti quand tous les plus grands scientifiques ont ouvert les voies en se fiant à leurs intuitions. Il s'agit de sortir du réalisme, du carcan pour croire en son rêve.

     

    Mettons les moyens financiers au service de la vie et non plus au service de la seule finance, sortons de l'aliénation de l'homme par le travail.

    La notion de qualifications utiles à la société tronque complètement les dés, la philosophie, l'histoire par exemple n'y ont aucune valeur. La société pyramidale instaure le travail en institution et un partage non équitable. Il n'y a pas de problème à ce qu'un dirigeant gagne plus que ces ouvriers, il est question que tous les membres de la société puissent avoir une vie digne quelque soit leur place dans la pyramide et non l'accumulation uniquement pour certains.

     

    Il n'est nullement question d'économie dans le système actuel parce qu'où il y a déchets, il y a une société dispendieuse et non une économie. La généralisation des incarnations dans des lieux fermés engendre l'aliénation, la multiplication des rebus matériels et pire encore, des rebus sociaux. Si on regarde la France, les aides de l'Etat ne sont que du secourisme social, aucun de ces aidés n'a les moyens d'assurer son existence. Imaginons que toutes les aides soient supprimées, que toutes les associations caritatives ferment, que reste t-il ? Une grande misère et cette incapacité à assurer son existence. Il est nécessaire que chacun devienne un acteur social et pour cela, l'homme doit être remis au cœur de la société. Toutes ces souffrances liées à l'indigence n'engendrent de toute façon que la révolte, inévitablement.

     

    Par ailleurs, une énorme crise alimentaire se prépare en raison de l'érosion des sols, les terres capables de nous nourrir se réduisent de plus en plus, l'air et l'eau sont pollués, 60% de la biodiversité domestique a disparu, le nombre des paysans ne cesse de se réduire dans une société urbanisée. La politique agricole file dans des impasses telles que les OGM, la chimie des engrais, les hybrides entrainant la stérilité des cultures et des grains, soumettant les paysans à la merci des grandes industries chimiques. Les marchés économiques sont générateurs de différences criantes. Aujourd'hui, le stock alimentaire mondial est très limité, moins d'un mois. Il n'y a de productions que pour des personnes solvables puisque tout est basé uniquement sur l'argent et les dominations se pérennisent par l'argent. S'y ajoutent les changements climatiques. La sécurité et la salubrité alimentaires sont des nécessités car désormais, la production humaine est inappropriée tant dans sa nature que sa qualité.

     

    Face à cette consommation inéquitable, s'oppose la sobriété heureuse. La seule question que nous avons à nous poser est :

    « Qu'est- ce que j'ai coûté à la vie ? »

    L'argent remplace la vie dans le système actuel, la richesse n'est basée que sur les PNB, PIB, nous sommes coupés de nos ressources.

    A côté de cela, 2 milliards d'êtres humaines manquent du nécessaire ; il y a urgence à résoudre les problèmes fondamentaux, structurels. L'humanité s'est campé dans l'égoïsme, la cruauté, le manque de générosité, elle est devenue inhumaine provoquant par là un mal être généralisé.

    Le travail a un sens, être un travailleur non ; il s'agit de mettre en avant l'usage et non la valeur économique.

    Comment réorganiser notre société ? En changeant de paradigme, en la fondant sur le bonheur et la joie.

    Nous sommes génocidaires par anticipation dans la docilité alors que l'indignation est nécessaire, une indignation constructive, en gardant le contact avec la communauté humaine.

    Le monde est hostile ; quand l'enfant vient au monde il est ouvert à toutes les possibilités et au fur et à mesure, devant la présentation anxiogène de son environnement, il se ferme et vit dans l'angoisse. Avec l''obligation de travailler pour réussir sa vie, ces agressions incessantes n'entraînent qu' angoisse, mal être et violence.

    Nous prenons le risque de nous cloisonner dans une dictature de l'écologie. Avoir une voiture hybride, une maison éco biologique, manger bio etc. n'empêchent pas d'exploiter son voisin. Cette voie n'est pas une solution.

     

    Nous avons à reconstruire le monde en changeant les modes relationnels, la relation à soi, la relation à l'autre, la relation à la nature, prendre conscience, être au clair, évoluer dans un humanisme actif et éclairé. Dostoïevski a écrit « Et si la beauté pouvait sauver le monde ? », la clef est là : la beauté de la compassion, de la générosité, de l'amour.

     


    Quand il eut fini son exposé, le public resta sans voix et les questions sollicitées mirent du temps à venir parce que sa conception est aboutie, réfléchie. Tout était si limpide que mes questions sur la place des personnes incapables de travailler la terre n'avaient plus lieu d'être. Dans une société fondée sur l'humain, nous n'avons même pas besoin de nous poser cette question. 

    Je l'interrogeai néanmoins sur la viande citant Jean Ziegler ancien rapporteur de l'Onu sur la question de la faim (voir ici  en d'autres circonstances déjà évoqué) : « Si nous devenions tous végétariens, plus personne sur terre n'aurait faim »). Forcément, la réponse était donnée dans les premières secondes : c'est la production industrielle hors sol de la viande à boucherie qui est un non- sens avec des animaux concentrés coupés de la nature et un standardisation dangereuse des espèces ; par ailleurs, multiplier les apports de protéines en consommant aussi des protéines végétales par exemple est une évidence. 

    Ma question a amené une femme à intervenir non pour poser une question mais pour mettre en avant son végétarisme et en prôner les avantages. Le public a décroché devant cet exposé et Pierre Rabhi a simplement expliqué comment lui- même ne pouvait être végétarien, « Restons à l'écoute de notre corps, ce qui est bon pour l'un ne l'est pas un autre. » Forcément.

    Quelqu'un l'interrogea sur la démographie galopante des humains, il expliqua qu'il ne prônait évidemment pas une prolifération sans limite puisque notre terre est limitée. La démographie, dit-il, est à prendre dans un système global où le partage et l'équité sont valeurs fondamentales. L'humanité doit rester dans la mesure de ses ressources. Il en profita pour noter qu'une agriculture écologique n'implique aucune dépense au départ permettant à tous de se nourrir avec des aliments biologiques.

    Une femme exprima sa révolte face aux politiques, « Ne pourrions- nous pas les poursuivre en justice ? Que faire face à une telle corruption du système ? » Pierre Rabhi l'écouta et répondit posément : « Madame, nous avons les politiques que nous méritons » sans colère ni vindication. Il expliqua que là aussi, preuve était faite de la nécessité de refonder la société sur d'autres bases, la politique fonctionnant de paire avec les travers du système actuel.  

    Une autre fit part de son désarroi, de son sentiment d'impuissance, de son isolement, du rejet qu'elle ressentait en raison de ses choix. Pierre Rabhi l'invita a continuer son chemin, à persévérer en fréquentant des lieux où elle trouvera certainement d'autres personnes dans la même démarche. Rappelant son association Colibris, il expliquait que petit à petit, les choses changent grâce à l'action de tous ceux qui se regroupent en réseau.

    Quelques producteurs locaux firent part de leur engagement parfois payé au prix fort. Une femme de l'association organisatrice de la conférence intervint, la voix tremblante d'émotion pour dire l'espoir qu'elle mettait dans la jeunesse et de la nécessité d'informer et former. Les banques solidaires furent évoquées, l'invitation à consommer local maintes fois répétée.

    Quelqu'un demanda ce qu'il pouvait faire à son niveau afin de ne plus contribuer à ce système caduque, Pierre Rabhi donna cette fulgurance : nous avons le devoir de désobéissance !

    Cultiver son potager, quand c'et possible  est un acte de résistance, par exemple. Nous devons nous organiser quotidiennement pour ne plus être dépendants des multinationales contrôlant ce système anthropophage à deux vitesses, entre ceux qui travaillent à la sueur de leur front et ceux qui dépensent le fruit de ce travail.

    Ouvrir les consciences est une nécessité parce qu'il en va bêtement de la survie de notre espèce .


    Le discours de Pierre Rahbi est cohérent, logique, il a réellement fait le tour de la question, étudié toutes les voies possibles ce que j'espère avoir transmis dans ces notes.

    Je lui suis reconnaissante d'exister,

     je lui suis reconnaissante de montrer qu'il est possible de vivre en intelligence ensemble, sur cette planète minuscule dont trop d'hommes se croient les propriétaires,

    je lui suis reconnaissante de tisser des liens entre tous ceux qui s'interrogent sur notre place et se sentent trop souvent désemparés et seuls devant l'immensité de la vanité humaine.

    Cette rencontre n'a fait que me conforter dans des choix humains et essentiels. Je sais que je ne suis pas une folle chimérique, preuve en est faite,  je suis une utopiste à la conscience en marche œuvrant pour la communauté humaine en son ensemble.  Qu'est- ce que je suis fière de moi !

     

    Et vous qui suivez mes réflexions, vous pouvez l'être aussi parce qu 'il faut s'accrocher, hihi.


     


    4 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires